PARIS: Poussée par des élus socialistes à se présenter à la présidentielle française en 2022, la maire de Paris Anne Hidalgo pourrait tenter d'être la candidate de la délicate synthèse entre les partis de gauche, divisés et au plus bas dans les sondages.
"Nous c'est Anne!". C'est avec ce titre, que plus de 200 élus de gauche ont appelé mercredi soir Mme Hidalgo à se lancer dans la course à la présidence française.
"Anne Hidalgo peut incarner ce que beaucoup d'électeurs de gauche attendent; concilier les enjeux écologiques (...) mais aussi sociaux", comme "les salaires, le logement, le travail", justifie l'un des signataires Michael Delafosse, maire de Montpellier (sud).
Elle a les qualités pour "rassembler la gauche et les écologistes", renchérit son homologue à Nantes (ouest), Johanna Rolland.
Maire de Paris depuis 2014, fille d'immigrés espagnols arrivée en France à l'âge de deux ans, elle a fait de son engagement "vert" sa marque de fabrique avec l'interdiction des voitures diesel dans Paris d'ici 2024, la piétonnisation d'une partie des quais de Seine, ou la multiplication des pistes cyclables.
Rassembler
Tout l'enjeu est là pour la gauche, au plus bas dans les sondages: trouver le ou la candidate capable de rassembler les multiples courants, tâche d'autant plus ardue que la gauche française est profondément divisée depuis des années.
À l'heure actuelle, les socialistes, les écologistes et les Insoumis (extrême gauche) obtiennent chacun entre 6 et 11% des intentions de vote selon les sondages pour le premier tour de la présidentielle. Anne Hidalgo elle-même est évaluée autour de 7% environ.
Largement insuffisant pour espérer participer au second tour et venir perturber le duel annoncé entre Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine le Pen.
Mais avec la candidature annoncée de Jean-Luc Mélenchon chez les Insoumis et une primaire prévue chez les écologistes pour désigner un candidat, la tâche du rassemblement reste ardue.
"Les écologistes et les socialistes savent qu'il n'y a la place que pour un candidat. La question c'est comment on départage. Ce seront les sondages qui vont départager", prédit le professeur de sciences politiques à l'université de Lille et spécialiste de la gauche, Rémi Lefebvre.
Du côté du Parti socialiste auquel appartient Anne Hidalgo, un congrès est prévu en septembre mais la maire de Paris refuse d'avoir un "agenda imposé".
Jeudi elle a donné rendez-vous "à la rentrée" où "nous serons dans un autre temps politique, dans un autre moment aussi par rapport à cette décision (de se présenter ou pas, NDLR) et je prendrai mes responsabilités", a-t-elle affirmé.
"L'idée c'est de construire, que les choses montent", explique son entourage qui reconnaît que les sondages "compteront".
"Anne Hidalgo prend date, fourbit ses armes et se déclarera sûrement candidate après la primaire écologiste", prévue fin septembre, estime Rémi Lefebvre.
Peu connue hors de Paris
La ligne politique, socialiste-écologiste d'Anne Hidalgo a séduit à Paris où elle a été confortablement réélue en 2020 pour un deuxième mandat, malgré de rudes attaques de ses rivaux sur son bilan sur la délinquance ou la saleté des rues de la capitale.
Reste désormais à se faire connaître hors des frontières de la plus grande ville de France.
Sa série de déplacements dans une quinzaine de villes françaises et le grand rassemblement qu'elle organise le 12 juillet dans la banlieue de Lyon pour faire "des propositions", traduisent en tout cas sa volonté de se construire une stature nationale.
Et après des années difficiles, le PS est sorti revigoré des élections régionales fin juin, avec des victoires dans cinq régions, malgré une forte abstention.
"On est persuadé qu'il peut se passer quelque chose à gauche, mais avec les territoires, en étant porté par eux", explique le sénateur Rémi Féraud qui soutient la maire de Paris.
Avec les Jeux olympiques de 2024 qui se tiendront à Paris, elle cherche également à se construire une envergure internationale.
Mais pour l'heure, sa notoriété hors de Paris "est très très faible. C'est une personnalité de la vie politique secondaire même si elle est maire de Paris. C'est une candidature encore fragile", tempère Rémi Lefebvre.