Mali: plus de 40 civils tués par des djihadistes présumés

Les stigmates d'une attaque contre le village dogon de Sobane Da, dans le centre du Mali, le 9 juin 2019. Archives Reuters
Les stigmates d'une attaque contre le village dogon de Sobane Da, dans le centre du Mali, le 9 juin 2019. Archives Reuters
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Publié le Lundi 09 août 2021

Mali: plus de 40 civils tués par des djihadistes présumés

  • Un document de la préfecture locale consulté par l'AFP indique que 51 personnes ont été tuées dans des attaques simultanées contre les villages de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, dans la région de Gao
  • Toutes les sources interrogées par l'AFP se sont exprimées sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité

BAMAKO : Une cinquantaine de civils ont été tués dimanche dans le nord du Mali lors d'attaques imputées à des djihadistes contre trois localités voisines et proches de la frontière avec le Niger, selon un bilan provisoire des autorités.

Un document de la préfecture locale consulté par l'AFP indique que 51 personnes ont été tuées dans des attaques simultanées contre les villages de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, dans la région de Gao. Des maisons ont été saccagées et incendiées et du bétail emporté, ajoute le message.

"Les terroristes sont entrés dans les villages et ont massacré tout le monde", a déclaré à l'AFP un responsable sécuritaire. Par "terroristes", les officiels entendent généralement djihadistes.

Toutes les sources interrogées par l'AFP se sont exprimées sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.

"A Karou, 20 civils ont été massacrés. A Ouatagouna, 14 civils ont été tués et dans le hameau de Daoutegeft, d'autres civils ont été massacrés", a énoncé un élu d'une des localités. Les assaillants sont arrivés à moto et ont pris les villageois par surprise, a-t-il ajouté.

Un élu d'une quatrième localité a également rapporté une attaque contre son village. Un détachement militaire a été dépêché sur place pour porter secours aux populations, a indiqué un responsable militaire.

Un responsable d'une ONG malienne a cependant souligné que les communications avec la zone, très isolée, étaient mauvaises. La région, comme une partie du nord du Mali, a été largement coupée des réseaux ces derniers jours à cause d'attaques attribuées aux djihadistes contre les infrastructures de télécommunications.

La Mission de l'Onu au Mali (Minusma) "condamne avec la plus grande fermeté (ces) attaques barbares" et "délibérées contre les populations civiles", dans un communiqué lundi. Elle "aidera à l'ouverture d'une enquête afin de déterminer les circonstances dans lesquelles ces atrocités ont été commises".

Le Mali, pays sahélien pauvre et enclavé, est pris dans la tourmente sécuritaire et politique depuis 2012.

Les insurrections indépendantistes et maintenant djihadistes menées par des groupes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires et les exactions de toutes sortes, y compris de la part des forces de sécurité, ont fait des milliers de morts civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et étrangères. 

Défaillance de l'Etat

Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, touchant particulièrement les populations civiles.

Ainsi au Burkina, au moins 12 soldats burkinabè ont été tués et 8 blessés, dimanche également, lors d'une attaque de djihadistes présumés dans le nord-ouest du pays, près de la frontière du Mali, a annoncé lundi le ministère de la Communication.

Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains au Mali, Alioune Tine s'alarmait la semaine passée d'une "détérioration grave et continue de la sécurité" au Mali, du fait qu'un "seuil critique" était franchi et du péril pesant sur l'existence même de l'Etat malien.

A l'issue d'une visite de 11 jours, il évoquait "la défaillance des institutions de l'État", les "attaques tous azimuts contre les populations civiles" menées par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM, affilié à Al-Qaïda)", l'organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et d'autres groupes armés, ainsi que les enlèvements, les viols collectifs mais aussi les violences perpétrées par les forces de sécurité censées protéger les civils.

Les 258 atteintes aux droits humains commises par les groupes armés et les milices communautaires au cours des six premiers mois de 2021 représentent déjà 88 % du total de toute l'année 2020, disait-il dans un communiqué.

Il ajoutait que la mission de l'ONU (Minusma) avait "recensé au moins 43 exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires commises par les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) entre le 1er avril et le 30 juin 2021".

Le Mali a vécu deux coups d'Etat militaires en un an. Le pouvoir dominé par les colonels a fait de la sécurité l'une de ses priorités, sans être parvenu à stopper la spirale. Il s'est engagé à céder la place à des civils élus début 2022.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.