BLOIS, France : "On est au pied du mur, à la croisée des chemins": Anne Hidalgo, présente vendredi aux journée d'été des socialistes à Blois a promis "une très belle aventure démocratique" aux militants, sans toutefois se déclarer officiellement candidate à la présidentielle.
Sa candidature, toujours non officielle, a pourtant occupé les esprits et les médias vendredi lors de ces journées d'été, qui réunissent les militants socialistes jusqu'à dimanche.
« Patientez », a déclaré la maire de Paris aux journalistes qui lui demandaient une nouvelle fois quand elle se déclarerait officiellement.
"C'est important de travailler de façon méthodique, ce que j'essaie de faire depuis un an, de réfléchir, d'écouter", et même "d'écrire", a-t-elle dit, puisqu'elle publiera le 15 septembre son livre "une Femme française".
"Ce chemin, ce travail n'est pas encore totalement abouti", a-t-elle poursuivi, alors que les candidatures se multiplient à gauche (Jean-Luc Mélenchon pour LFI, un candidat écologiste qui sortira de la primaire, le communiste Fabien Roussel, et très prochainement l'ex-socialiste Arnaud Montebourg).
Mais "les choses se confirment", assure un de ses proches, le sénateur Patrick Kanner. La présidente de la région Occitanie Carole Delga, qui "la soutiendra pleinement", estime que ce sera "en septembre".
Anne Hidalgo, créditée pour l'instant d'environ 7% dans les sondages, a participé à une table ronde sur le multilatéralisme, et a ensuite pris la parole lors d'une soirée devant les militants, dans la cour du château de Blois.
Acclamée à son arrivée aux cris de "tous ensemble, tous ensemble, socialistes", la maire de Paris, tout sourire, a été surprise à chantonner sur les paroles de "Hasta siempre", chanson hommage à Che Guevarra.
"Le moment est difficile, le moment est grave", a-t-elle déclaré devant plusieurs centaines de militants, notamment sur "la question climatique" ou celle "des inégalités", deux des thèmes sur lesquels elle entend appuyer son projet.
Elle a aussi défendu le bilan du PS, "le parti de Jaurès, Blum, Mitterrand et Jospin", qui a fait "de grandes réformes, de grandes transformations".
"Notre parti a traversé des épreuves, on a un peu perdu nos repères, mais on n'a pas perdu nos valeurs", a-t-elle poursuivi.
Un peu plus tôt devant la presse, elle avait salué "des femmes et des hommes restés fidèles à leur parti", et affirmé que "cette famille politique est toujours utile au pays".
« Crédibilité »
Pour M. Kanner, "c'est important qu'il n'y ait plus de doute dans la tête des militants sur la présence d'un candidat socialiste à la présidentielle".
Carole Delga a senti aussi "un élan pour sa candidature, venant de toutes les fédérations".
"Elle a les compétences, c'est celle qui peut fédérer toutes les sensibilités du parti, et même au-delà", estime Dany, 73 ans, militante de Gironde.
"C'est la seule candidate crédible au PS", abonde Bérangère, 28 ans, de la fédération de Paris, tandis que Noël, retraité du Loir-et-Cher, "souhaite qu'elle soit candidate", mais veut "en savoir plus sur son programme".
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui de son côté brigue un nouveau mandat lors du congrès des 18 et 19 septembre prochain, n'a pas fait mystère de son souhait de la voir se présenter.
"Je suis convaincu qu'elle fait et qu'elle fera son chemin dans l'élection présidentielle", a-t-il dit vendredi.
Mais face à certains membres du parti réclamant "un vote", et à l'ancien ministre et maire du Mans Stéphane le Foll, candidat à "une primaire socialiste", qui souhaite "un débat", Olivier Faure a promis la tenue d'une primaire interne pour départager les candidats.
"Il y aura (...) un vote militant", a-t-il dit sur France Inter, tout en écartant l'idée d'une primaire citoyenne, pour ne pas "revivre des moments de divisions".
"C'est très bien que le parti socialiste décide de donner la parole aux militants pour un vote interne, ce qui n'est pas tout à fait une primaire", a estimé Anne Hidalgo, qui n'était justement pas favorable à une telle primaire.