Le procès du cerveau présumé des attaques du 11-Septembre reprend

Une tour de garde est vue à l'extérieur de la clôture du camp 5 de la prison militaire américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, le 26 janvier 2017. (AFP)
Une tour de garde est vue à l'extérieur de la clôture du camp 5 de la prison militaire américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, le 26 janvier 2017. (AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Le procès du cerveau présumé des attaques du 11-Septembre reprend

  • La procédure est menée par un nouveau magistrat militaire, le colonel Matthew McCall, qui est le huitième à s'en emparer
  • Les cinq hommes, emprisonnés depuis 15 ans dans la prison de la base navale américaine de Guantanamo n'avaient plus comparu depuis le début de l'année 2019

BASE AMERICAINE DE GUANTANAMO: Le procès du cerveau présumé du 11-Septembre, Khalid Sheikh Mohammed, et de quatre accusés reprend mardi, mais son issue semble encore bien lointaine, alors que l'Amérique s'apprête à se recueillir, vingt ans après les attaques.


Les cinq hommes, emprisonnés depuis quinze ans dans la prison de la base navale américaine de Guantanamo, au sud-est de Cuba, n'avaient plus comparu depuis le début de l'année 2019, avant que la pandémie de Covid-19 ne mette la procédure à l'arrêt.


Leur procès, qui relève d'une justice militaire d'exception, devrait reprendre comme il s'est arrêté, avec une défense invoquant des actes de tortures, lorsque les accusés étaient aux mains de la CIA, pour faire invalider la plupart des preuves avancées par les autorités américaines.


La procédure est menée par un nouveau magistrat militaire, le colonel Matthew McCall, qui est le huitième à s'en emparer.


L'officier a fait comprendre qu'il ne se précipiterait pas, en décidant que l'audience mardi serait consacrée à ses propres qualifications. Il entend passer le reste de la semaine essentiellement en réunions avec l'accusation et la défense.


Et il pourrait s'écouler encore des mois, voire plus d'une année, avant que le procès n'entre dans sa phase vraiment décisive, au vu des très nombreux recours déposés par les avocats de la défense pour obtenir des pièces.

 

Procès du 11-Septembre à Guantanamo: les accusés

Les cinq hommes sont inculpés de complot, de terrorisme et du meurtre de 2.976 personnes dans les attentats, des chefs passibles de la peine de mort.

Khalid Sheikh Mohammed

Il est considéré comme le cerveau du 11-Septembre. Pakistanais élevé au Koweït, le quinquagénaire aurait suggéré l'idée de faire s'écraser des avions au chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, en 1996.


Diplômé d'une université américaine, il travaillait pour le gouvernement du Qatar au début des années 1990 lorsqu'il a commencé à planifier des attaques avec son neveu Ramzi Yousef, qui a fait exploser une bombe dans le World Trade Center à New York en 1993.


Quand Oussama ben Laden a finalement donné son feu vert au plan du 11-Septembre, c'est Khalid Sheikh Mohammed qui a été mis aux manettes. Il a été capturé à Rawalpindi, au Pakistan, en mars 2003 et emmené par la CIA sur des "sites noirs" en Afghanistan puis en Pologne pour y être interrogé. Il a notamment été soumis 183 fois au "waterboarding" (noyades simulées) en quatre semaines.


En septembre 2006, il a été envoyé à Guantanamo. Un an plus tard, il a déclaré lors d'une audience à huis clos qu'il était responsable non seulement des attentats du 11-Septembre, mais aussi des attentats liés à Al-Qaïda à Bali et au Kenya et du meurtre du journaliste américain Daniel Pearl.

Ramzi Bin al-Shibh

Formé dans un camp d'Al-Qaïda en Afghanistan avec des pirates de l'air du 11-Septembre en 1999, ce Yéménite de 49 ans est devenu membre de la "cellule de Hambourg" qui comprenait le principal pirate de l'air Mohammed Atta. Mais il n'a pas obtenu de visa américain et n'a pas pu prendre part aux attaques. Il a donc aidé à la coordination entre la cellule et Al-Qaïda.


Capturé à Karachi, au Pakistan, le 11 septembre 2002, il a été, au cours des quatre années suivantes, déplacé à plusieurs reprises entre les "sites noirs" de la CIA, subissant interrogatoires et torture. Transféré à Guantanamo en septembre 2006, ses avocats affirment qu'il souffre toujours des effets de la torture.

Walid ben Attash

Originaire du yémen, Walid ben Attash, 43 ans, est qualifié de "lieutenant"  d'Al-Qaïda. Il aurait notamment aidé Khaled Sheikh Mohammed à planifier les attentats du 11-Septembre.


Il s'est rendu en Afghanistan et au Tadjikistan au début des années 1990 pour combattre les Soviétiques et a perdu une partie de sa jambe droite en Afghanistan en 1996.


En 1999, il a dirigé un cours de combat dans un camp d'entraînement d'Al-Qaïda qui comprenait certains pirates de l'air. En amont du 11-Septembre, il a pris des vols sur des compagnies américaines à travers l'Asie du Sud-Est pour en tester la sécurité .


Il a également un frère à Guantanamo, qui n'a pas été inculpé ni directement impliqué dans le complot du 11-Septembre.

Ammar al Baluchi, ou Ali Abdul Aziz Ali

Pakistanais originaire du Koweït, Ammar al Baluchi est le neveu de Khalid Sheikh Mohammed. Il aurait préparé les pirates de l'air, leur aurait appris comment se mouvoir dans la culture occidentale et aurait aidé à planifier les voyages et à transférer de l'argent pour l'opération. Il a été capturé à Rawalpindi (Pakistan) en avril 2003. Interrogé et torturé par la CIA, il est resté détenu par l'agence américaine pendant 40 mois avant d'être livré à Guantanamo. Ses avocats disent qu'il a été projeté à plusieurs reprises contre un mur lors des interrogatoires, ce qui lui a causé d'importantes lésions cérébrales.

Mustafa al Hawsawi

Ce ressortissant saoudien de 53 ans aurait aidé les pirates de l'air du 11-Septembre à organiser leur voyage et à gérer leurs transferts d'argent, en collaboration avec Baluchi. Capturé à Rawalpindi en mars 2003, il a subi de violents interrogatoires de la CIA et a ensuite été détenu sur des "sites noirs" jusqu'à son envoi à Guantanamo en septembre 2006. Ses avocats affirment qu'il a des lésions au rectum en raison de la torture.


L'un des avocats de la défense, James Connell, a même assuré qu'il ne "savait pas" si ce procès irait un jour jusqu'à son terme.


La défense fait valoir que les cinq accusés - Khalid Sheikh Mohammed, Ammar al-Baluchi, Walid bin Attash, Ramzi bin al-Shibh, et Mustafa al Hawsawi - portent encore les séquelles des tortures infligées par la CIA, pendant leur détention dans les prisons secrètes de l'agence de renseignements entre 2002 et 2006.

Torture

Sans compter, selon leurs avocats, l'effet de quinze années d'emprisonnement dans des conditions de grand isolement.


Les cinq hommes, accusés de "meurtre" et d'"actes terroristes", comparaîtront dans une salle d'audience sous haute sécurité, entourée de grillages avec barbelés. Ils risquent la peine de mort.


Face à eux, des familles des 2.976 personnes dont la mort leur est imputée, et des journalistes.


La reprise du procès prend une répercussion toute particulière, peu avant les commémorations des attaques qui, il y a vingt ans, ont frappé les Etats-Unis.


Pour l'accusation, même si les interrogatoires de la CIA devaient être invalidés, une condamnation des cinq hommes ne fait aucun doute.


Les  procureurs assurent que les accusés ont fourni des preuves solides pendant les interrogatoires menés cette fois par le FBI, la police fédérale, en 2007 après leur arrivée à Guantanamo.


Pas crédible, avance la défense, pour qui le FBI a participé aux actes de torture de la CIA et usé lui aussi de techniques d'intimidation, ce qui rend ses interrogatoires tout aussi douteux.


"N'ayez aucune illusion, ces hommes ont été emmenés à Guatanamo pour couvrir des actes de torture", plutôt que d'être présentés à la justice américaine ordinaire, a dit James Connell, qui défend Ammar al-Baluchi.


La défense réclame des montagnes de documents confidentiels que le gouvernement refuse jusqu'ici de livrer, que cela concerne le programme de torture, les conditions de détention à Guantanamo ou la santé des accusés.


Elle veut aussi entendre des dizaines de témoins supplémentaires, en plus des 12 ayant déjà défilé devant la juridiction militaire, notamment deux hommes ayant supervisé le programme d'interrogatoires de la CIA.


Alka Pradhan, une autre avocate de la défense, rejette la responsabilité des longs délais sur le gouvernement américain, rappelant qu'il a fallu six ans pour admettre que le FBI avait participé au programme de torture de la CIA.


"Cette affaire vous épuise", a-t-elle dit. "Ils retiennent des pièces qu'il serait normal de partager dans une procédure" ordinaire.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.