Le tourisme en Jordanie devrait exploser d'ici à 2023, selon des responsables du tourisme

Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Début juillet, le gouvernement a levé la plupart des mesures de confinement après une forte baisse des infections. (Photo AN/Sarah Glubb)
Début juillet, le gouvernement a levé la plupart des mesures de confinement après une forte baisse des infections. (Photo AN/Sarah Glubb)
L'Union européenne a inclus la Jordanie parmi une douzaine de nouveaux pays sûrs concernant l’épidémie au 1er juillet. (Photo AN/Sarah Glubb)
L'Union européenne a inclus la Jordanie parmi une douzaine de nouveaux pays sûrs concernant l’épidémie au 1er juillet. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a commencé par s'ouvrir au tourisme local, puis aux pays voisins du Golfe, et enfin au tourisme international. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a commencé par s'ouvrir au tourisme local, puis aux pays voisins du Golfe, et enfin au tourisme international. (Photo AN/Sarah Glubb)
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Publié le Samedi 31 juillet 2021

Le tourisme en Jordanie devrait exploser d'ici à 2023, selon des responsables du tourisme

  • Le tourisme régional a commencé à se redresser et les touristes internationaux devraient revenir en août, septembre et octobre
  • Le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays «sûr» pour voyager

AMMAN/LONDRES: Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement dû à la pandémie de Covid-19, déclarent des responsables du tourisme.

Le ministère du Tourisme et des Antiquités et l’Office du tourisme de Jordanie (JTB) ont commencé à s'ouvrir au tourisme intérieur, puis au pays du Golfe ainsi qu’aux pays voisins, afin de faciliter les mouvements frontaliers, déclare à Arab News Dr Abed al-Razzaq Arabiyat, directeur général du JTB.

«Nous attendons le retour du tourisme international en août, septembre et octobre après avoir surmonté plusieurs difficultés», ajoute le directeur.

La Jordanie s'est distinguée par ses faibles taux d’infection à la Covid-19 au début de la pandémie, mais a ensuite connu une augmentation exponentielle des cas confirmés et a enregistré en novembre le plus grand nombre de décès liés au coronavirus par habitant au Moyen-Orient. Les autorités ont déclaré l'état d'urgence et imposé l'un des confinements les plus stricts au monde, frappant durement le secteur du tourisme.

La Jordanie a depuis réussi à faire baisser la courbe épidémiologique; elle est passée d'un pays de la «liste rouge» du Royaume-Uni à la «liste orange» et a considérablement accéléré en février sa campagne de vaccination.

«L'immunité collective est élevée et notre situation épidémiologique donne des indications positives afin qu'une percée complète pour le tourisme dans le Royaume soit possible», déclare M. Arabiyat, ajoutant que la Jordanie a davantage assoupli ses restrictions que de nombreux autres pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attirer les touristes.

Il précise que le roi Abdallah II a demandé au gouvernement de travailler d’arrache-pied, via ses ambassadeurs, afin de présenter la Jordanie comme un pays sûr, et que le pays «s’oriente clairement dans cette direction». Des campagnes de marketing sont en place et les offices de tourisme sont prêts à apporter leur contribution, car certains pays ont déjà placé le Royaume sur leurs listes «vertes». Les hôtels et complexes jordaniens ont également commencé à enregistrer des réservations du monde entier pour la période de septembre à novembre.

Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)
Le secteur du tourisme en Jordanie a progressivement commencé à montrer des signes de redressement après un quasi-effondrement. (Photo AN/Sarah Glubb)

Le ministre des Transports, Wajih Azayza, déclare que l'aéroport international Queen Alia a accueilli 9 millions de passagers en 2019 et espère revenir à ces chiffres après la pandémie.

L'aéroport a annoncé le 17 juillet avoir accueilli plus de 1,2 million de passagers au cours du premier semestre de l'année, le nombre le plus élevé ayant été enregistré en juin avec plus de 389 000 passagers. La contribution économique totale de l'aéroport a dépassé 3,53 milliards de dollars (1 dollar = 0,84 euro), soit près de 8,9 % du produit intérieur brut (PIB).

Le gouvernement a également initié des programmes de subvention et lancé un fonds de risque touristique évalué à 28,2 millions de dollars afin de soutenir le secteur et atténuer les dommages. En 2019, la Jordanie a accueilli un chiffre record de 3 millions de visiteurs, rapportant 5,78 milliards de dollars, alors que ce chiffre est tombé à 1,41 milliard de dollars en 2020.

