Liberté d’expression, «le combat d'une vie» pour l’équipe de «Charlie»

Le directeur de Charlie Hebdo, Laurent Sourisseau alias Riss, lors de son intervention au procès des attentats de 2015 (Dessin, Benoit PEYRUCQ/AFP).
Le directeur de Charlie Hebdo, Laurent Sourisseau alias Riss, lors de son intervention au procès des attentats de 2015 (Dessin, Benoit PEYRUCQ/AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Liberté d’expression, «le combat d'une vie» pour l’équipe de «Charlie»

  • « Au fond ce qu'on veut, c'est pouvoir dessiner ce qu'on veut, sans subir quoi que ce soit », résume le directeur de l'hebdomadaire Laurent Sourisseau
  • « On croyait toujours avec beaucoup d'optimisme qu'en France on pouvait dessiner ce qu'on voulait, mais autour de nous l'environnement changeait souligne-il

PARIS : Meurtrie mais pas « soumise » : l'équipe de Charlie Hebdo s'est livrée mercredi au procès des attentats de janvier 2015 à un plaidoyer en faveur de la liberté d'expression et contre « le fanatisme religieux », «le combat d'une vie» pour le journal satirique.

« Au fond ce qu'on veut, c'est pouvoir dessiner ce qu'on veut, sans subir quoi que ce soit », résume le directeur de l'hebdomadaire Riss, Laurent Sourisseau de son vrai nom, devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Cinq ans après la tuerie du 7 janvier 2015 qui a décimé la rédaction et grièvement blessé plusieurs de ses membres, la douleur physique demeure et la souffrance psychologique est omniprésente pour ces « survivants ». 

Mais les caricaturistes et journalistes du journal assurent n'avoir rien renié de ce qu'est « l'esprit Charlie ». 

« On vit pour être libre ou on vit pour être un esclave ? Moi je veux vivre libre et pas soumis à l'arbitraire démentiel des fanatiques », déclare Riss d'une voix neutre. 

Blessé à l'épaule droite après avoir reçu une balle de kalachnikov, il a lutté pour retrouver l'usage de son bras et continuer à dessiner. Depuis les attentats, il est suivi en permanence par un garde du corps, comme d'autres figures du journal. 

L'attaque, qui a fait dix morts dans les locaux de Charlie Hebdo, l'a « stupéfait par la violence » mais aussi par le fait qu'elle « arrive à ce moment-là », le climat n'étant pas alors celui de « la menace permanente » selon lui. 

Le journal était devenu la cible des jihadistes en publiant en 2006 les caricatures de Mahomet, le « mobile du crime » pour l'avocat historique de Charlie Hebdo, Richard Malka. 

Depuis 2013, son directeur de la rédaction, le dessinateur Charb --l'une des victimes de l'attentat-- figurait sur une liste de cibles publiée par Al-Qaïda et était sous protection policière. 

« On croyait toujours avec beaucoup d'optimisme qu'en France on pouvait dessiner ce qu'on voulait, mais autour de nous l'environnement changeait. On voyait resurgir des obscurantismes, et il faut le dire de nouvelles formes de totalitarisme », souligne Laurent Sourisseau. 

A sa suite, l'urgentiste Patrick Pelloux, ancien chroniqueur du journal et resté proche de Charlie, s'en est pris aux idéologies « obscurantistes » et au « fanatisme religieux ».  

« Personne n'empêche de croire. Mais qu'on ne nous empêche pas de penser, qu'on ne nous empêche pas de créer », a martelé le médecin, saluant à la barre le « courage de toute l'équipe pour faire vivre la liberté d'expression ».

« La liberté, ça se défend ! »

Gravement blessé dans l'attaque, le webmaster Simon Fieschi doit toujours s'aider d'une béquille pour marcher. Ses séquelles, « physiques, sensorielles, psychologiques », sont « à vie », mais il assure néanmoins « regarder le verre à moitié plein ». 

« Cette balle ne m'a pas raté, mais je dirais aussi qu'elle ne m'a pas eu. Et c'est pareil pour le journal : on s'en est relevé », lance-t-il à la barre. 

Grand reporter pour l'hebdomadaire, Fabrice Nicolino préfère lui aussi se projeter vers l'avenir lorsqu'il parle de l'attaque. « Charlie, ce n'est pas que la culture de la mort, ce n'est pas que les attentats. C'est aussi un gigantesque appel à la vie », martèle le journaliste.

