DUBAÏ: Le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, a nommé mercredi un diplomate antioccidental au poste de ministre des Affaires étrangères, alors que l'Iran et six puissances mondiales cherchent à rétablir leur accord nucléaire de 2015.
Raïssi, partisan de la ligne dure, sous sanctions occidentales pour des allégations de violations des droits de l’homme lorsqu'il était juge, a prêté serment le 5 août avec les dirigeants religieux de la République islamique, alors qu’ils font face à des crises croissantes dans le pays et à l'étranger.
Le religieux chiite a remplacé le pragmatique Hassan Rohani à la présidence, après une élection en juin au cours de laquelle la plupart des principaux concurrents, notamment les modérés et les réformistes, ont été empêchés de se porter candidats.
Présentant son cabinet au Parlement pour un vote de confiance attendu, Raïssi a choisi Hossein Amir Abdollahian à la tête du ministère des Affaires étrangères, et Javad Owji, ancien vice-ministre du Pétrole et directeur général de la compagnie nationale de gaz, à la tête du ministère du Pétrole.
«Amir Abdollahian est un diplomate de la ligne dure... Si le ministère des Affaires étrangères reste en charge du dossier nucléaire iranien, Téhéran adoptera de toute évidence une ligne dure dans les pourparlers», a affirmé un négociateur nucléaire iranien sous couvert d’anonymat.
Des informations parues dans des médias iraniens semi-officiels indiquaient que le Conseil suprême de sécurité nationale, qui dépend directement du Guide suprême de la ligne dure, l'ayatollah Ali Khamenei, serait en charge des négociations nucléaires à Vienne, remplaçant le ministère des Affaires étrangères, qui était dirigé par des personnes relativement modérées sous l'administration Rohani.
L'Iran et les puissances mondiales sont en négociations depuis avril pour relancer l’accord sur le nucléaire, abandonné en 2018 par le président américain alors en fonction, Donald Trump, qui a également imposé à nouveau des sanctions qui ont anéanti l'économie de Téhéran en réduisant ses exportations de pétrole.
Un sixième cycle de pourparlers a eu lieu le 20 juin, des responsables iraniens et occidentaux affirmant que des questions importantes restaient à résoudre pour que Téhéran et Washington se conforment pleinement à l’accord. L'Iran a dépassé depuis 2019 les limites de son enrichissement d'uranium, voie possible vers les armes nucléaires.
Les parties impliquées dans les pourparlers n'ont pas encore fixé de date pour le prochain cycle de négociations.
Amir Abdollahian aurait des liens étroits avec les membres importants des Gardiens de la révolution iraniens, le puissant mouvement libanais du Hezbollah, ainsi que d'autres représentants de l’Iran au Moyen-Orient.
«Le choix de Raïssi montre qu'il accorde de l'importance aux questions régionales dans sa politique étrangère», a affirmé un ancien responsable iranien.
Ancien ambassadeur à Bahreïn, Amir Abdollahian a occupé le poste de vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires arabes et africaines entre 2011 et 2016, après avoir été chef de mission adjoint à l'ambassade d'Iran à Bagdad de 1997 à 2001.
Le Parlement iranien dominé par la ligne dure ne devrait pas contester les choix de Raïssi pour les ministères sensibles tels que les Affaires étrangères et le Pétrole, car les présidents ne les nomment qu'avec l'approbation de Khamenei.
En Iran, le pouvoir du président est limité par celui du Guide suprême, qui est le commandant en chef des forces armées. C’est également lui qui nomme le chef du pouvoir judiciaire et décide des grandes lignes politiques de la République islamique.
Alors qu'il a défendu les droits des femmes pendant sa campagne, Raïssi n'a nommé aucune femme dans son gouvernement.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com