La pandémie de Covid-19 a été un désastre pour l’industrie touristique jordanienne, qui a subi son pire recul depuis des décennies l’année dernière. (Photo AN/Sarah Glubb)
La pandémie de Covid-19 a été un désastre pour l’industrie touristique jordanienne, qui a subi son pire recul depuis des décennies l’année dernière. (Photo AN/Sarah Glubb)

Le mois dernier, le roi a appelé à des efforts unifiés afin d’aider le secteur du tourisme et des voyages à se redresser – secteur qui représente près de 20 % du PIB –, et promouvoir le tourisme dans le «Triangle d'or» de Pétra, Wadi Rum et Aqaba.

Abed al-Razzaq Arabiyat souligne que Pétra, l'une des sept merveilles du monde, était la plus touchée en raison de sa forte dépendance au tourisme international, mais il s'attend à «entendre des nouvelles positives d'ici à septembre, car il y a une forte demande pour le “Triangle d'or”».

À partir du 1er juillet, les autorités ont mis en œuvre la deuxième phase de la stratégie jordanienne de retour à la vie normale, les installations touristiques étant autorisées à rouvrir à pleine capacité. Le couvre-feu dans les zones du «Triangle d’or» dans le Sud a été levé et les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car elles ont été déclarées zones sans Covid. La phase 3 débutera le 1er septembre, à condition que le nombre de cas reste faible et que le gouvernement atteigne son objectif de vaccination.

La Jordanie a considérablement assoupli les restrictions par rapport à de nombreux pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attiser le tourisme. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie a considérablement assoupli les restrictions par rapport à de nombreux pays, ce qui jouera un rôle majeur pour attiser le tourisme. (Photo AN/Sarah Glubb)

M. Arabiyat souligne que le JTB a également lancé la campagne estivale de marketing baptisée «Breathe» pour cibler les touristes, en particulier les familles des pays du Golfe.

Il explique qu'après avoir enduré deux années épuisantes de pandémie, «revenir à la vie telle que nous la connaissions est devenu un rêve que tout le monde aspire à réaliser; envie de voyager et de profiter de la vie, envie de se sentir à nouveau en vie, d'où le nom de notre campagne “Breathe”… les gens doivent pouvoir profiter de la vie et simplement respirer.»

Fawzi al-Hammouri, président de l'Association des hôpitaux privés de Jordanie, déclare qu'il y a eu une très importante augmentation du nombre de patients arrivant en Jordanie afin d’être soignés en juin, particulièrement en provenance d'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, après avoir connu une baisse au cours de l'année dernière.

M. Arabiyat souligne toutefois que la plus grande préoccupation est de préserver l'emploi dans le secteur du tourisme.

La Jordanie prend plusieurs mesures afin de ramener le nombre de touristes étrangers au niveau record de 3 millions de visiteurs en 2019. (Photo AN/Sarah Glubb)
La Jordanie prend plusieurs mesures afin de ramener le nombre de touristes étrangers au niveau record de 3 millions de visiteurs en 2019. (Photo AN/Sarah Glubb)

Layali Nashashibi, directrice de la communication et des relations publiques chez Mövenpick Hotels and Resorts, déclare que le groupe n’a pas licencié de personnel durant la pandémie, même s'il a dû fermer les deux hôtels de Pétra et un à Aqaba, tandis que l'hôtel de la mer Morte a été utilisé par le gouvernement pour les mises en quarantaine au moment du rapatriement des Jordaniens de l'étranger.

«Aqaba, au début, n’était pas affectée par la Covid-19, mais Aqaba a le tourisme et le port. Si les deux activités fermaient, l'économie en souffrirait donc énormément; les autorités ont alors décidé qu'Aqaba resterait ouverte de 6 heures à 17 heures», précise Layali Nashashibi à Arab News.

«J'ai dû intervenir auprès du gouvernement afin de prolonger certains horaires d’ouverture d’hôtels et de restaurants, ainsi que pour ouvrir davantage d’établissements», précise-t-elle, ajoutant qu'après avoir parlé avec le Premier ministre, le groupe a réussi à prolonger les heures d'ouverture jusqu'à 22 heures dans tout le Royaume.

Les efforts du gouvernement afin de relancer le secteur du tourisme semblent porter leurs fruits, mais les responsables s'attendent à une convalescence de deux ans. (Photo AN/Sarah Glubb)
Les efforts du gouvernement afin de relancer le secteur du tourisme semblent porter leurs fruits, mais les responsables s'attendent à une convalescence de deux ans. (Photo AN/Sarah Glubb)

«Nous comptons désormais sur le tourisme international en Jordanie… Nous sommes optimistes, le gouvernement, le ministère du Tourisme et le JTB nous ont promis que Ryanair et EasyJet reprendront leurs vols vers Aqaba d'ici au mois d’octobre», ajoute-t-elle. EasyJet a commencé à enregistrer des réservations pour Aqaba à partir de novembre, tandis que les navires de croisière ont également commencé à affluer, l'un d'entre eux en provenance de Djeddah devant arriver à Aqaba au début du mois d'août.

