Le défi marocain: convaincre ceux qui sont réticents au vaccin

Un agent de santé marocain prépare une dose du vaccin Sinopharm contre le Covid-19 dans un centre de vaccination, dans le cadre de la campagne locale du "vaccinodrome intelligent", dans le quartier d'Errahma près de la ville de Casablanca, le 9 août 2021. (Photo, AFP)
Un agent de santé marocain prépare une dose du vaccin Sinopharm contre le Covid-19 dans un centre de vaccination, dans le cadre de la campagne locale du "vaccinodrome intelligent", dans le quartier d'Errahma près de la ville de Casablanca, le 9 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 10 août 2021

Le défi marocain: convaincre ceux qui sont réticents au vaccin

  • Plusieurs Marocains rencontrés ces derniers jours par Arab News en français, notamment à Casablanca où le variant delta de la Covid-19 se propage à grande vitesse, ne comptent pas se faire vacciner
  • «Ce n’est pas normal que des gens paient le prix de ce manque de civisme et meurent par dizaines chaque jour», déclare Tayeb Hamdi à Arab News en français

CASABLANCA: «Je préfère attendre un peu. Les gens meurent à cause du vaccin. Je ne veux pas courir ce risque. En plus, je suis en forme et en bonne santé. Je mange bien et je fais du sport. Si j’attrape la Covid-19, elle ne me fera rien. Et puis, c’est Dieu qui décide de mon destin.» Ce témoignage d’un chauffeur de taxi à Casablanca, le 8 août 2021, n’est malheureusement pas un cas isolé ou exceptionnel.

Plusieurs Marocains rencontrés ces derniers jours par Arab News en français, notamment à Casablanca où le variant delta de la Covid-19 se propage à grande vitesse, ne comptent pas se faire vacciner. Ils représentent certes une petite minorité, mais qui peut peser de tout son poids sur l’évolution de la situation sanitaire et épidémiologique du pays.

Augmentation des décès et des cas critiques

Le Maroc est aujourd’hui l’une des nations qui progressent vite dans leur campagne de vaccination, plus d’un tiers de la population étant pour le moment vacciné. Malgré ce progrès, le pays fait actuellement face à une troisième vague de Covid-19, la plus grave depuis le début de la pandémie dans le Royaume en mars 2020.

Le 8 août 2021, le pays a enregistré 8 990 nouveaux cas d'infection à la Covid-19, portant le nombre total des cas actifs à 73 557, tandis que le nombre de cas sévères ou critiques a atteint 1 600, dont 39 personnes intubées, un record. Même constat en ce qui concerne les décès. Les autorités en recensent 80 ce jour-là, contre 92 la veille, portant le nombre total à 10 335 morts liés à la Covid-19. Le plus inquiétant reste que la courbe des décès n’est pas près de s’infléchir dans les prochains jours à cause de la hausse du taux d’occupation des lits des services d’urgences et de soins intensifs.

Scènes de chaos à l'hôpital Moulay Youssef de Casablanca

Pour en savoir plus, Arab News en français a visité l'hôpital Moulay Youssef à Casablanca qui accueille des patients infectés à la Covid-19. Dès l’entrée, des centaines de Marocains attendent leur tour pour se faire dépister, certains présentant des symptômes de l’infection. D’autres sont allongés dans le jardin de l’hôpital, lassés des longues heures d’attente. Sous un grand chapiteau, une marée humaine a pris d’assaut le personnel de santé qui ne sait plus où donner de la tête. Réclamations, cris, bagarres, insultes, nous assistons à une véritable scène de chaos.

«Les gens veulent tous connaître les résultats de leur test PCR en même temps. Ils doivent faire la queue. Ils sont impatients. D’autres veulent se faire vacciner, alors qu’il y a des centres dédiés à la vaccination. Certains sont infectés par la Covid-19, veulent bénéficier du protocole sanitaire, mais ne respectent pas la distanciation sociale. L’hôpital est devenu un risque potentiel de foyer de contaminations», nous indique un jeune médecin interne qui nous confie qu’il a déjà subi deux burn out et une infection à la Covid-19 sur son lieu de travail, qui lui a valu deux semaines en soins intensifs.

Cette scène de chaos, les dizaines de cas critiques et de décès enregistrés chaque jour par cet établissement de santé à Casablanca devraient normalement inquiéter les Marocains sur une situation qui risque de dégénérer à tout moment. Sauf qu’à la sortie de cet hôpital tout semble normal. Rares sont ceux qui portent un masque, les bus et les taxis sont bondés, la promiscuité est dangereuse dans les souks et les marchés populaires, les plages, bars et cafés de la métropole casablancaise.

