BAGDAD :Au moins trois personnes sont mortes dans un raid aérien mené mardi par la Turquie contre une clinique du nord-ouest de l'Irak, une région où Ankara mène régulièrement des opérations contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le PKK, groupe qualifié de "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux, dispose de bases arrières et de camps d'entraînement dans la région du Sinjar, où la frappe de mardi a eu lieu, ainsi qu'au Kurdistan irakien, région autonome, frontalière de la Turquie.
Il s'agit du second raid meurtrier de la Turquie en l'espace de deux jours dans la région de Sinjar, où habite une importante communauté yazidie, une minorité qui avait été persécutée par le groupe Etat islamique à partir de 2014.
Les raids turcs suscitent des tensions avec le gouvernement de Bagdad, mais le président turc Recep Tayyip Erdogan répète que son pays entend "s'occuper" du PKK dans ces régions si l'Irak n'est "pas en mesure de le faire".
Le bombardement de mardi a été mené par la Turquie, a confirmé un haut gradé irakien à l'AFP.
Selon un médecin de Sinjar, chef-lieu de la région du même nom, au moins trois personnes ont péri et cinq autres ont été blessées.
Ce raid aérien a consisté en trois frappes "de drones", a indiqué une autre source, et il a "complétement détruit la clinique", située dans le village de Sekaina, a déclaré à l'AFP Jalal Khalef Bisso, adjoint au maire de Sinjar.
Bases arrière
Lundi, un autre raid mené par la Turquie avait tué dans la même région de Sinjar un haut responsable yazidi membre d'une force irakienne proche du PKK à Sinjar, ainsi que deux de ses camarades.
Ce raid avait également blessé un responsable du PKK, membre lui aussi de la minorité yazidie. Ce dernier avait été ensuite transféré dans la clinique de Sekaina frappée mardi, selon un militant yazidi joint par l'AFP.
Cette même source a affirmé que le responsable du PKK blessé avait réchappé au bombardement.
Sur des images mises en ligne par des habitants, on pouvait voir le bâtiment, une école reconvertie en clinique, réduit à l'état de gravats et d'où s'échappait une fumée noirâtre.
La Turquie, qui a de facto installé une dizaine de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien, a lancé au printemps une nouvelle campagne militaire contre le PKK dans le nord de l'Irak, souvent aérienne, parfois terrestre.
Ankara entend liquider les bases arrières du PKK, qui livre depuis 1984 une sanglante guérilla sur le sol turc ayant fait plus de 40.000 morts.
Bagdad dénonce régulièrement des violations de sa souveraineté. Et les autorités irakiennes ont à plusieurs reprises convoqué l'ambassadeur turc mais n'ont jamais pris de mesure plus radicale contre Ankara, un de leurs premiers partenaires commerciaux.
Au milieu, les civils font les frais de ce conflit. Au Kurdistan irakien, plusieurs centaines d'entre eux ont fui leurs villages par peur des bombardements turcs.
Dans cette même région, un civil a été accidentellement tué vendredi par des tirs de l'armée turque lors d'affrontements avec des combattants du PKK.