Mme Nashashibi déclare avoir également organisé des séjours réservés aux voyagistes. Les autorités proposent différents types de réductions fiscales et de remises sur les taxes d'atterrissage. Les touristes d'Europe de l'Est ont commencé à venir à Aqaba à partir de la fin juin, et les vols en provenance de Russie devraient augmenter au cours de la période à venir.

La ville est réglementée par l'Autorité de la zone économique spéciale d'Aqaba, qui en a fait une ville à faible taux d'imposition et exempte de droits de douane, attirant plusieurs mégaprojets d'investissement comme Ayla Oasis, Saraya Aqaba, Marsa Zayed et contribuant à l'expansion du port; tous ont été fortement affectés.

Les autorités ont annoncé des mesures spéciales pour le «Triangle d'or» de la Jordanie, qui comprend Pétra, Wadi Rum et Aqaba; les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car ces zones ont été déclarées sans Covid-19. (Photo AN/Sarah Glubb)
Les autorités ont annoncé des mesures spéciales pour le «Triangle d'or» de la Jordanie, qui comprend Pétra, Wadi Rum et Aqaba; les visiteurs entièrement vaccinés peuvent s’y rendre car ces zones ont été déclarées sans Covid-19. (Photo AN/Sarah Glubb)

«J'espère que la Covid-19 disparaîtra et que tout sera comme avant ou mieux qu'avant», déclare Layali Nashashibi, ajoutant qu'elle n’imagine pas le secteur du tourisme s'améliorer avant le troisième trimestre 2022 et qu’elle s'attend à un boom du tourisme et économique d'ici à 2023.

Sally Abu Hijleh, de l'agence Montana Travel and Tourism, déclare également qu'il faudra près d’un an pour que le tourisme se rétablisse complètement, ajoutant que l’agence travaillait sur des offres et des prix réduits afin d’encourager les voyages.

Selon Marwan Eid Abo al-Adas, propriétaire de la boutique de souvenirs Bazaar al-Wadeeh à Jerash, même si les touristes reviennent cet été, tous les secteurs du tourisme ont subi des pertes si lourdes que, selon lui, ils auront encore du mal à s’en sortir. «Il faut compter deux ou trois ans car il doit y avoir une continuité dans le secteur du tourisme», explique-t-il.

Marwan Soudi, un Jordanien vivant à l'étranger, qui n'a pas pu rentrer chez lui l'année dernière, déclare: « Avec la façon dont elles gèrent la pandémie et la campagne de vaccination en Jordanie, les autorités prévoient que le tourisme revienne à la normale d'ici à 2022-2023, je dirais que cela semble être un objectif raisonnable.»

Le touriste saoudien Abdelaziz al-Shalawi indique qu'en raison du fait que la Jordanie présente l'un des taux d'infection les plus bas, les touristes d'Arabie saoudite préfèrent s'y rendre cet été plutôt que dans n'importe quel autre pays, notamment en Europe, car sa «sécurité est excellente».

M. Al-Shalawi explique que la Jordanie est belle et variée et que les Saoudiens sont également attirés par le Royaume pour ses prestations médicales. «La Jordanie a du potentiel et de très bons médecins et s’efforce d'attirer le tourisme médical, tout en proposant des loisirs», ajoute-t-il.

Le touriste américain Tom Langdon déclare qu'il espère que le tourisme s'ouvrira davantage à partir de juillet pour aider les Bédouins de Pétra et les personnes qui dépendent du tourisme.

«C'est assez malheureux. Je suis allé à Pétra, il devait y avoir à peu près 20 personnes là-bas; l'un des vendeurs m'a montré une vidéo, qui ressemblait à un concert de rock, on aurait dit qu'on pouvait à peine bouger sans toucher quelqu'un et il m’a expliqué que c’était comme ça avant la pandémie de Covid-19», explique-t-il.

«Je pense que la Jordanie est une source inexploitée, et je trouve regrettable qu'une grande partie de ce pays ne soit pas connue de plus de gens. Pratiquement tous les endroits que j’ai visités en Jordanie étaient absolument magnifiques et j'ai passé un très bon moment.»

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


1977 : Quand Sadate s'est rendu en Israël

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  • Premier dirigeant arabe à se rendre dans le pays, le président égyptien a fait une tentative de paix qui a indigné la région
  • Les choses se sont ensuite accélérées. Onze jours plus tard, le 19 novembre, Sadate arrive à Jérusalem pour une visite de trois jours. Le 20 novembre, il s'adresse à la Knesset, le parlement israélien

LE CAIRE: Le 8 novembre 1977, le président égyptien Anouar el-Sadate a annoncé devant le parlement égyptien - en présence de Yasser Arafat, chef de l'Organisation de libération de la Palestine - qu'il était prêt à se rendre à Jérusalem pour entamer des négociations en vue d'un processus de paix avec Israël.

