Game over pour le mouvement Ennahdha?

Faut-il, comme le croient certains,  voir dans le mutisme de la communauté internationale un feu vert donné au chef de l’État tunisien pour qu’il aille au bout de son projet qui a pour objectif d’exclure le parti islamiste du pouvoir? (AFP).
Faut-il, comme le croient certains, voir dans le mutisme de la communauté internationale un feu vert donné au chef de l’État tunisien pour qu’il aille au bout de son projet qui a pour objectif d’exclure le parti islamiste du pouvoir? (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 29 juillet 2021

Game over pour le mouvement Ennahdha?

  • À l’exception de la Turquie et d’un dirigeant libyen, aucun pays n’a dénoncé la décision de Kaïs Saïed de suspendre l’ARP
  • La plupart des réactions internationales n'ont pas été à la hauteur des attentes des dirigeants du mouvement Ennahdha

TUNIS: À l’exception de la Turquie et d’un dirigeant libyen, aucun pays n’a dénoncé la décision prise par le président tunisien, Kaïs Saïed, de suspendre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et de limoger le chef du gouvernement. Toutefois, la plupart ont exprimé leur inquiétude, demandant un retour rapide au fonctionnement normal des institutions.

La communauté internationale a-t-elle tourné la page du mouvement Ennahdha? On pourrait le croire, à en juger par les réactions des puissances internationales et régionales devant la décision de Kaïs Saïed, le 26 juillet dernier, de suspendre les travaux de l’assemblée et de remercier le chef du gouvernement, M. Hichem Mechichi. La plupart de ces réactions n'ont pas été à la hauteur des attentes des dirigeants du parti islamiste.

mechichi
Hichem Mechichi. (AFP).

Certes, la déclaration de M. Khaled al-Michri, qui a réprouvé «les coups d'État contre les corps élus et le blocage des processus démocratiques», a dû pleinement les satisfaire. Mais le dirigeant libyen, seule personnalité étrangère à s’être exprimée sur ce qui s'est passé le 26 juillet 2021, n'est que le président de l’un des organes de l'État libyen, le Haut Conseil d'État. Il n’incarne pas l'État lui-même.

D'ailleurs, les deux autres plus importantes personnalités du pays, Abdel Hamid Dbeibé, le Premier ministre, et Mohammed el-Menfi, le président du Conseil présidentiel libyen – auxquels il faut ajouter le président du Parlement de l’est de la Libye, situé à Benghazi –, se sont abstenus de commenter les événements survenus en Tunisie. En revanche, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, a salué le coup porté par le président Saïed contre le mouvement Ennahdha.

La Turquie, principal «sponsor» du mouvement Ennahdha, n'est pas allée aussi loin. Elle s'est contentée de se déclarer «profondément inquiète» et a dit espérer que «la légitimité démocratique soit rapidement restaurée dans le cadre des dispositions de la Constitution tunisienne».

La Qatar, s’est limité quant à lui à «exprimer son espoir que les parties tunisiennes essaient de surmonter la crise par le dialogue».

D'autres pays arabes ont brillé par leur silence, du moins dans un premier temps. C'est par exemple le cas de l'Algérie, qui a toutefois, par divers contacts, envoyé quelques signaux positifs à la Tunisie.

Après un échange téléphonique avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune – à ce jour le seul chef d'État étranger que M. Kaïs Saïed ait appelé depuis l'annonce des mesures du 26 juillet –, la présidence algérienne a publié un communiqué qui indique que, en plus d'un «échange sur les derniers développement en Tunisie», les deux chefs d'État ont discuté «des perspectives des relations tuniso-algériennes et des moyens de les développer».

tunisie
Abdelmajid Tebboune avec son homologue tunisien Kais Saied. (AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY PRESS SERVICE ).

L'Arabie saoudite est allée encore plus loin dans le soutien apporté au président tunisien. Dans un premier temps, l'émir Faisal ben Farhane al-Saoud, son ministre des Affaires étrangères, a réaffirmé «le soutien du Royaume à toutes les mesures qui contribuent à garantir la sécurité et la stabilité de la Tunisie», invitant à «appuyer tout ce qui est de nature à y contribuer».

Mercredi 28 juillet, le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel il a réitéré cette position, demandant «à la communauté internationale de soutenir la Tunisie dans cette période afin de faire face aux défis sanitaires et économiques».

Les pays occidentaux, dont dépend grandement l'évolution de la situation en Tunisie après le coup de force du président Saïed contre le mouvement Ennahdha, ont essentiellement insisté sur la nécessité de respecter les principes démocratiques, ceux des droits humains, de l’État de droit et de la Constitution. Ils appellent à la formation rapide d’un gouvernement, demandent à l’ensemble des forces politiques d’éviter toute forme de violence et recommandent la reprise du fonctionnement normal des institutions dans les meilleurs délais.

Surtout, ces pays se sont abstenus de dénoncer les mesures du chef de l’État tunisien – ce que souhaitaient, sans nul doute, les dirigeants d’Ennahdha. Même l’Allemagne s’est tue, elle qui, après le coup d’État qui avait renversé le président de l’Égypte Mohamed Morsi en 2013, avait évoqué «un échec majeur pour la démocratie» de ce pays.

Faut-il, comme le croient certains, y voir un feu vert donné au chef de l’État tunisien pour qu’il aille au bout de son projet qui a pour objectif d’exclure le parti islamiste du pouvoir? C’est en tout cas l'intime conviction du député Yassine Ayari.

 

 

سأكتب هنا، ولكن ليس لكم، بل للتاريخ، و لضميري. سأبين في هذا المقال، بهدوء و بساطة : - أنه إنقلاب و عسكري - من خطط له و...

Posted by Yassine Ayari on Tuesday, July 27, 2021

Le 27 juillet, sur sa page Facebook, l’ancien blogueur affirme que les grandes puissances ont concocté une sorte de compromis dont les termes seraient les suivants: Ennahdha accepterait de sortir du pouvoir pour «devenir un petit parti d’opposition» qui «accorderait sa confiance au gouvernement du président et lui apporterait son soutien critique». En contrepartie, les grands dossiers qui menacent le mouvement ne seraient pas ouverts. Est-ce vrai? L’avenir nous le dira.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.