Qui sont les dirigeants talibans?

Une assemblée réunissant des dirigeants talibans à Kaboul présidée par Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani et ci-devant principal organisateur des attentats commis par les talibans, devenu ministre de l'Education dans le nouveau gouvernement de Kaboul. (Photo, AFP)
Une assemblée réunissant des dirigeants talibans à Kaboul présidée par Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani et ci-devant principal organisateur des attentats commis par les talibans, devenu ministre de l'Education dans le nouveau gouvernement de Kaboul. (Photo, AFP)
La délégation talibane durant les pourparlers de paix de Doha entre le mouvement et l'ex-gouvernement de Ghani. (Photos, AFP)
La délégation talibane durant les pourparlers de paix de Doha entre le mouvement et l'ex-gouvernement de Ghani. (Photos, AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Qui sont les dirigeants talibans?

  • La direction du mouvement extrémiste a toujours été entourée de mystère, y compris lorsqu’il dirigeait le pays entre 1996 et 2001
  • Comme nombre de moudjahidines afghans, les chefs de guerre sont nés avec après l'invasion soviétique en 1979 qui a bouleversé le pays

Kaboul : La direction des talibans, qui se préparent à former un gouvernement en Afghanistan dès que les troupes américaines et étrangères en seront parties mardi, a toujours été entourée de mystère, y compris lorsque le mouvement dirigeait le pays entre 1996 et 2001.

Voici une brève présentation des principaux dirigeants du groupe islamiste, qui a reconquis le pouvoir le 15 août, 20 ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis.

Hibatullah Akhundzada, le leader suprême

 

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Le mollah Hibatullah Akhundzada a été nommé à la tête des talibans en mai 2016, quelques jours après la mort de son prédécesseur, Mansour, tué par une frappe de drone américain au Pakistan. 

Avant sa nomination, Akhundzada était relativement inconnu, plus impliqué dans les questions judiciaires et religieuses que dans les manœuvres militaires.

Une fois arrivé au pouvoir, Akhundzada a rapidement obtenu la loyauté de l’Égyptien Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al-Qaïda, qui l'a qualifié d'"émir des croyants", renforçant ainsi sa crédibilité dans l'univers jihadiste.

Fils d'un théologien, originaire de Kandahar, cœur du pays pachtoune dans le Sud de l'Afghanistan et berceau des talibans, cet érudit jouissait déjà d'une grande influence au sein de l'insurrection, dont il dirigeait le système judiciaire. Son rôle à la tête du mouvement serait davantage symbolique qu'opérationnel, selon plusieurs analystes.

Akhundzada a dû avant tout unifier les talibans, une mission complexe tant ceux-ci s'étaient fracturés dans une violente lutte pour le pouvoir après la mort de Mansour et la révélation qu'ils avaient caché pendant des années celle du fondateur du mouvement, le mollah Omar.

Il a réussi à maintenir la cohésion du groupe et reste plutôt discret. Il ne diffuse que de rares messages annuels lors des fêtes islamiques.

Après avoir longtemps gardé le silence sur l'endroit où il se trouvait, son mouvement a indiqué dimanche qu'il vivait "depuis le début" à Kandahar et qu'il apparaîtrait "bientôt en public".

Le mollah Baradar, le cofondateur

 

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Abdul Ghani Baradar, né dans la province d'Uruzgan et qui a grandi à Kandahar, est le cofondateur des talibans avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort avait été cachée deux années durant.

Comme nombre d'Afghans, sa vie a été bouleversée par l'invasion soviétique en 1979, qui en a fait un moudjahid. On pense qu'il a combattu aux côtés du mollah Omar, qui était borgne.

Tous deux auraient fondé les talibans durant la guerre civile afghane du début des années 1990, quand des chefs de guerre mettaient le pays à feu et à sang.

En 2001, après l'intervention américaine et la chute du régime taliban, il aurait fait partie d'un petit groupe d'insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient la nouvelle administration de Kaboul. Mais les États-Unis ont rejeté cette initiative, ouvrant un nouveau chapitre de vingt années de guerre.