Cette annonce a choqué toutes les personnes présentes et, au fur et à mesure que la nouvelle se répandait, elle a surpris le monde entier, y compris Israël même : si l'Égypte reconnaissait diplomatiquement Israël, elle serait le premier État arabe à le faire.

Les choses se sont ensuite accélérées. Onze jours plus tard, le 19 novembre, Sadate arrive à Jérusalem pour une visite de trois jours. Le 20 novembre, il s'adresse à la Knesset, le parlement israélien.

"Aujourd'hui, je suis venu à vous avec des mesures fermes, pour construire une nouvelle vie et établir la paix", a-t-il déclaré aux membres de l'assemblée.

"Nous tous sur cette terre, musulmans, chrétiens et juifs, adorons Dieu et personne d'autre que Lui. Les enseignements et les commandements de Dieu sont l'amour, la sincérité, la pureté et la paix".

Arab News a publié en première page la visite d'Anouar el-Sadate en Israël, relatant les événements qui ont conduit à l'accord de paix historique.

Il a déclaré qu'il n'avait consulté personne avant de prendre sa décision, ni ses collègues, ni les autres chefs d'État arabes.

Il parle des familles des "victimes de la guerre d'octobre 1973 ... toujours en proie au veuvage et au deuil de leurs fils et à la mort de leurs pères et de leurs frères".

Il a également affirmé qu'il était de son devoir "de ne rien négliger pour épargner à mon peuple arabe égyptien les horreurs déchirantes d'une autre guerre destructrice, dont seul Dieu peut connaître l'ampleur".

Sadate a ajouté que les autorités israéliennes devaient faire face à certains faits "avec courage et clairvoyance". Elles doivent se retirer des territoires arabes qu'elles occupent depuis 1967, y compris Jérusalem. En outre, tout accord de paix doit garantir "les droits fondamentaux du peuple palestinien et son droit à l'autodétermination, y compris le droit de créer son propre État".
Sadate a été le premier dirigeant arabe à se rendre en Israël et s'adresse au Parlement israélien le lendemain. "Devant nous aujourd'hui se trouve la chance de la paix... une chance qui, si elle est perdue ou gâchée, entraînera la malédiction de l'humanité et la malédiction de l'histoire pour celui qui aura comploté contre elle", a-t-il indiqué. 

Le pari audacieux de Sadate a suscité la colère dans le pays et à l'étranger. Ismail Fahmy, ministre égyptien des Affaires étrangères, a démissionné de son poste deux jours avant la visite. Dans ses mémoires, il décrit l'initiative de Sadate comme "un geste irrationnel dans un jeu de paix long et compliqué". Ensuite, Sadate nomme Mahmoud Riad comme nouveau ministre des Affaires étrangères, qui a également démissionné.

En effet, les critiques ne manquaient pas en Égypte, notamment celles de l'éminent homme politique Fouad Serageddin et de l'écrivain Youssef Idris, qui qualifiaient le geste de Sadate de "soumission et d'humiliation de la volonté victorieuse de l'Égypte face à un ennemi vaincu", en référence à la victoire d'octobre 1973 des forces égyptiennes et syriennes sur Israël dans le Sinaï et sur les hauteurs du Golan.

De nombreux pays arabes de la région ont suspendu leurs relations avec l'Égypte et gelé les projets communs et les investissements dans le pays, qui a également été exclu de la Ligue arabe.

Cette colère s'est reflétée dans les rues de la région, avec des manifestations dans plusieurs villes arabes, dont Beyrouth, Damas, Bagdad, Aden, Tripoli et Alger.

La visite de Sadate à Jérusalem était la première étape d'un processus de négociations de deux ans entre l'Égypte et Israël, sous l'égide des États-Unis, qui s'est achevé par la signature d'un traité de paix entre Sadate et le premier ministre israélien Menachem Begin à Washington le 26 mars 1979, en présence du président Jimmy Carter, à la suite des accords de Camp David de septembre 1978.

Sadate avait alors signé son propre arrêt de mort. Parmi les personnes et les organisations qui ont appelé à sa mort figurent Omar Abdel Rahman, chef d'un groupe islamiste extrémiste actif en Égypte à l'époque, les Frères musulmans et l'ayatollah Khomeini, chef de la révolution iranienne.

Le 6 octobre 1981, alors qu'il assiste à la parade militaire annuelle au Caire pour célébrer la victoire égyptienne de 1973 dans le Sinaï, Sadate et dix autres personnes sont abattus par des membres du Tanzim Al-Jihad, un groupe islamiste égyptien.