Déjà blessé lors d'un précédent attentat islamiste à Paris en 1985, Fabrice Nicolino a été touché aux jambes et à l'abdomen lors de l'attaque de Charlie, et marche lui aussi avec une béquille. Une souffrance qui passe après son « combat » pour Charlie.

Ce journal, « on a le droit de l'aimer ou de le détester, toute l'équipe de Charlie s'en contrefout », mais « il s'agit de liberté, et la liberté concerne tout le monde ! », s'emporte le sexagénaire, avant de fustiger le manque d'intérêt de ses confrères pour l'hebdomadaire. 

« Les gens épouvantables qui nous attaquent, franchement je les déteste, je les vomis. La liberté ça ne se discute pas, ça se défend ! »

Quatorze accusés sont jugés jusqu'au 10 novembre devant la cour d'assises spéciale de Paris pour leurs soutiens logistique aux auteurs des attaques contre l'hebdomadaire, des policiers et le magasin Hyper Cacher entre le 7 et le 9 janvier 2015 qui avaient fait 17 morts.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Short Url
  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.


Macron attendu à La Réunion sur le chikungunya et les dégâts du cyclone Garance

 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
Short Url
  • A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre
  • Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans

SAINT-DENIS DE LA REUNION: Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance.

Le chef de l'Etat, arrivé lundi soir sur l'île en provenance du département voisin de Mayotte, va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique", où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des Etats-Unis, de la Chine ou l'Inde.

Le président poursuit ainsi une tournée de cinq jours dans le sud-ouest de l'océan Indien qui le mènera aussi à Madagascar mercredi et l'île Maurice vendredi.

A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre.

La Réunion est secoué par une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, qui a fait six morts depuis le début de l'année et touché potentiellement 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf.

Emmanuel Macron sera informé des derniers développements de l'épidémie, qui a atteint son pic ces derniers jours, lors d'un échange avec l'Agence régionale de la santé.

Engorgements 

Les difficultés sur ce front restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé.

"Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de +chik+ sur nos deux services d'urgence", ce qui génère "vraiment une grosse tension sur nos capacités", a-t-il alerté dimanche.

Début avril, le CHU avait déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux.

Une campagne de vaccination a aussi été lancée le 7 avril. Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. Elles peuvent se faire vacciner gratuitement.

Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l'île - la canne à sucre représentant 53% de la surface agricole - ont lourdement été impactées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts.

"Echelle régionale" 

A la même époque, l'an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l'île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l'augmentation et de l'intensification de ces phénomènes météorologiques.

Le chef de l'Etat rencontrera dans la matinée des exploitants agricoles alors que l'île est autosuffisante aux trois-quarts.

La souveraineté alimentaire sera au coeur du cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien jeudi à Madagascar.

La Réunion y est représentée au côté de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s'opposant à l'intégration de l'archipel dans l'organisation en raison d'un contentieux colonial.

"Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l’échelle régionale c’est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques", résume l'Elysée.

"Cet espace régional doit s’organiser avec l'ensemble de ses territoires et il y a un avenir commun à bâtir", assure la présidence française.

Emmanuel Macron fera aussi le point sur l'état de l'économie réunionnaise.

 


Macron présidera lundi un Conseil des ministres sur la « refondation » de l'archipel depuis Mayotte

(Photo AFP)
(Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron présentera un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.
  • Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

PARIS : Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil des ministres en visioconférence depuis Mayotte afin de présenter un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.

Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

Une loi d'urgence, destinée à faciliter la reconstruction de Mayotte via des assouplissements des règles d'urbanisme et de commande publique, a déjà été adoptée en février.

La loi de refondation, beaucoup plus large, comprend des « mesures plus structurelles permettant le développement économique et social du territoire sur de nouvelles bases », selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

Mayotte, le département le plus pauvre de France, est confronté à plusieurs défis majeurs : une forte pression migratoire, un habitat précaire avec de nombreux toits de tôle et bidonvilles, ainsi que des difficultés économiques et sociales.

Ce texte, attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, prévoit notamment un durcissement des conditions d'obtention du titre de séjour dans l'archipel, une aide au retour volontaire et la facilitation des évacuations d'habitats insalubres et illégaux.