Baradar était le chef militaire des talibans quand il a été arrêté en 2010 à Karachi, au Pakistan. Il a été libéré en 2018, sous la pression de Washington.

Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, basé au Qatar.

Il a conduit les négociations de Doha avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d'Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghan, qui n'ont rien donné.

Il est rentré en Afghanistan, à Kandahar, deux jours après la prise du pouvoir par les talibans, puis est allé à Kaboul.

Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau Haqqani

 

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Fils d'un célèbre commandant du jihad anti-soviétique, Jalaluddin Haqqani, Sirajuddin est à la fois l'un des trois chefs adjoints des talibans et le chef du puissant réseau éponyme.

Le réseau Haqqani, fondé par son père, est qualifié de terroriste par Washington, qui l'a toujours considéré comme l'une des plus dangereuses factions combattant les troupes américaines et de l'Otan ces deux dernières décennies en Afghanistan.

Le réseau est connu pour son recours à des kamikazes. On lui a attribué certaines des attaques les plus violentes perpétrées en Afghanistan ces dernières années.

Il a aussi été accusé d'avoir assassiné certains hauts responsables afghans et d'avoir retenu en otage des Occidentaux, avant de les libérer contre rançon ou des prisonniers, comme le soldat américain Bowe Bergdahl, relâché en 2014 en échange de cinq détenus afghans de la prison de Guantanamo.

Connus pour leur indépendance, leur habileté au combat et leur sens des affaires, les Haqqani sont en charge des opérations talibanes dans les zones montagneuses de l'Est afghan. Ils auraient une forte influence sur les décisions du mouvement.

Le mollah Yaqoub, l'héritier

Fils du mollah Omar, Yaqoub est le chef de la puissante commission militaire des talibans qui décidait des orientations stratégiques dans la guerre contre le gouvernement afghan.

Son ascendance et ses liens avec son père, qui faisait l'objet d'un véritable culte en tant que chef des talibans, en font une figure unificatrice au sein d'un mouvement large et diverse.

Les spéculations sur son rôle exact dans le mouvement sont toutefois persistantes. Certains analystes estiment que sa nomination à la tête de cette commission en 2020 n'était que purement symbolique.

Les «étudiants en religion»

KABOUL : Quinze jours après avoir pris le contrôle de Kaboul à l'issue d'une offensive militaire éclair, les talibans ont célébré dans la nuit de lundi à mardi le retrait des dernières troupes américaines qui étaient présentes depuis vingt ans en Afghanistan.

Le mouvement islamiste radical, qui avait déjà gouverné le pays de 1996 à 2001 en imposant une interprétation radicale de la charia, a promis cette fois-ci la paix et un gouvernement "inclusif". 

Retour sur les événements marquants de l'histoire du mouvement taliban fondé en 1994 : 

Etudiants en religion

En 1994, le mouvement des talibans ("étudiants en religion") apparaît en Afghanistan dans un pays dévasté par la guerre contre les Soviétiques (1979-89) et confronté à une lutte fratricide entre moudjahidines depuis la chute en 1992 du régime communiste à Kaboul.

Formés dans des madrassas (écoles coraniques) au Pakistan voisin où ces islamistes sunnites ont trouvé refuge durant le conflit avec les Soviétiques, les talibans ont alors à leur tête le mystérieux mollah Mohammad Omar, décédé en 2003. Le mollah Akhtar Mansour lui succèdera et sera tué en 2016 au Pakistan. Les talibans sont aujourd'hui dirigés par Haibatullah Akhundzada, alors que le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur du mouvement, dirige l'aile politique.

Comme la majorité de la population afghane, ils sont essentiellement Pachtounes, l'ethnie qui a dominé le pays quasi-continuellement depuis deux siècles.

