Quel a été le moment fondateur de la décadence au Levant arabe moderne, et dont nous vivons aujourd’hui l’apogée tragique?
Certains ramènent ce moment à la « Nakba » de 1948, d’autres l’attribuent à la « Naksa » de 1967. Ce moment a également été attribué à d’autres événements majeurs comme la première guerre du Golfe entre l’Iran et l’Irak en 1980, ou l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, ou encore la guerre américaine en Irak en 2003, sans oublier la thèse de la définition de ce moment par les révolutions arabes de 2010/2011, ou même sa définition par l’échec de ces révolutions.
Mais il est très possible que le moment fondateur de la décadence de la région soit celui de la naissance des putschs dans cette partie du monde. Les prémisses de ce phénomène remontent à 1936, en Irak, avec Bakr Sodki, puis en 1949 en Syrie avec Husni Al Zaim. Mais le putsch en tant que « régime » s’est ancré dans la culture de la région depuis l’Egypte avec Gamal Abdel Nasser en 1952 et 1954, avant de s’enraciner plus profondément avec les deux Baath(s) syrien et irakien.
Le putsch a emprisonné l’Histoire, il a rendu le changement impossible. La liberté et l’initiative individuelles sont devenues interdites à moins qu’elles soient pratiquées contre un ennemi « étranger » proche ou loin, réel ou illusoire.