Hani Nasira est un universitaire et expert politique égyptien, ainsi que le directeur de l'Institut arabe d'études. Il est l'auteur de plus de 23 ouvrages.
 


1976, les origines de la Journée de la Terre

Un policier palestinien place un drapeau national devant des soldats israéliens lors d'affrontements sur des terres confisquées par l'armée israélienne pour ouvrir une route aux colons juifs. (AFP)
Un policier palestinien place un drapeau national devant des soldats israéliens lors d'affrontements sur des terres confisquées par l'armée israélienne pour ouvrir une route aux colons juifs. (AFP)
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  • La Journée de la terre reflète une injustice historique non résolue
  •  Pendant la Nakba, en 1948, deux villages palestiniens du nord d'Israël, Iqrit et Biram, majoritairement chrétiens, ont été dépeuplés par les forces israéliennes

AMMAN: La Journée de la terre, célébrée chaque année le 30 mars, commémore un moment crucial de l'histoire palestinienne: en 1976, six citoyens palestiniens d'Israël non armés ont été tués par les forces israéliennes lors de manifestations contre l'expropriation par le gouvernement de terres appartenant à des Arabes en Galilée.

Cet événement n'a pas seulement marqué la première mobilisation de masse des Palestiniens en Israël depuis 1948, il a également mis en évidence leur lutte permanente pour les droits fonciers et l'identité.

Les premières manifestations de la Journée de la terre, le 30 mars 1976, ont été déclenchées par le projet du gouvernement israélien de confisquer environ 20 000 dunams (2 000 hectares) de terres dans la région de Galilée, au nord d'Israël. Les terres visées par l'expropriation, dans des villages tels que Sakhnin, Arraba et Deir Hanna, appartenaient principalement à des citoyens palestiniens d'Israël.

Cette confiscation de terres à grande échelle s'inscrivait dans le cadre d'une politique israélienne plus large, la «judaïsation de la Galilée», qui visait à accroître la population juive dans la région et à réduire la proportion de terres appartenant à des Arabes.

La Journée de la terre reflète également une injustice historique non résolue. Pendant la Nakba, en 1948, deux villages palestiniens du nord d'Israël, Iqrit et Biram, majoritairement chrétiens, ont été dépeuplés par la force. L'armée israélienne a promis aux habitants, qui sont devenus citoyens israéliens et ont continué à vivre en Israël, qu'ils pourraient retourner chez eux après une brève évacuation jugée nécessaire pour des raisons de sécurité. Cependant, ils n'ont jamais été autorisés à rentrer chez eux; au contraire, les villages ont été détruits et les terres expropriées par l'État israélien.

Les villageois d'Iqrit et de Biram, ainsi que leurs descendants, continuent de faire campagne pour leur droit au retour, et les deux villages perdus restent des symboles durables de la lutte palestinienne plus large pour le droit à la terre.

Arab News a commémoré le 75e anniversaire de la Nakba en titrant en première page «La lutte continue».

L'importance de la Journée de la terre va au-delà des événements de 1976. La commémoration annuelle permet de rappeler le lien profondément ancré entre le peuple palestinien et ses terres ancestrales, un lien qui a été continuellement menacé par les politiques israéliennes conçues pour modifier les paysages historiques, démographiques et géographiques de la Palestine.

Au cours des années qui ont suivi cette première Journée de la terre, le gouvernement israélien a continué à mettre en œuvre des politiques qui aboutissent à l'appropriation de terres palestiniennes. Ces actions comprennent l'expansion des colonies en Cisjordanie, la construction de la barrière de séparation et la désignation de terres domaniales dans des zones traditionnellement utilisées par les communautés palestiniennes.  

La réponse à ces politiques a été multiforme, englobant des défis juridiques, un activisme de base et un plaidoyer international.

Les citoyens palestiniens d'Israël, ainsi que ceux des territoires occupés et de la diaspora, ont utilisé la Journée de la terre comme plate-forme pour mettre en lumière les problèmes de dépossession des terres et appeler à la justice et à l'égalité. Cette journée est devenue un événement fédérateur, favorisant la solidarité entre Palestiniens au-delà des clivages géographiques et politiques.

Cependant, les défis à relever restent considérables. Le système juridique et politique israélien favorise souvent les intérêts de l'État et des colons, ce qui rend difficile pour les Palestiniens de récupérer les terres confisquées ou d'empêcher de nouvelles expropriations.

Les lois israéliennes ont facilité l'expansion des colonies, fourni des protections juridiques aux colons et permis l'appropriation de terres, souvent au détriment des droits des Palestiniens. La loi de 1970 sur les questions juridiques et administratives, par exemple, promulguée après l'annexion de Jérusalem-Est en 1967, permet aux juifs de récupérer les propriétés qui leur appartenaient dans cette zone avant 1948, même si des Palestiniens y ont vécu pendant des décennies depuis lors. Toutefois, les Palestiniens n'ont pas le même droit de réclamer les propriétés qu'ils possédaient à Jérusalem-Ouest, ou ailleurs en Israël, avant la guerre de 1948.