Ascension fulgurante

Promettant de rétablir l'ordre et la justice, les talibans connaissent une ascension fulgurante, avec le soutien du Pakistan et l'approbation tacite des Etats-Unis.

En octobre 1994, ils prennent presque sans combat Kandahar, l'ancienne capitale royale.

Dotés d'un arsenal militaire et d'un important trésor de guerre qui leur permet d'acheter les commandants locaux, ils enchaînent les conquêtes territoriales jusqu'à Kaboul dont ils s'emparent le 27 septembre 1996.

Ils chassent le président Burhanuddin Rabbani et exécutent en public l'ex-président communiste Najibullah.

Le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la résistance antisoviétique, se replie dans la vallée du Panchir, au nord de Kaboul, où il organise l'opposition armée. Il sera assassiné par le réseau islamiste Al-Qaïda le 9 septembre 2001.

Régime de terreur

Au pouvoir, les talibans imposent la loi islamique la plus stricte, interdisant jeux, musique, photographies, télévision... Les femmes n'ont plus le droit de travailler et les écoles pour filles sont fermées.

Mains des voleurs coupées, meurtriers exécutés en public, homosexuels écrasés sous un mur de briques, femmes adultères lapidées à mort: leurs châtiments sont dénoncés et le dynamitage en mars 2001 des bouddhas géants de Bamiyan provoque un tollé international.

Le siège du pouvoir se déplace à Kandahar où le mollah Omar vit reclus dans une maison construite par le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden.

Le territoire des talibans (qui contrôleront jusqu'à 90% de l'Afghanistan) devient un sanctuaire pour les jihadistes du monde entier qui s'y entraînent, notamment Al-Qaïda.

Capitulation

Après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis, perpétrés par Al-Qaïda, Washington et ses alliés de l'Otan lancent le 7 octobre 2001 une vaste opération militaire suite au refus du régime taliban de livrer ben Laden.

Le 6 décembre, le régime capitule. Ses chefs s'enfuient avec ceux d'Al-Qaïda, dans le Sud et l'Est du pays mais aussi au Pakistan.

Rébellion sanglante

Attentats et embuscades se multiplient contre les forces armées occidentales.

La Mission de combat de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) de l'Otan, terminée fin 2014, est remplacée par celle de formation, conseil et assistance, baptisée Resolute Support. Les forces de sécurité afghanes combattent seules contre les talibans et autres groupes insurgés, soutenues par l'aviation américaine.

En juillet 2015, le Pakistan accueille les premiers pourparlers directs, soutenus par Washington et Pékin, entre Kaboul et les talibans. Le dialogue tourne court.

Parallèlement, la branche afghane du groupe Etat islamique, rivale des talibans, est créée et revendique une série d'attentats sanglants.

Accord historique

Mi-2018, Américains et talibans entament de discrètes négociations à Doha, plusieurs fois interrompues après des attaques contre des troupes américaines.

Le 29 février 2020, Washington signe un accord historique avec les talibans, prévoyant le retrait des soldats étrangers en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations entre les insurgés et Kaboul.

Retrait américain et offensive talibane

Le 8 juillet 2021, le président américain Joe Biden déclare que le retrait de ses forces, entamé en mai, sera "achevé le 31 août".

Les talibans, à l'offensive depuis mai, arrivent le 15 août aux portes de Kaboul, après avoir pris le contrôle de quasiment tout le pays sans rencontrer de grande résistance. Le gouvernement afghan promet une transition pacifique.

Le 29 août, les talibans annoncent que leur chef suprême Hibatullah Akhundzada se trouve dans la ville de Kandahar et qu'il apparaîtra "bientôt en public".

Dans la nuit du 30 au 31 août, le dernier avion de transport militaire américain décolle de l'aéroport de Kaboul. "Nous avons fait l'histoire", se réjouit Anas Haqqani, un responsable du mouvement islamiste. "Les vingt années d'occupation de l'Afghanistan par les Etats-Unis et l'Otan se sont achevées ce soir".


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.