Après l'Afghanistan, Joe Biden, fragilisé, doit réussir un sans-faute économique et sanitaire

Des ténors républicains ont vivement critiqué Joe Biden, lundi, après l'annonce du départ des derniers soldats américains d'Afghanistan, une "honte" qui selon eux laisse des ressortissants des Etats-Unis "à la merci" des talibans. Plusieurs élus de l'opposition, dont certains ont servi en Afghanistan comme Michael Waltz, se sont réunis à l'annonce de la fin de la plus longue guerre menée par les Etats-Unis. (Photo, AFP)
Des ténors républicains ont vivement critiqué Joe Biden, lundi, après l'annonce du départ des derniers soldats américains d'Afghanistan, une "honte" qui selon eux laisse des ressortissants des Etats-Unis "à la merci" des talibans. Plusieurs élus de l'opposition, dont certains ont servi en Afghanistan comme Michael Waltz, se sont réunis à l'annonce de la fin de la plus longue guerre menée par les Etats-Unis. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Après l'Afghanistan, Joe Biden, fragilisé, doit réussir un sans-faute économique et sanitaire

  • L'image du président démocrate restera comme le souvenir d'une Maison Blanche tétanisée au moment de la chute de Kaboul
  • Mais, pour certains experts, à plus long terme les Américains se souviendront surtout des grands chantiers engagés par Biden

WASHINGTON : Très fragilisé par l'humiliant retrait d'Afghanistan, Joe Biden n'a d'autre choix que de réaliser un sans-faute économique et sanitaire pour remettre sa présidence sur les rails.

Alors que le Pentagone a annoncé lundi que l'armée américaine avait quitté l'Afghanistan après vingt années de conflit, l'image du président démocrate, main sur le cœur, devant les cercueils des 13 soldats tués dans un attentat à Kaboul, restera, tout comme le souvenir d'une Maison Blanche tétanisée au moment de la chute de la capitale afghane.

Mais, pour certains experts, à plus long terme les Américains se souviendront surtout des grands chantiers engagés par Joe Biden pour rénover leurs routes et alléger leurs factures médicales ou universitaires.

"Nous vivons une époque tellement volatile" que tirer des conclusions hâtives serait malvenu, analyse Allan Lichtman, professeur de science politiques à la American University.

Pour lui, les grands projets économiques et sociaux de Joe Biden "auront plus d'importance pour les Américains que l'Afghanistan dans six mois".

A condition que les parlementaires aillent au bout de la procédure d'adoption, déjà bien engagée, des gigantesques plans de rénovation des infrastructures et de développement de l'Etat providence de Joe Biden, dont le montant cumulé pourrait flirter avec les 5000 milliards de dollars.

David Karol, professeur de sciences politiques à l'université du Maryland, serait lui aussi "vraiment très surpris que l'élection présidentielle de 2024 se joue sur l'Afghanistan".

"L'idée que c'est la fin de la présidence Biden est très exagérée", dit-il.

Il rappelle que Ronald Reagan a été réélu triomphalement un an après la mort de 241 Américains en 1983 dans un attentat à Beyrouth, où ils participaient, à l'initiative du président républicain, à une mission internationale de maintien de la paix.

D'autres observateurs, comme James Jay Carafano, expert des questions de sécurité au très conservateur centre de réflexion Heritage Foundation, assurent au contraire que l'Afghanistan "empoisonnera jusqu'au bout" le mandat du démocrate de 78 ans.

"L'économie, imbécile"

Dans tous les cas la présidence Biden, qui donnait avant la victoire éclair des talibans l'impression d'une machine bien huilée, a été durablement ébranlée.

Beaucoup de grands médias américains, qui avaient salué la défaite de Donald Trump, et qui chroniquaient avec une certaine bienveillance les premiers mois de l'administration Biden, se sont montrés impitoyables face à l'humiliation de l'Amérique au sortir de la plus longue de ses guerres.

Certains membres de la garde rapprochée du président, comme son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, pourraient être durablement fragilisés, et la gestion très unilatérale du retrait d'Afghanistan laissera des traces auprès des alliés internationaux.

C'est donc scrutée de beaucoup plus près que la Maison Blanche va avancer vers les élections de mi-mandat de l'automne 2022, qui doivent renouveler la Chambre des représentants et un tiers du Sénat.

L'administration Biden, qui ne dispose que d'une majorité parlementaire extrêmement mince, a "une fenêtre limitée" pour passer ses grandes réformes avant ce scrutin au cours duquel, traditionnellement, "le parti du président perd du terrain", souligne David Karol, de l'université du Maryland.

Si Joe Biden a réussi l'exploit, dans une Amérique très divisée, de récolter des voix de l'opposition républicaine pour ses projets d’infrastructures, il lui faut aussi souder le camp démocrate autour de ses pharaoniques dépenses sociales, dont le montant effraie les parlementaires les plus centristes.

Il restera ensuite à la Maison Blanche à espérer que la pandémie, en pleine résurgence, s'éteigne ou au moins se calme, et que le rebond économique se poursuive, pour que se vérifie la stratégie de l'ancien président Bill Clinton.

David Lichtman rappelle que le démocrate l'avait emporté en 1992 sur George Bush, "peut-être notre plus grand président en matière de relations internationales", en mobilisant son équipe de campagne autour de ce mot d'ordre: ce qui compte c'est "l'économie, imbécile" ("the economy, stupid").

Les républicains fustigent Biden et son retrait «honteux»

WASHINGTON : Des ténors républicains ont vivement critiqué Joe Biden, lundi, après l'annonce du départ des derniers soldats américains d'Afghanistan, une "honte" qui selon eux laisse des ressortissants des Etats-Unis "à la merci" des talibans.

Le président démocrate a "créé un désastre, laissé tomber des Américains et nos intérêts", a dénoncé la présidente du parti républicain, Ronna McDaniel, dans un communiqué.

"Ça prouve ce que nous savions déjà: Joe Biden est incapable de servir comme commandant en chef, et les Etats-Unis et le monde sont moins sûrs à cause de lui", a-t-elle encore asséné.

Le président a abandonné "des Américains à la merci de terroristes", a renchéri le chef des républicains à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Plusieurs élus de l'opposition, dont certains ont servi en Afghanistan comme Michael Waltz, se sont réunis à l'annonce de la fin de la plus longue guerre menée par les Etats-Unis.

"Dans la région, il se dit que le jihad a gagné et que la démocratie a perdu, c'est une honte", a commenté ce dernier, pour qui les soldats américains devront, un jour, "retourner dans ce pays afin de gérer ce chaos".

"Nous ne pouvons pas mener des guerres sans fin mais l'étendue et les conséquences de l'échec de Biden sont stupéfiantes", a également tweeté le sénateur de Floride Rick Scott.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.