BEYROUTH : La société pétrolière Coral a annoncé jeudi qu'elle cessait d'approvisionner en carburant ses stations-service au Liban, en raison des graves pénuries qui ont paralysé le pays en crise.
Présente au Liban depuis 1926, Coral a déclaré que l'arrêt "sans précédent" de ses opérations était intervenu après l'épuisement de ses stocks actuels dans le pays.
Une dernière cargaison importée par la société n'a toujours pas été déchargée depuis le 11 août car "l'Etat libanais n'a pas fait ce qu'il devait faire pour garantir les conditions de déchargement", a déploré la compagnie.
"La société Coral s'excuse auprès du peuple libanais (...) et de ses clients de ne plus être en mesure, pour la première fois depuis sa création, d'approvisionner les stations en essence à partir d'aujourd'hui", a indiqué la société dans un communiqué cité par l'agence nationale d'information.
"Lorsque les quantités restantes seront épuisées (...), les stations s'arrêteront", a ajouté Coral.
La crise que traverse le pays, exacerbée par l'inaction des dirigeants, est l'une des pires au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. Environ 80% de la population vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, selon l'ONU, contre moins de 30% avant la crise.
Depuis des mois, les Libanais doivent patienter quotidiennement pendant des heures dans les files d'attente devant les stations-service pour acheter de l'essence. Cette course au carburant a provoqué des incidents dans plusieurs stations-service et fait des victimes depuis le début des pénuries.
La crise des carburants a de lourdes retombées sur divers secteurs vitaux, notamment les hôpitaux, les boulangeries, les communications et la production alimentaires.
La classe dirigeante au Liban, largement honnie par la rue, est soupçonnée de faire le pari du pourrissement près de deux ans après avoir échappé à un soulèvement populaire réclamant son départ.