PARIS : Le retour progressif de Français partis rejoindre les groupes djihadistes en Syrie se poursuit: deux femmes parties en 2014 ont été expulsées de Turquie avec leurs enfants et incarcérées en France cette semaine, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Henen Ben Chaieb, une Niçoise de 32 ans, et Selma Tahar Aouidate, 29 ans, originaire de Roubaix (Nord), ont été mises en examen respectivement mardi et jeudi à Paris pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", selon cette source qui a confirmé des informations du journal Nice Matin et du site d'investigation Mediapart.
Leurs trois et quatre enfants, selon Mediapart, dont certains nés sur place, ont été confiés, comme d'usage pour les revenants du djihad, aux services de l'Aide sociale à l'enfance.
Selma Tahar Aouidate, qui avait emmené avec elle deux enfants nés en France, est également mise en examen pour "soustraction d'un parent à ses obligations légales", selon la source judiciaire.
La jeune femme est la sœur de Fodil Tahar Aouidate, dit "Abou Mariam", l'un des onze Français condamnés à mort en Irak en 2019 et toujours détenus là-bas.
Aîné de sa fratrie, Fodil Tahar Aouidate, 35 ans, avait rejoint la Syrie avec sa soeur et 21 autres membres de leur famille. Décrit comme un "combattant" du groupe Etat islamique, il était connu du renseignement pour ses liens avec Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015.
Deux des sœurs de la famille ont été condamnées en France pour "financement du terrorisme", car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15.000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ.
Quant à Henen Ben Chaieb, elle avait quitté la France avec dix membres de sa famille le 26 septembre 2014. Une grand-mère, ses trois enfants et leurs conjoints ainsi que quatre petits-enfants (âgés de 6 mois, 22 mois, 4 ans et 6 ans) étaient partis ce jour-là depuis Nice à bord de deux voitures de location.
Selon Mediapart, les deux femmes mises en examen tentaient de "se cacher en Turquie" quand elles ont été arrêtées près de la frontière turco-syrienne.
Depuis 2014, près de 300 personnes ont été renvoyées en France, comme ces deux femmes, depuis la Turquie, en vertu du "protocole Cazeneuve".
Cet accord de coopération, du nom de l'ex-ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, a été signé en 2014 par les deux pays pour organiser le retour sur le territoire des djihadistes français qui sont entre les mains des autorités turques.