Pour sceller le retrait d'Afghanistan, un Biden pugnace joue la carte du courage politique

Le président américain, qui sort très ébranlé de ce mois d'août désastreux pour la première puissance militaire du monde, a pris tout son temps pour s'exprimer, de manière solennelle, sur la fin de la plus longue guerre des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Le président américain, qui sort très ébranlé de ce mois d'août désastreux pour la première puissance militaire du monde, a pris tout son temps pour s'exprimer, de manière solennelle, sur la fin de la plus longue guerre des Etats-Unis. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 01 septembre 2021

Pour sceller le retrait d'Afghanistan, un Biden pugnace joue la carte du courage politique

  • Le président a vertement critiqué Trump, rappelant que ce dernier avait «passé un accord» avec les talibans pour un départ au 1er mai
  • Mais c'est lui qui a fait le sale boulot, voilà du moins le message sous-entendu tout au long de son discours mardi

WASHINGTON : "Je n'allais pas prolonger cette guerre éternelle et je n'allais pas prolonger le retrait éternel": Joe Biden a choisi mardi un ton très ferme, presque vindicatif par moments, pour sceller le calamiteux retrait américain d'Afghanistan.

Le président américain, qui sort très ébranlé de ce mois d'août désastreux pour la première puissance militaire du monde, a pris tout son temps pour s'exprimer, de manière solennelle, sur la fin de la plus longue guerre des Etats-Unis.

Il a laissé s'écouler près de 24 heures après l'annonce du retrait des derniers soldats par le haut commandement militaire américain, avant de s'avancer vers les caméras dans un salon de la Maison Blanche.

Dans son discours, le démocrate de 78 ans, haussant souvent la voix, a repris un à un les arguments qu'il martèle depuis des semaines, jusqu'à cette conclusion sans appel: "C'est la bonne décision, une sage décision, et la meilleure décision pour l'Amérique."

La Maison Blanche a voulu mettre en scène un commandant en chef inflexible, alors que Joe Biden et ses plus proches lieutenants ont souvent semblé désemparés face à la victoire éclair des talibans en Afghanistan.

Faire oublier Camp David

Alors que Kaboul tombait à la mi-août, le président américain s'est ainsi retranché plusieurs jours dans la résidence de vacances des présidents américains à Camp David, seul devant des écrans de visioconférence, une attitude qui sera difficile à faire oublier.

Son administration, cette machine si bien huilée, a ensuite tenté de reprendre la main, en communiquant sans relâche sur l'opération d'évacuation aérienne mise en place par l'armée américaine, et surtout en martelant que la décision du retrait était irrévocable.

Balayant les appels à maintenir une présence réduite ou à prolonger un peu, Joe Biden a répété qu'à ses yeux, c'était tout ou rien: soit "quitter l'Afghanistan, soit dire que nous ne partions pas et renvoyer des dizaines de milliers de soldats à la guerre".

Et il a organisé le retrait selon son propre agenda, "pas celui des talibans", a assuré sa porte-parole Jen Psaki mardi.

"Il n'a pas mis fin à la guerre, il a capitulé", a toutefois tweeté Greg Steube, élu républicain à la Chambre des représentants, exprimant l'une des grandes critiques faites à Joe Biden.

Le président a par ailleurs loué "l'extraordinaire succès" de la mission qui a permis d'évacuer plus de 120000 personnes d'Afghanistan, là où de nombreux républicains lui reprochent d'avoir abandonné entre 100 et 200 citoyens américains, désireux de partir.

Autre argument encore répété mardi par Joe Biden: la menace terroriste a changé. Plus diffuse, elle appelle une stratégie "ciblée" plutôt que des envois massifs de troupes.

Le président américain, qui met souvent en avant son empathie, sa compassion, a depuis le début joué à propos de l'Afghanistan la carte, plus froide et plus tactique, du courage politique.

Pari politique

Mardi, il a vertement critiqué son prédécesseur Donald Trump, rappelant que ce dernier avait "passé un accord" avec les talibans pour un départ d'Afghanistan au 1er mai.

Mais c'est lui, Joe Biden, qui a fait le sale boulot, voilà du moins le message sous-entendu tout au long de son discours mardi.

Le pari de la Maison Blanche est le suivant: bien sûr, les Américains ont été ébranlés par ce retrait humiliant et désordonné. Bien sûr, le pays s'est ému devant les jeunes visages des militaires tombés à Kaboul dans l'attentat la semaine dernière revendiqué par la branche locale du groupe Etat islamique.

Mais à long terme, espère Joe Biden, l'opinion publique américaine lui sera reconnaissante d'avoir mis fin à un conflit impopulaire et, en réalité, presque oublié avant ces catastrophiques dernières semaines.

Pour la majorité des experts, à long terme, le président sera jugé sur ses promesses de prospérité pour la classe moyenne et sur sa capacité à contenir la pandémie de Covid-19, pas sur ses qualités de chef de guerre.

Et nul doute que l'ancien sénateur, friand de tractations parlementaires, ne demande pas mieux que de se consacrer à nouveau à ses grands projets d'investissements.

Joe Biden doit convaincre le Congrès de finaliser, dans les prochaines semaines, son faramineux programme d'infrastructures et de dépenses sociales, dont le montant cumulé pourrait flirter avec les 5000 milliards de dollars.

 

 


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.