Retour à la vie normale dans les rues de Casablanca

«Le virus se propage à grande vitesse à cause du variant Delta. Alors que le taux de reproduction du virus était de 3 il y a quelques semaines, désormais, il a atteint 8. C’est dû à plusieurs facteurs: le variant Delta, les vacances estivales, l’ouverture des frontières, mais aussi et surtout à l’irresponsabilité de certains citoyens qui ne respectent aucun geste barrière. Les autorités doivent sévir et sanctionner tout manquement aux mesures sanitaires. Ce n’est pas normal que des gens paient le prix de ce manque de civisme et meurent par dizaines chaque jour», déclare Tayeb Hamdi à Arab News en français.

Rappelons que le vice-président de la Fédération nationale de la santé (FNS), nous avait annoncé en exclusivité, dans un entretien publié le 19 juillet 2020, une prochaine recrudescence très dangereuse des cas de contamination. Tayeb Hamdi nous avait fait part de son inquiétude et nous avait confié que l’État allait durcir ses mesures restrictives. Chose faite le 3 août par le gouvernement marocain qui a imposé un couvre-feu de 21h à 5h, interdit la circulation vers et depuis les villes de Casablanca, Marrakech et Agadir et a décidé de fermer les hammams, les salles de sport et les piscines, entre autres.

De nouvelles mesures restrictives en vue

D’autres mesures doivent être prises dans les prochains jours. Certains parlent d’un confinement total, même si le gouvernement écarte pour l’instant ce scénario à cause des répercussions économiques néfastes qu’il peut produire. «À cause du comportement actuel des citoyens et la vitesse de propagation du virus, on doit forcément s’attendre à de nouvelles mesures restrictives les prochains jours. Un couvre-feu à partir de 18h, un confinement partiel ou total selon les régions… Tous les scénarios sont possibles. Il faut toutefois savoir que ces mesures sont essentielles, mais ne sont pas suffisantes pour maîtriser la propagation du virus. Tout dépendra de deux facteurs: le comportement des gens et le rythme de vaccination», nous précise Tayeb Hamdi.

Selon lui, la campagne nationale de vaccination se poursuit dans de très bonnes conditions, mais nécessite une mobilisation et une adhésion de la part de la population. «On ne peut pas fermer et imposer de nouvelles mesures restrictives à chaque fois qu’on observe une recrudescence des cas de contamination. La solution est la vaccination. Ainsi, on ne présente pas de risque lorsqu’on est infecté à la Covid-19. Les gens ne doivent pas avoir peur du vaccin», insiste Tayeb Hamdi qui est pour l’obligation de la vaccination.

Le gouvernement est appelé à communiquer davantage

Le samedi 7 août 2021, le ministère de la Santé a annoncé que la tranche d’âge de 20 ans et plus va désormais bénéficier de la campagne de vaccination. Dans un communiqué, le ministère a précisé que «dans le souci d’accélérer l'opération de vaccination et de faciliter l’accès au vaccin, les citoyens peuvent se diriger vers le centre de vaccination le plus proche, que ce soit pour la première ou la deuxième dose, sans prendre en compte les conditions liées au lieu et au pays de résidence». Les appels des autorités marocaines se sont multipliés ces derniers jours afin d’atteindre rapidement une immunité collective. Même si beaucoup de Marocains ont répondu à cet appel, on ne se bouscule pas. Le décès d’une jeune Marocaine à Marrakech, le 26 juillet 2021, quelques minutes après sa vaccination, en a refroidi plusieurs.

À Tanger, par exemple, au centre de vaccination Mozart, il n’y avait qu’une dizaine de personnes venues se faire vacciner le vendredi 6 août 2021. Un médecin sur place a confié à Arab News en français que le centre accueille normalement 450 personnes par jour.

Le Maroc a bien géré la crise sanitaire, a sécurisé ses approvisionnements en vaccins et a franchi des étapes majeures dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Toutefois, sans responsabilisation et adhésion de la population, les avancées du pays peuvent être annihilées à tout moment. Le gouvernement est appelé à sensibiliser davantage, à communiquer sur les bénéfices et la nécessité de se faire vacciner et répondre de manière didactique aux inquiétudes afin de convaincre les récalcitrants au vaccin.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".