VARSOVIE: La Pologne a rappelé lundi son ambassadeur en Israël deux jours après un geste similaire de Jérusalem outré par une loi polonaise limitant les revendications de propriété de la Deuxième Guerre mondiale, qualifiée par Israël d'"antisémite".
La nouvelle loi, promulguée samedi par le président polonais Andrzej Duda, impose un délai de prescription de 30 ans pour réclamer des biens spoliés, généralement confisqués par le régime communiste après la guerre.
Le gouvernement affirme que la loi doit surtout empêcher les fraudes.
"Le ministère des Affaires étrangères annonce que l'ambassadeur de Pologne en Israël restera jusqu'à nouvel ordre dans le pays", indique un communiqué.
Selon le ministère, ce geste est une réponse "aux récentes actions injustifiées de l'État d'Israël, y compris la décision infondée d'abaisser le niveau des relations diplomatiques avec la République de Pologne, ainsi qu'aux déclarations inacceptables du Ministre israélien des Affaires étrangères et d'autres membres du gouvernement".
L'ambassadeur Marek Magierowski se trouve actuellement en Pologne.
Le ministère a également indiqué que "la décision sur le niveau permanent de la représentation diplomatique polonaise en Israël sera prise dans les prochains jours".
Le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a rappelé samedi le chargé d'affaires d'Israël en Pologne qualifiant la nouvelle loi d'"antisémite".
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a qualifié, quant à lui, la loi de "honteuse" et a déclaré qu'elle montrait "un mépris honteux pour la mémoire de l'Holocauste".
M. Lapid avait également déclaré que le ministère des Affaires étrangères recommanderait à l'envoyé polonais en Israël, actuellement en vacances, "de poursuivre ses vacances dans son pays".
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a rejeté dimanche les accusations d'antisémitisme. Selon lui, la décision d'Israël de rappeler son chargé d'affaires à Varsovie était "dénuée de fondement et irresponsable".
"Personne qui connaît la vérité sur l'Holocauste et les souffrances de la Pologne pendant la Deuxième Guerre mondiale ne peut accepter cette façon de faire de la politique", a-t-il déclaré sur Facebook.
Près de six millions de Polonais, dont trois millions de juifs, ont péri pendant la Deuxième Guerre mondiale en Pologne.
Après ce conflit, les autorités communistes avaient nationalisé un grand nombre de biens abandonnés après la mort ou la fuite de leurs propriétaires.
À la chute du rideau de fer en 1989, la Pologne n'avait pas organisé la restitution des biens spoliés comme l'avaient fait la plupart des autres pays du bloc communiste, laissant les individus tenter leur chance devant les tribunaux.