VILLEURBANNE: C'était une "réunion de travail" qui a pris des allures de campagne présidentielle: A Villeurbanne, la maire de Paris Anne Hidalgo a déroulé une partie des priorités qui l'animeront pour 2022, même si elle n'a toujours pas officialisé sa candidature.
Dans un discours de près de 50 minutes, devant plusieurs centaines de maires et d'élus de gauche, notamment issus du Parti socialiste, Anne Hidalgo a défendu "le temps du travailler mieux pour vivre mieux", affirmant que "changer la vie, c'est le moment".
"Posons-nous les bonnes questions: l’infirmière à l’hôpital est-elle rémunérée de façon juste ? La caissière du supermarché est-elle rémunérée de façon juste ? La femme qui se lève à 4h30 du matin pour faire le ménage dans votre entreprise est-elle rémunérée de façon juste? Et au-delà, un professeur, un policier, un chercheur?" a-t-elle demandé.
"Le projet que nous proposerons s’attaquera donc résolument aux inégalités qui minent notre pays, un projet qui permette de vivre mieux de son travail partout en France", a ajouté l'édile parisienne.
"Nous proposerons un projet qui nous rende notre souveraineté : souveraineté sanitaire, industrielle, énergétique et alimentaire", a-t-elle promis, un projet qui "s’appuie sur un service public plus fort et présent partout", qui "pose la santé comme une condition essentielle de l'égalité", qui "met l’école au cœur de tout", et garantit "la sécurité et la tranquillité publiques".
"Je veux m’engager avec vous pour redonner du sens à la promesse républicaine, qui doit être concrète, présente pour chaque enfant grandissant dans notre pays", a aussi défendu cette fille d'immigré espagnol, arrivée en France à l'age de deux ans.
Sans surprise, celle qui a pris de fortes mesures écologiques dans la capitale, a précisé que la transition écologique serait "le moteur de notre projet, le moteur d’une nouvelle politique industrielle déployée dans toutes les régions", et s'appuyant sur les élus locaux.
«Début d'une aventure collective»
Juste avant, le sénateur Patrick Kanner, à l'origine d'un appel à sa candidature à la présidentielle, lui a remis, sous les acclamations, les 500 premières signatures d'élus.
"Nous comptons sur toi pour porter l'espoir des Français", "tu saura faire vivre l'idée qu'un autre réel est possible", "tu es la seule à pouvoir nous rassembler aussi largement", a-t-il assuré.
"Particulièrement émue", Anne Hidalgo a salué "un moment important pour moi".
Toute la journée, plusieurs maires et élus l'ont exhortée à être candidate, même si elle a averti qu'il faudrait encore patienter, insistant d'abord sur le projet à construire et l'équipe autour d'elle.
"C'est le début d'une aventure collective derrière notre chef de file Anne Hidalgo", "nous devons être une armée derrière celle qui porte notre projet", pour "que la gauche du réel, réformiste et écologiste puisse retrouver le pouvoir", s'est enflammée la présidente de la région Occitanie Carole Delga, appelant à "éloigner les egos, les basses manœuvres et les rancœurs", et "rassembler au-delà de nos forces".
Elle s'est d'ailleurs vue confier par Anne Hidalgo la mission de prendre la tête d'Idées en commun, la plateforme de réflexion lancée en mars autour du projet, pour "créer une dynamique de rassemblement qui dépasse les partis".
Pour Mathieu Klein, le maire de Nancy, "des hommes et des femmes attendent qu'on leur montre qu'un autre chemin est possible". Anne Hidalgo "donnera l'espoir".
Face à la défiance des Français vis-à-vis de la politique, que le chercheur au Cévipof Bruno Cautrès est venu rappeler, "on doit partir des Français, de leurs souffrances, de leurs aspirations", a déclaré Johanna Rolland, maire de Nantes. "Je préfère parler pouvoir d'achat, logement, écologie, sécurité, plutôt que des réunions non mixtes", a-t-elle taclé.
Michael Delafosse, le maire de Montpellier a réclamé "la clarté du projet", pour proposer "une grande offre à gauche", et "tracer un chemin d'espérance, qui avec toi Anne, sera un chemin d'alternance".
"Anne Hidalgo sera une excellente candidate et une excellente présidente", a affirmé à la presse le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a pourtant été longtemps partisan d'une candidature d'union de la gauche, possiblement derrière les écologistes.