Les expulsions de Sheikh Jarrah en 2021, qui ont été à l'origine de la guerre de 11 jours entre Palestiniens et Israéliens cette année-là, ont montré que les communautés palestiniennes sont toujours menacées d'expulsion à Jérusalem-Est en vertu des lois israéliennes. La Cour suprême israélienne a tranché en faveur des colons en décidant que les familles palestiniennes de Sheikh Jarrah ne pouvaient rester sur place que si elles payaient un loyer aux colons, reconnaissant de fait les revendications de ces derniers en matière de propriété de biens immobiliers antérieurs à 1948.

En outre, les réactions internationales à ces développements se sont souvent limitées à des déclarations d'inquiétude, avec peu d'actions tangibles pour tenter de rendre les autorités israéliennes responsables de leurs politiques, y compris celles liées aux questions d'expropriation de terres, de colonies illégales et de déplacements de population.

Ces dernières années, la Journée de la terre a pris une signification supplémentaire, notamment dans le contexte des manifestations de la Grande Marche du retour qui ont débuté en 2018 dans la bande de Gaza. Ces manifestations, qui réclamaient le droit au retour des réfugiés palestiniens et la fin du blocus de Gaza, se sont heurtées à une violence importante de la part des forces israéliennes, faisant de nombreuses victimes.

En outre, les actions des citoyens palestiniens d'Israël en Galilée n'ont pas permis à la société israélienne de prendre véritablement conscience des injustices historiques et actuelles perpétrées à l'encontre de ces Palestiniens. Il s'agit notamment de l'incapacité à reconnaître la discrimination systémique et la dépossession qui ont caractérisé les politiques de l'État, ou à œuvrer en faveur d'une égalité et d'une réconciliation véritables.

Les événements de 1976, qui ont marqué la première mobilisation palestinienne de masse depuis 1948, ont mis en évidence le pouvoir de la solidarité au-delà des clivages politiques, religieux et idéologiques. Cette unité est restée la pierre angulaire de la lutte, renforçant l'idée que ce n'est que par des efforts collectifs que les politiques discriminatoires peuvent être efficacement contestées et les droits affirmés.

Les enseignements de la Journée de la terre soulignent également l'importance d'une résistance stratégique et persistante, tant au niveau local qu'international. L'attention mondiale suscitée par les manifestations de 1976 a montré l'importance d'un activisme pacifique et organisé pour amplifier la cause palestinienne. Elles ont également mis en évidence la nécessité d'une mobilisation politique pour lutter contre la discrimination systémique et garantir l'égalité des droits.

Pour les Palestiniens d'Israël et d'ailleurs, la Journée de la terre est une occasion qui résume à la fois la douleur de la perte et l'espoir d'un avenir où règnent la paix et la justice.

Daoud Kuttab est chroniqueur pour Arab News, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient, et plus particulièrement dans les affaires palestiniennes.

Il est l'auteur du livre «State of Palestine NOW: Practical and logical arguments for the best way to bring peace to the Middle East».


1979 : La révolution iranienne, le siège de La Mecque et l'invasion soviétique de l'Afghanistan

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  • Les événements sismiques de 1979 ont remodelé le Moyen-Orient, alimentant l'extrémisme, les hostilités régionales et les conflits mondiaux qui continuent de se répercuter aujourd'hui

RIYAD – Dans une région où les bouleversements géopolitiques sont presque monnaie courante, la triple onde de choc de 1979 a fait de cette année un tournant exceptionnel, hors du commun.

La révolution iranienne, le siège de La Mecque et l'invasion soviétique de l'Afghanistan ont été reliés par un seul et même fil conducteur : La naissance d'une forme d'extrémisme islamique qui allait avoir des conséquences catastrophiques pour des millions de personnes, et dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui dans le monde entier.

Les premiers grondements ont commencé l'année précédente, dans un contexte d'inquiétude généralisée en Iran face au régime de plus en plus oppressif du shah Mohammed Reza Pahlavi, dont les réformes de la "révolution blanche" étaient perçues par beaucoup comme poussant l'occidentalisation du pays trop loin et trop vite.

En janvier 1978, une manifestation religieuse dans la ville de Qom, centre d'études chiites situé à 130 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Téhéran, a été violemment réprimée par les forces de sécurité qui ont ouvert le feu, tuant jusqu'à 300 manifestants, principalement des étudiants du séminaire.

