Le bras de fer diplomatique et judiciaire entre la Chine et le Canada loin d'être terminé

Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l'aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui veut la juger pour fraude bancaire. (Photo, AFP)
Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l'aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui veut la juger pour fraude bancaire. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 12 août 2021

Le bras de fer diplomatique et judiciaire entre la Chine et le Canada loin d'être terminé

  • Quelques jours après l'interpellation de Meng Wanzhou, la Chine a arrêté deux Canadiens: l'homme d'affaires Michael Spavor et l'ex-diplomate Michael Kovrig
  • Mardi, la justice chinoise avait aussi confirmé en appel la peine de mort visant Robert Lloyd Schellenberg, un autre Canadien condamné quant à lui pour trafic de drogue

MONTREAL : Après plus de deux ans et demi de crise diplomatique, les relations entre le Canada et la Chine viennent d'atteindre un nouveau pic de tension, mais pas le dernier. Pour des experts, le Canada se trouve dans une "impasse" et seuls les Etats-Unis peuvent l'aider à en sortir.

L'arrestation de Meng Wanzhou, point de départ

"Cette arrestation est soudain venue empoisonner des relations qui étaient très bonnes entre les deux pays depuis les années 1970", explique Roromme Chantal, professeur à l'Ecole des hautes études publiques (HEP) de Moncton et spécialiste de la Chine.

Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l'aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui veut la juger pour fraude bancaire.

Les Etats-Unis accusent la numéro 2 du géant des télécoms d'avoir menti à un cadre de la banque HSBC sur les liens entre le groupe chinois et sa filiale Skycom, qui vendait des équipements à l'Iran, exposant l'établissement à des sanctions américaines. L'intéressée a toujours nié ces accusations.

Le gouvernement chinois estime depuis le début que l'administration américaine cherche avant tout à affaiblir Huawei, entreprise chinoise de pointe et leader mondial des équipements et réseaux 5G, sans équivalent côté américain.

"Dans cette affaire, le Canada est clairement l'otage de la rivalité géopolitique et technologique entre les Etats-Unis et la Chine", juge Roromme Chantal, qui estime que la Chine fera "tout pour obtenir la libération de Meng Wanzhou".

Depuis une semaine, cette dernière est de retour devant un tribunal canadien pour une dernière série d'audiences consacrées à son éventuelle extradition. Elle vit actuellement en liberté surveillée dans sa luxueuse propriété de Vancouver et porte un bracelet électronique.

Mais aucune décision n'est attendue avant plusieurs mois et en cas d'appel, la procédure pourrait durer encore plusieurs années.

Les «représailles» chinoises

Quelques jours après l'interpellation de Meng Wanzhou, la Chine a arrêté deux Canadiens: l'homme d'affaires Michael Spavor et l'ex-diplomate Michael Kovrig.

Jugés tous les deux en mars dernier pour espionnage, la condamnation pour le premier -- 11 ans de prison -- vient de tomber quelques jours seulement après le retour de Mme Meng devant un tribunal canadien donc.

Mardi, la justice chinoise avait aussi confirmé en appel la peine de mort visant Robert Lloyd Schellenberg, un autre Canadien condamné quant à lui pour trafic de drogue.

"Le timing n'a rien d'accidentel. Il n'y a pas de coïncidence. Les Chinois veulent mettre la pression sur le Canada et on voit bien la stratégie chinoise à l'œuvre avec la gradation des décisions", analyse Guy Saint-Jacques, ancien ambassadeur du Canada en Chine.

Ce dernier voit ces arrestations comme des "prises d'otages". "C'est une stratégie de plus en plus utilisée par la Chine et une vraie question pour les démocraties", estime-t-il.

Mercredi, tout de suite après l'annonce de la condamnation de Michael Spavor, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fustigé cette condamnation, qualifiée comme "absolument inacceptable et injuste". De nombreux alliés occidentaux du Canada ont dans la foulée dénoncé ce verdict.

Toutefois, malgré ces appuis, "la balance est de plus en plus déséquilibrée entre Ottawa et Pékin, ce qui limite les marges de manoeuvre canadiennes", estime Gordon Houlden, directeur du China Institute à l'Université de l'Alberta.

Quelle issue possible?

"La seule façon d'obtenir la libération des Canadiens est une diplomatie triangulaire, avec les Etats-Unis", explique Roromme Chantal, car "difficile d'envisager une concession de la Chine sans libération de Meng Wanzhou". Sinon la Chine va continuer "à instrumentaliser la justice".

Et un autre jugement est attendu prochainement: celui concernant Michael Kovrig.

Le concernant, Guy Saint-Jacques dit "s'attendre à une condamnation encore plus sévère car les Chinois savent que cela aura un impact fort puisque c'est un ancien diplomate".

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé mercredi Pékin à libérer "immédiatement" et "sans condition" M. Spavor, et le ministre canadien des Affaires étrangères Marc Garneau a confirmé travailler avec Washington "à la libération des deux Michael". Mais sans vouloir "entrer dans les détails sur la nature des discussions avec notre partenaire américain", a-t-il déclaré.

"L'une des solutions serait que les Etats-Unis abandonnent les accusations contre Meng ou trouvent un accord avec la Chine", ajoute M. Saint-Jacques, mais "jusqu'ici les Etats-Unis ne semblent pas prêts à bouger".

Et il est "probable que les Etats-Unis n'aient pas la même sensation d'urgence que le Canada", renchérit Gordon Houlden.

Dans le pays, certains appellent dans ce contexte à faire pression sur la Chine en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin de 2022.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.