CASABLANCA: 1er avril 2021. Les services de renseignement français déjouent un projet d’attentat terroriste contre une église à Béziers. La suspecte, affiliée au groupe terroriste Daech, projetait de commettre un attentat-suicide. En septembre 2017, la France a mis hors d’état de nuire une cellule terroriste dangereuse opérant près de Paris et sur le point de passer à l’action. Le point en commun entre ces deux opérations sécuritaires: le Maroc.
Ce sont les services de renseignement marocains qui ont pu éviter à l’Hexagone de dramatiques bains de sang. La coopération entre les deux pays ne date pas d’aujourd’hui. Grâce aux informations précieuses fournies à leurs homologues français, les services marocains ont réussi à déjouer de nombreux attentats terroristes en Europe, positionnant le Maroc parmi les partenaires sécuritaires les plus fiables de la France.
Le FBI salue les services de renseignement marocains
Le pays de l’Oncle Sam ne déroge pas à la règle. Le Federal Bureau of Investigation (FBI) américain a récemment salué la Direction générale de la surveillance du territoire du Maroc (DGST), dirigée par Abdellatif Hammouchi, pour leurs informations régulières leur permettant de faire échouer nombre d’attentats terroristes aux États-Unis. En janvier 2021, la DGST avait informé les services de sécurité américains de l’imminence d’une attaque terroriste sanglante, permettant au FBI d’arrêter un soldat américain radicalisé.
Dans le même registre, l’Espagne a, à maintes reprises, salué l’énorme contribution des services marocains. D’ailleurs, durant la crise diplomatique survenue entre les deux pays, les responsables sécuritaires de l’Espagne ont exhorté le gouvernement espagnol à trouver une issue d’urgence à cette crise car la sécurité et la stabilité de l’Espagne auraient pu en pâtir.
Que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Afrique, le Maroc figure aujourd’hui parmi les principaux partenaires sécuritaires de plusieurs pays et organisations, leur fournissant des informations précieuses, détaillées et particulièrement fiables sur les cellules terroristes, notamment dormantes, au sein de ces pays. Le Maroc a en effet réussi à infiltrer ces réseaux en plaçant ses informateurs parmi les «directions» des groupes terroristes comme Daech ou Al-Qaïda, dans les zones de conflits en Syrie et en Irak ainsi que dans les pays où ces groupes terroristes détiennent des «antennes».
Une approche sécuritaire basée sur la proactivité et la prévention
«La dynamique de coopération s’étend à d’autres services de sécurité de pays étrangers, notamment français et espagnols, qui a permis de mettre hors d’état de nuire des dizaines de cellules terroristes et d’éviter des bains de sang. Aussi, entre 2014 et 2020, la coopération sécuritaire maroco-espagnole s'est concrétisée par l'échange de données, d'expériences et d'informations ayant conduit à un partenariat très fructueux et abouti au démantèlement de dizaines de cellules terroristes», déclare Habboub Cherkaoui, directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ – surnommé le «FBI marocain»), bras judiciaire de la DGST dans la lutte antiterroriste, à l’agence de presse marocaine MAP.
L’efficacité des services de renseignement marocains est le fruit d’une stratégie proactive que le Maroc a adoptée depuis les attentats sanglants perpétrés à Casablanca le 16 mai 2003. «Sous la conduite du roi Mohammed VI, le Maroc a adopté une stratégie nationale basée sur une approche sécuritaire globale et multidimensionnelle, avec pour mots d'ordre: proactivité et prévention. Cette stratégie ne s'est, évidemment, pas limitée à l'approche sécuritaire, mais a porté également sur la réforme et la restructuration de plusieurs aspects, dont l'aspect juridique et sécuritaire, l'aspect socio-économique, l'aspect religieux, ainsi que sur le volet de la coopération internationale», affirme Habboub Cherkaoui.
Quatre-vingt-quatre cellules terroristes démantelées depuis 2015
Grâce à cette stratégie sécuritaire du royaume du Maroc, le BCIJ a réussi, depuis sa création en 2015, à démanteler 84 cellules terroristes, dont 78 en lien avec l’organisation de Daech et 6 autres acquises à l’idéologie de la nébuleuse «Al-Istihlal wal Faye», qui légitime des activités illicites afin de financer des actes terroristes. L’action du BCIJ a également permis de traduire en justice 1 357 individus, dont 14 femmes et 34 mineurs liés à des affaires de terrorisme, précise Habboub Cherkaoui. Aussi, 137 individus de retour de zones de combat ont été déférés à la justice, parmi lesquels 115 rentrés de la scène syro-irakienne, 14 ex-membres de Daech en Libye, et 8 autres extradés vers le Maroc dans le cadre de la coordination entre le Royaume et les États-Unis.
Absence de coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Algérie
Toutefois, «si la coopération avec les différents partenaires arabes, africains, européens et américains, entre autres, fait du Maroc un partenaire stratégique incontournable en matière de lutte contre le terrorisme», M. Habboub déplore le rejet par l’Algérie de toute coopération sécuritaire. «Le niet catégorique d’Alger de coopérer dans la lutte antiterroriste, qui requiert une collaboration internationale étroite, impacte négativement les efforts inlassables du Royaume et de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, un phénomène qui transcende les frontières», indique-t-il à la MAP. «Cette attitude contre-productive de l’Algérie est préjudiciable pour toute la région, en ce sens qu’elle affaiblit et entame les efforts déployés afin de lutter contre les menaces et les dangers terroristes sur les plans régional et international», regrette-t-il.