Les manifestations se sont étendues aux villes du pays et ont culminé à la fin de l'année par des grèves et des protestations généralisées pour exiger le départ du shah et le retour du grand ayatollah Khomeini de son exil en France.

Comment nous l'avons écrit

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Le journal a couvert la "première crise majeure" du gouvernement iranien lorsque les troupes pro-Chah ont affronté les manifestants à Ahwaz, ravivant les tensions dans le contexte d'un tremblement de terre simultané.

Le 16 janvier 1979, le chah et sa famille quittent l'Iran pour ne plus jamais y revenir. Le 1er février, Khomeini est arrivé à l'aéroport de Mehrabad à Téhéran, débarquant d'un vol Air France en provenance de Paris après 15 ans d'exil, accueilli dans le tumulte par des millions d'Iraniens.

En l'espace de dix jours, les derniers vestiges de l'ancien régime se sont effondrés et Shapour Bakhtiar, le premier ministre nommé par le chah à peine un mois plus tôt, a pris le chemin de l'exil.

Le 1er avril 1979, les résultats d'un référendum national sont révélés et, avec le soutien de plus de 98 % des électeurs, Khomeini déclare la création de la République islamique d'Iran, dont il sera le chef suprême.

La révolution iranienne a été fondée sur une base constitutionnelle sectaire qui mettait l'accent sur l'exportation de son idéologie révolutionnaire, ce qui a alimenté les tensions sectaires dans toute la région.

La révolution a introduit la théorie de la tutelle du juriste (Wilayat Al-Faqih), un principe sectaire qui place le juriste islamique, ou expert en droit islamique, au-dessus de l'État et de son peuple, lui accordant l'autorité ultime en matière de relations étrangères et de sécurité nationale.

Le juriste gardien se perçoit comme le chef de tous les musulmans du monde, son autorité ne se limitant pas aux Iraniens ni même aux chiites. C'est cette prétention au leadership universel qui a le plus alarmé les autres pays de la région, car cette théorie fait fi de la souveraineté des États, favorise les groupes sectaires et accorde au régime révolutionnaire le "droit" d'intervenir dans les affaires des autres nations.

L'attachement de la nouvelle République islamique au principe de l'exportation de sa révolution a encore exacerbé les hostilités régionales, la guerre Iran-Irak qui a éclaté en 1980 en étant le point de départ.

Le programme révolutionnaire de l'Iran avait cherché à affaiblir l'Irak, un pays arabe essentiel, en incitant et en soutenant les groupes et les milices chiites par l'entraînement, l'aide financière et les armes. En fin de compte, ce sont ces groupes qui ont formé la base des milices que l'Iran a largement exploitées après l'invasion américaine de l'Irak en 2003, lorsque le régime Baas de Saddam Hussein a chuté.

Il n'a pas fallu longtemps pour que les craintes des voisins de l'Iran de voir la révolution se propager dans toute la région se concrétisent.

Le 20 novembre 1979, après la prière de l'aube dans la Grande Mosquée de La Mecque, plus de 200 hommes armés, dirigés par Juhayman al-Otaibi, un extrémiste religieux, se sont emparés du site sacré et ont annoncé que le Mahdi tant attendu, l'annonciateur du jour du jugement, prophétisé pour apporter la justice après une période d'oppression, était apparu. Ce prétendu Mahdi était le beau-frère d'Al-Otaibi, Mohammed Al-Qahtani.

Al-Otaibi demande à ses partisans de fermer les portes de la mosquée et de placer des tireurs d'élite au sommet de ses minarets, qui dominent La Mecque. Pendant ce temps, l'homme identifié comme le Mahdi, qui se croyait sous protection divine, a été rapidement abattu par les forces spéciales saoudiennes lorsqu'il est apparu lors des affrontements sans protection.

Le siège de La Mecque s'est poursuivi pendant 14 jours et s'est achevé par la capture et l'exécution d'Al-Otaibi et de dizaines de ses compagnons d'insurrection survivants.

Bien qu'il n'y ait aucune preuve de l'implication directe de l'Iran dans la prise de la Grande Mosquée, le climat révolutionnaire en Iran a été une source d'inspiration idéologique pour de nombreux mouvements extrémistes et organisations armées au cours de cette période.

La réponse énergique du gouvernement saoudien au siège a envoyé un message clair et sans équivoque aux factions extrémistes : la rébellion et les idéologies violentes ne seraient pas tolérées. Cette stratégie de dissuasion s'est avérée déterminante pour préserver le royaume de nouvelles violences et de nouvelles effusions de sang.

Comment nous l'avons écrit

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Arab News a rapporté la fin du siège, citant 75 "renégats" tués, 135 capturés et 60 soldats saoudiens morts "au service de Dieu".

