PARIS: Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a souhaité jeudi que les élèves "perdent le moins d'heures de cours possible" cette année à cause de la crise sanitaire, justifiant la décision d'imposer l'isolement aux seuls collégiens et lycéens déclarés cas contact et non vaccinés contre le Covid.
"Nous faisons le choix des écoles ouvertes et d'une capacité à fermer de manière la plus ciblée possible pour que au maximum les élèves puissent bénéficier de l'école", a déclaré M. Blanquer à des journalistes, après sa conférence de presse sur la rentrée.
Pour le retour en classe le 2 septembre, le gouvernement a retenu le protocole sanitaire de niveau 2 (sur quatre) qui prévoit des cours en présentiel dans tous les établissements.
Selon ces règles, un cas de Covid-19 dans une classe du secteur primaire entraîne sa fermeture, comme en juin.
Au collège et au lycée, seuls les élèves cas contact non vaccinés devront s'isoler une semaine lorsqu'une contamination sera détectée dans une classe.
"Nous voulons que les élèves perdent le moins possible d'heures de cours donc nous nous sommes mis dans une situation où on ne va pas fermer une classe dans l'enseignement secondaire, on va simplement protéger les élèves qui ont besoin d'être protégés", a justifié le ministre.
Pour l'heure, 57% des 12-17 ans sont déjà vaccinés, a-t-il indiqué.
A la rentrée, ils pourront également se faire vacciner dans le cadre d'une campagne menée dans les établissements scolaires.
"Nous sommes très confiants dans le fait que nous aurons plus d'élèves vaccinés, que nous irons très au-delà des 57% grâce à ce dispositif", a assuré M. Blanquer. A la Réunion, où la campagne a déjà démarré, "beaucoup d'élèves demandent à être vaccinés", a-t-il assuré.
Ce que l'on sait de la rentrée
Port du masque, tests de dépistage et campagne de vaccination: le gouvernement a préparé une série de mesures sanitaires pour la rentrée scolaire du 2 septembre, que les syndicats jugent parfois insuffisantes.
Quel protocole pour la rentrée ?Le gouvernement a retenu le protocole sanitaire de "niveau 2" (sur 4) permettant à tous les élèves de retourner en classe. A partir de l'école élémentaire, ils devront porter un masque à l'intérieur. Les établissements devront également renforcer l'aération des locaux.
Des mesures insuffisantes face à la circulation du variant Delta, estiment toutefois des syndicats d'enseignants, qui souhaitent un renforcement du protocole.
"Nous redoutons que les mesures ne soient pas suffisamment prudentes, notamment sur la restauration scolaire", précise Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. Le syndicat propose que les enfants déjeunent toujours à la même place à la cantine afin de faciliter l'identification des éventuels cas contacts.
Les syndicats dénoncent également le manque d'équipements pour maîtriser la qualité de l'air dans les écoles.
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer souhaite "généraliser" les capteurs de CO2 et affirme que le ministère peut aider les collectivités locales à investir dans ces outils. "Le plus important, c'est d'aller ouvrir les fenêtres le plus souvent possible", a-t-il toutefois rappelé jeudi lors d'une conférence de presse.
Les élèves seront-ils testés ?Pour éviter l'apparition de foyers de contamination dans le milieu scolaire, le gouvernement prévoit de poursuivre sa campagne de dépistage, avec quelques ajustements.
"Dans le primaire, nous gardons une stratégie de dépistage massif avec un objectif de 600.000 tests salivaires hebdomadaires", a indiqué M. Blanquer.
Ces tests se heurtent toutefois aux réticences des familles.
"Il faudrait mener une campagne de communication pour que les parents puissent comprendre la nécessité de faire réaliser ce genre de tests car l'an dernier, le taux d'acceptation n'avait atteint que 60%", relève Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU.
Dans le secondaire, le gouvernement compte adopter une "stratégie de ciblage" pour proposer les autotests aux collégiens et lycéens dans les zones de circulation active du virus.
Deux autotests par semaine seront aussi distribués aux personnel.
Comment s'organisera la vaccination ?Nouveauté cette année: les collèges et lycées vont contribuer dès la rentrée à la campagne de vaccination contre le Covid-19, ouverte aux plus de 12 ans. Le gouvernement prévoit d'envoyer des "équipes mobiles" dans certains établissements et de transporter des groupes d'élèves volontaires vers les centres de vaccination.
Au niveau national, 57% des 12-17 ans ont déjà reçu au moins une dose de vaccin.
"C'est intéressant de vacciner en milieu scolaire, notamment pour les familles éloignées des centres de vaccination, mais il faut absolument que ces opérations soient anticipées pour leur bon déroulement", souligne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.
Pour le premier syndicat du secondaire, de nombreuses questions restent encore sans réponse. "Qui va recueillir les consentements des familles ? Qui va encadrer les élèves ?"
Concernant les enseignants, 89% d'entre eux sont en passe d'avoir un schéma vaccinal complet, a indiqué jeudi M. Blanquer.
Quelles règles en cas de contamination ? Dans le primaire - les enfants n'y ont pas l'âge d'être vaccinés- la règle reste la fermeture de toute la classe pour sept jours en cas de contamination. Une mesure réclamée par les syndicats.
Dans les collèges et lycées, lorsqu'un cas est détecté dans une classe, seuls les cas contacts non-vaccinés devront s'isoler une semaine.
Si un élève est identifié comme cas contact, l'établissement contactera ses parents, qui pourront faire une attestation indiquant son statut vaccinal afin qu'il puisse retourner en classe.
"La vérification du statut vaccinal via une attestation des parents est délirante", déplore le Snalc. "On ne peut pas fonctionner ainsi et on a l'expérience de l'an dernier sur le fait que certains parents (minoritaires) ne déclarent pas la vérité", averti le syndicat du secondaire.
Les enseignants pourront également recevoir leurs doses de vaccin dans le cadre de cette campagne.
"Aujourd'hui, les enquêtes que nous menons permettent de voir que déjà 78% des enseignants ont un schéma vaccinal complet et que 11% sont sur le point de l'avoir", a décrit Jean-Michel Blanquer. Au total, 89% des enseignants sont donc en passe d'avoir un schéma vaccinal complet.
Le gouvernement n'envisage pas de rendre la vaccination obligatoire pour ce public.
"On s'achemine vers 90 à 95% des profs vaccinés, donc nous préférons de beaucoup être dans une situation avec plus de 90 ou 95% de personnes vaccinées sur la base du volontariat, plutôt que d'avoir créé toute une série de polémiques autour de l'obligation vaccinale", a souligné M. Blanquer.
Depuis le début de la campagne de vaccination en France, 71,1% de la population a reçu au moins une injection et 62,9% a un schéma vaccinal complet.