Un parc d'attractions à l'abandon raconte les maux de la Turquie

Un dinosaure qui moisit, des attractions pleines de poussières : "Wonderland Eurasia" a fermé ses portes après seulement un an, alors que ce parc était la vitrine de l'AKP pour attirer les touristes à Ankara. (AFP).
Un dinosaure qui moisit, des attractions pleines de poussières : "Wonderland Eurasia" a fermé ses portes après seulement un an, alors que ce parc était la vitrine de l'AKP pour attirer les touristes à Ankara. (AFP).
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Un parc d'attractions à l'abandon raconte les maux de la Turquie

  • L'indignation suscitée par la construction de ce méga-projet aussi inutile qu'onéreux a contribué à mettre un terme au long règne des islamo-conservateurs sur Ankara
  • L'étendue des problèmes affectant Wonderland Eurasia est apparue très vite. Deux jours après l'inauguration du parc, un train est resté bloqué au sommet d'une montagne russe. Les passagers ont été contraints de descendre du manège à pied

ANKARA: Avec ses gigantesques statues de dinosaures et ses 17 montagnes russes, "Wonderland Eurasia", à Ankara, devait devenir le plus grand parc d'attractions d'Europe et une "source de fierté", selon le président turc Recep Tayyip Erdogan.


Au lieu de cela, les coûteux manèges, qui rouillent depuis la fermeture du parc moins d'un an après son ouverture en mars 2019, sont devenus le symbole de la gabegie et de l'hubris de certains responsables du parti présidentiel, l'AKP.


L'indignation suscitée par la construction de ce méga-projet aussi inutile qu'onéreux a contribué à mettre un terme au long règne des islamo-conservateurs sur Ankara, ville remportée par l'opposition lors des dernières élections municipales en 2019.


Ce revers, inédit pour M. Erdogan, a aussi servi d'avertissement pour le chef de l'Etat qui se dirige vers un double scrutin présidentiel et législatif délicat en 2023, sur fond de difficultés économiques.


L'étendue des problèmes affectant Wonderland Eurasia est apparue très vite. Deux jours après l'inauguration du parc, un train est resté bloqué au sommet d'une montagne russe. Les passagers ont été contraints de descendre du manège à pied. 


Les visiteurs ont aussi eu la mauvaise surprise de découvrir des sanitaires en piteux état, des attractions à moitié construites et des zones du parc interdites d'accès pour cause de chantier en cours.


En 2020, Wonderland Eurasia a baissé le rideau, laissant sur place des statues et des manèges en proie à la rouille et un vif sentiment d'amertume.


"Ce dont Ankara avait besoin, ce n'était pas d'un parc d'attractions. C'était (d'une amélioration) des transports", regrette Tezcan Karakus Candan, présidente de la Chambre des architectes d'Ankara.


"C'était un projet extravagant", ajoute-t-elle, soulignant qu'il existait déjà un autre parc d'attraction d'envergure dans la capitale turque.

«Caprice »

La municipalité a poursuivi en justice l'entreprise responsable de Wonderland Eurasia dans l'espoir d'en gagner le contrôle et de mettre le vaste terrain sur lequel il a été construit à profit. Une décision est attendue le 13 septembre.


Selon l'actuel maire issu de l'opposition, Mansur Yavas, ce projet hérité d'un de ses prédécesseurs, Melih Gökçek, a coûté plus de 680 millions d'euros. 


M. Gökçek, qui a dirigé Ankara de 1994 à 2017, conteste ce chiffre, évoquant un coût de 420 millions d'euros. 


Mais l'ancien édile, qui a été relevé de ses fonctions par M. Erdogan avant la fin de son dernier mandat, reste associé à plusieurs projets de construction controversés.


Wonderland Eurasia, qui fut d'abord appelé "Ankapark", était censé développer le tourisme à Ankara, une ville avant tout administrative, loin de posséder les charmes d'Istanbul ou des stations balnéaires du sud du pays.


M. Gökçek avait affirmé que le parc attirerait 10 millions de visiteurs annuels dans la capitale. Elle en a reçu la moitié en 2019.


Pour Güven Arif Sargin, professeur d'architecture à l'Université technique du Moyen-Orient, à Ankara, vouloir faire de la capitale un pôle touristique relevait d'un "caprice puéril".

Héritage d'Atatürk

Pour les opposants de M. Erdogan, ce projet est aussi devenu le symbole du fossé qui existe selon eux entre la classe dirigeante et les préoccupations de la population.


"Melih Gökçek illustre la manière dont les administrations locales de l'AKP trahissent les villes, et la manière dont elles agissent pour mettre en place un processus de pillage" des fonds publics, estime Mme Candan. 


Mais pour nombre d'habitants d'Ankara, le principal tort de M. Gökçek n'est pas de s'être livré à une coûteuse fantaisie. C'est d'avoir détruit un espace naturel associé au fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, dont il portait d'ailleurs le nom. 


La "ferme de la forêt d'Atatürk", aménagée en 1925, accueillait un zoo et des potagers. Le fondateur de la République l'avait créée pour qu'elle puisse répondre aux futurs besoins de la capitale en produits agricoles.


Pour les détracteurs de M. Erdogan, la construction d'un parc d'attractions sur ce lieu symbolique participe de l'entreprise d'effacement de l'héritage d'Atatürk dont ils accusent le pouvoir.


Pour Mme Candan, seule une solution "radicale" permettrait de tourner la page.


"Il faut donner les manèges (du parc) aux régions qui en ont besoin, réclamer des indemnités à Melih Gökçek pour les sommes gaspillées et utiliser cet argent pour reboiser" la zone, dit-elle.

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".