Mais l'année 1979 cachait un autre choc. Le 25 décembre, un peu plus d'un mois après la fin du siège de La Mecque, les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan.

L'invasion a eu lieu au cours d'une période d'intense instabilité politique dans le pays. En 1978, le président Mohammed Daoud Khan et sa famille ont été renversés et tués par Nur Mohammed Taraki, un communiste.

Le règne de Taraki a été de courte durée : son ancien camarade de parti, Hafizullah Amin, s'est emparé du pouvoir et l'a tué. Les tentatives d'Amin d'aligner l'Afghanistan plus étroitement sur les États-Unis ont incité les Soviétiques à orchestrer son assassinat et à le remplacer par Babrak Karmal, un communiste plus fiable, s'assurant ainsi une direction plus docile.

L'intervention soviétique a été motivée par plusieurs raisons. Sur le plan économique, la richesse en ressources naturelles de l'Afghanistan en faisait une cible de choix. Sur le plan politique, l'invasion visait à soutenir le régime communiste chancelant et à s'assurer qu'aucun gouvernement hostile n'émerge en Afghanistan, un voisin clé dans la sphère géopolitique immédiate de l'Union soviétique.

Cet objectif était particulièrement important dans le contexte plus large de la guerre froide, où les États-Unis s'efforçaient activement de contrer l'influence soviétique en encerclant l'Union soviétique et en freinant ses ambitions expansionnistes.

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Arab News rapporte que le ministre afghan Muhammad Abdo Yamani a exhorté l'Autriche à exiger le départ des forces soviétiques d'Afghanistan et a suggéré un embargo pour faire pression sur leur retrait.

En Afghanistan, l'armée soviétique s'est heurtée à une forte résistance de la part des moudjahidines islamistes, qui bénéficiaient d'un soutien important de la part des puissances internationales, en particulier des États-Unis et de leurs alliés régionaux, et l'intervention s'est finalement avérée vaine.

Pendant dix ans, l'Union soviétique a subi d'importantes pertes humaines et matérielles en Afghanistan, mais n'a pas réussi à reprendre le contrôle et la stabilité politique du pays grâce au système politique qu'elle avait adopté. Ce système manquait de légitimité populaire et ne contrôlait qu'un territoire limité, le reste du pays restant sous le contrôle des forces d'opposition.

Tous ces facteurs ont finalement contraint l'armée soviétique à se retirer d'Afghanistan après près d'une décennie. La guerre civile qui s'ensuivit aboutit à l'arrivée au pouvoir des Talibans en 1996.

L'invasion soviétique de l'Afghanistan a eu des conséquences considérables. Sur le plan géopolitique, elle a révélé les limites de l'armée soviétique, et l'échec en Afghanistan a coïncidé avec le déclin politique et économique interne de l'Union soviétique, son incapacité à rivaliser avec les États-Unis dans la course aux armements et l'éclatement de soulèvements populaires dans les pays qui avaient adopté le modèle socialiste.

En tant que telle, l'invasion est largement considérée comme un facteur majeur ayant contribué à l'effondrement final de l'Union soviétique.

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Les résistants afghans ont repoussé l'invasion soviétique au prix d'un immense sacrifice humain et d'une aide importante de l'Occident, en particulier des États-Unis. On estime à 1,5 million le nombre d'Afghans qui ont trouvé la mort dans ce conflit. (AFP)

La guerre est également devenue un terreau fertile pour les mouvements extrémistes djihadistes. Les Arabes et les musulmans qui ont rejoint la résistance afghane ont trouvé dans le conflit une plateforme unificatrice, attirant des dirigeants et des combattants de plusieurs pays du monde islamique.

À leur retour dans leur pays, ces individus ont apporté avec eux une expertise militaire et des idéologies radicales. Cet environnement a facilité la création d'organisations terroristes, ces vétérans cherchant à reproduire la lutte armée pour renverser les régimes dans leur propre pays.

Le produit le plus marquant de ce phénomène est Oussama ben Laden, né en Arabie saoudite, qui a combattu aux côtés des moudjahidines contre les Soviétiques en Afghanistan. Il a fondé le groupe terroriste Al-Qaida, qui s'est imposé comme une force de premier plan parmi les organisations religieuses extrémistes.

Ben Laden et Al-Qaida ont joué un rôle crucial dans la vague mondiale de terrorisme qui a culminé avec les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis et toutes les répercussions qui en ont découlé. L'invasion de l'Afghanistan par une coalition dirigée par les États-Unis en 2001 et la montée en puissance de groupes terroristes soutenus par l'Iran en Irak après le renversement de Saddam Hussein en 2003, qui ont finalement conduit à la montée en puissance de Daesh, en sont des exemples.

Mohammed Al-Sulami dirige l'Institut international d'études iraniennes (Rasanah).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com