BEYROUTH : Il a fallu 24 heures, pour que les travaux s’organisent autour d’un bâtiment écroulé de Mar Mikhael, dans les quartiers les plus touchés par la double explosion du 4 août dernier à Beyrouth.
Samedi, la Défense civile, la Croix Rouge Libanaise, un groupe de pompiers français et un autre de nationalité vénézuélienne ainsi que le groupe de sauveteurs chiliens – dont le chien renifleur Flash avait localisé la possible présence d’une personne toujours en vie sous un amas de pierres – travaillaient à lever les décombres et cela, même si l’espoir de trouver encore des survivants s’amenuisait, selon les personnes présentes sur place.
Cela n’était pas le cas jeudi soir, peu après le passage de la chienne Flash qui avait détecté une possibilité de vie humaine sous les décombres. Prises au dépourvu, les forces de l’ordre ont décidé d’arrêter les recherches, empêchant les secouristes de poursuivre leur travail.
C’était sans compter la pression de la rue et de nombreux activistes qui n’ont pas voulu baisser les bras.
Dans un pays qui a sombré rapidement dans la pauvreté, où la chute de la monnaie nationale a été vertigineuse et où la corruption est l’une des plus élevées du monde, les habitants comptent de plus en plus sur eux-mêmes pour survivre et leurs initiatives citoyennes remplacent celles de l’État.
Cela a été bien visible lors de la double explosion de Beyrouth. Devant un État complètement absent, de dirigeants qui ne se sont même pas enquis de la situation des sinistrés, et devant des forces de sécurité qui se sont transformées en observateurs, ce sont les Libanais qui ont pris la relève dans un immense mouvement de solidarité.
Au lendemain de l’explosion, des volontaires ont commencé à nettoyer les rues et les maisons des personnes touchées par l’explosion.
D’autres ont distribué des plats chauds tous les midis, alors que des ONG locales ont rapidement commencé les travaux de restauration et des personnes un peu plus nanties que d’autres ont remis de l’argent liquide aux sinistrés.
Et jeudi soir, quand les forces de l’ordre et la municipalité de Beyrouth ont été incapables de débrouiller une grue pour poursuivre les travaux de recherche, c’est une femme, Melissa Fathallah, 42 ans, qui grâce aux contacts qu’elle a effectués, a pu en assurer une, mettant les autorités sous le fait accompli, alors que des personnes étaient accourues seules pour lever les décombres. Des échauffourées avaient éclaté entre les civils sur place d’une part et les forces de sécurité, appartenant à la police municipale, aux Forces de Sécurité intérieure et à l’armée libanaise de l’autre.
Après une halte de quelques heures, les travaux de recherche avaient repris.
Depuis le soulèvement du 17 octobre 2019 et la paupérisation accrue de la population, devant un Etat absent, gangréné par la corruption, un Etat failli, beaucoup se demandent que serait le Liban sans sa société civile.