PARIS : «Tout l'ADN de Jazz à La Villette est là», affirme Frank Piquard, programmateur du festival parisien qui retrouvera, du 1er au 12 septembre dans les diverses salles du Parc de La Villette, son format d'avant Covid.
Contrairement à de nombreux spectacles vivants, annulés en raison de la pandémie, le festival avait pu se dérouler l'an dernier mais dans un format resserré sur deux week-end.
«Cette fois, on a quelque chose qui ressemble à Jazz à la Villette», s'est félicité Frank Piquard, l'un des deux programmateurs du festival avec Vincent Anglade. Il a salué la «célébration de la musique afro-américaine, cette ouverture sur les musiques du monde, évidemment la scène française» qui résonneront au nord-est de Paris.
- Célébration des musiques afro-américaines -
Dès la soirée d'ouverture, le 1er septembre à l'Espace Charlie-Parker sous la Grande Halle, on sera dans le vif du sujet avec la chanteuse Jeanne Added et le chanteur José James, l'un des rares Afro-américains à l'affiche cette année, qui avait offert au public du festival en 2019 un vibrant concert consacré aux chansons de la légende soul Bill Withers.
Jeanne Added a prévu de rendre un vibrant hommage à Prince, cinq ans après sa disparition. «Jeanne Added, c'est vraiment une grande fan de Prince, dont elle reprenait des chansons déjà bien avant sa carrière pop», confie Frank Piquard. Sur son premier EP, en 2011, la musicienne offrait ainsi une version de «Little Red Corvette» du musicien funk de Minneapolis, seule à la guitare.
Elle sera accompagnée sur scène par Bruno Ruder, le pianiste de Magma. Les deux musiciens se connaissent «depuis très longtemps puisqu'ils étaient déjà dans le groupe +Yes is a pleasant country+ il y a une quinzaine d'années, en clavier-voix», rappelle Frank Piquard qui évoque «un contrepied hyper intelligent».
- Ouverture aux musiques du monde -
La rencontre des musiques du monde, qu'elles soient africaines ou afro-cubaines, et du jazz, seront célébrées au cours de plusieurs soirées.
Le 2 septembre, à la Philharmonie, hommage sera rendu à Manu Dibango, célèbre saxophoniste alto camerounais disparu le 24 mars 2020 à l’hôpital à l'âge de 86 ans, victime indirecte du Covid.
Pour honorer la musique de l'auteur du tube planétaire «Soul Makossa», inventeur d'un jazz mâtiné d'influences africaines, funk et reggae, ont été sollicités le Collectif MDO, qui était le groupe de Manu, et quelques invités tels la chanteuse béninoise Angélique Kidjo ou le chanteur camerounais Blick Bassy.
Le festival a aussi construit une soirée, le 11 septembre à l'Espace Charlie-Parker, autour de Dizzy Gillespie dans la version afro-cubaine du trompettiste, qui fut le premier musicien be-bop à aller se mesurer aux musiques et rythmes de Cuba.
- La scène française -
La scène française est très présente, dans des esthétiques très diverses, avec le jazz cinématographique, céleste, psychédélique et planant du saxophoniste Thomas de Pourquery et son ensemble Supersonic.
On trouvera aussi celui plus classique de la chanteuse Cécile McLorin Salvant, qui déterre des vieux airs méconnus du jazz auxquels elle donne une nouvelle patine. Ou encore celui du saxophoniste ténor Julien Lourau, qui s'immerge dans un jazz ouvert à la soul, au groove et à la musique brésilienne des seventies, celui du mythique label indépendant américain de cette époque, CTI.
- ...Et caribéenne -
Le festival garde aussi un oeil sur la scène caribéenne, hyper dynamique, dont Anthony Joseph est un des fleurons.
Ce chanteur trinitéen basé à Londres déclamera sa poésie engagée dans le style «spoken word» cher à ses aînés Gil Scott-Heron et Linton Kwesi Johnson, sur fond d'une «Great Black Music» hypnotique et lancinante.
Jazz à La Villette proposera aussi un festival bis, «Under the Radar», consacré à une scène plus underground dans plusieurs petites salles aux alentours du Parc de La Villette.