KABOUL : Les Etats-Unis, qui ont achevé dans la nuit de lundi à mardi leur retrait d'Afghanistan, étaient intervenus militairement dans ce pays en 2001, à la tête d'une coalition internationale pour chasser Al-Qaïda de ses sanctuaires après les attentats du 11 septembre.
Retour sur les principales étapes de la présence militaire américaine :
«Enduring Freedom»
Le 7 octobre 2001, moins d'un mois après ces attaques qui ont fait environ 3000 morts, le président George W. Bush déclenche l'opération «Enduring Freedom» en Afghanistan.
Le régime fondamentaliste taliban, à la tête de ce pays depuis 1996, abritait Oussama ben Laden et son mouvement Al-Qaïda, responsables des attentats.
En quelques semaines, les talibans sont renversés.
Une guerre oubliée
L'attention des Etats-Unis est détournée de l'Afghanistan lorsque les forces américaines envahissent l'Irak en 2003.
Les talibans et autres groupes islamistes se regroupent dans leurs bastions du Sud et de l'Est, d'où ils peuvent facilement gagner leurs bases des zones tribales pakistanaises. Ils déclenchent une insurrection.
En 2008, le président Bush décide l'envoi de renforts.
Un pic de 100 000 soldats
Fin 2009, Barack Obama, élu à la Maison Blanche après avoir fait campagne sur la fin des guerres d'Irak et d'Afghanistan, amplifie massivement le déploiement militaire américain.
Il annonce l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires et affirme que les troupes américaines commenceront à rentrer chez elles après 18 mois.
Mi-2011, plus de 150 000 soldats étrangers sont présents en Afghanistan, dont 100 000 Américains.
Oussama ben Laden est tué le 2 mai 2011 au cours d'une opération des forces spéciales américaines au Pakistan.
Fin des opérations de combat
Le 31 décembre 2014, l'Otan met fin à sa mission de combat en Afghanistan. Restent 12500 soldats étrangers, dont 9800 Américains, pour former les troupes afghanes et mener des opérations antiterroristes.
Le niveau de sécurité se dégrade à mesure que l'insurrection des talibans s'étend, le groupe Etat islamique (EI) devenant également actif dans le pays en 2015.
Renforts américains
En août 2017, le président Donald Trump abandonne tout calendrier de retrait et envoie des milliers de soldats supplémentaires. Au printemps, les forces américaines avaient largué la plus puissante de leurs bombes conventionnelles contre un réseau de tunnels et de grottes emprunté par l'EI dans l'Est, tuant 96 jihadistes.
En dépit du déploiement mi-novembre de nouveaux renforts américains, les attaques meurtrières des insurgés vont s'intensifier tandis que les Etats-Unis multiplient eux aussi leurs frappes contre les rebelles.
Discussions à Doha
Mi-2018, des représentants de Washington entament avec des talibans de discrètes négociations à Doha en vue d'une réduction de la présence militaire américaine.
En contrepartie, les Etats-Unis exigent notamment des rebelles qu'ils empêchent que le pays ne serve de refuge à des groupes jihadistes.
Les discussions sont interrompues à plusieurs reprises après des attaques contre des troupes américaines.
Accord historique
Le 29 février 2020 à Doha, les Etats-Unis signent un accord historique avec les talibans qui prévoit le retrait de tous les soldats étrangers d'ici le 1er mai 2021, en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et les autorités de Kaboul.
Des pourparlers interafghans s'ouvrent le 12 septembre à Doha, mais la violence en Afghanistan s'intensifie et les négociations sont au point mort.
Retrait des troupes
Mi-janvier 2021, le Pentagone annonce que les effectifs de l'armée américaine en Afghanistan sont désormais réduits à 2500 hommes.
Le 14 avril, le nouveau président américain, Joe Biden repousse au 11 septembre la date-butoir du retrait.
Fin avril, l'Otan commence le retrait "coordonné" des contingents de sa mission Resolute Support, impliquant 9600 militaires.
Le 1er mai, début officiel du départ des soldats américains et 16000 sous-traitants civils.
Des dizaines de districts afghans tombent aux mains des talibans, faisant craindre que les forces gouvernementales afghanes ne soient submergées par les insurgés.
Reconquête du pouvoir
Joe Biden prévoit le 8 juillet que le retrait américain "sera achevé le 31 août".
Le lendemain, les talibans affirment contrôler 85% du territoire afghan, chiffre contesté par le gouvernement.
Le 15 août, les talibans entrent dans Kaboul sans rencontrer de résistance. Le président Ashraf Ghani, qui a déjà quitté le pays, admet que "les talibans ont gagné".
Une marée humaine se précipite à l'aéroport pour tenter de quitter le pays avant la date-butoir du 31 août.
Dans la nuit du 30 au 31 août, le dernier avion de transport militaire américain décolle de Kaboul, laissant le pays aux mains des talibans au terme de la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis.