Ethiopie: le vent nouveau du nationalisme en région Amhara

Tesfahun Sisay, employé du bâtiment, portant un T-Shirt à a gloire d'un ancien chef de la police controversé de la région Amhara, dans le village de Wereb Michael, près de Bahir Dar, en Ethiopie, le 21 juin 2021. - AFP
Tesfahun Sisay, employé du bâtiment, portant un T-Shirt à a gloire d'un ancien chef de la police controversé de la région Amhara, dans le village de Wereb Michael, près de Bahir Dar, en Ethiopie, le 21 juin 2021. - AFP
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Publié le Lundi 26 juillet 2021

Ethiopie: le vent nouveau du nationalisme en région Amhara

  • En Amhara, chacun connaît le visage d'Asaminew Tsige, chef de la sécurité de cette région qu'il a armée jusqu'aux dents avant d'être tué en 2019 par la police, soupçonné d'une tentative de coup d'Etat local
  • Il est une icône du nationalisme amhara, un mouvement récent mais qui a rapidement prospéré sur fond de conflits interethniques et de guerre au Tigré

BAHIR DAR, ETHIOPIE : Pour aller voter le 21 juin, jour "tant attendu" des élections nationales en Ethiopie, Tesfahun Sisay, petite vingtaine et barbe naissante, n'avait pas choisi sa tenue au hasard: un Tshirt blanc orné du portrait d'un homme, et barré d'une kalachnikov.

En Amhara, chacun connaît le visage d'Asaminew Tsige, chef de la sécurité de cette région qu'il a armée jusqu'aux dents avant d'être tué en 2019 par la police, soupçonné d'une tentative de coup d'Etat local. Il est une icône du nationalisme amhara, un mouvement récent mais qui a rapidement prospéré sur fond de conflits interethniques et de guerre au Tigré.

"J'aime la personne sur mon Tshirt. J'ai bien compris qu'il faisait du bon travail", raconte Tesfahun à l'AFP en sortant du bureau de vote de Wereb Michael, un hameau de bois et de torchis situé près de Bahir Dar, la capitale de l'Amhara.

La kalachnikov, une arme que de nombreux hommes portent en bandoulière dans les campagnes, symbolisait ici la volonté des Amhara, la deuxième ethnie du pays, de se défendre. Ces dernières années, plusieurs massacres les ont ciblés en Ethiopie. Un des derniers en date a eu lieu à Ataye, une localité amhara entourée de villages oromo - la première ethnie, avec laquelle les tensions sont récurrentes -, faisant une centaine de morts en avril.

Berceau historique

Cet incident a déclenché une vague de manifestations à Bahir Dar et dans d'autres villes amhara. A Yohannes, un village accroché à flanc de colline, Asnakew Melkie, un paysan emmitouflé dans une lourde couverture, se désole des violences et des déplacements forcés des "siens".

"Je compatis pour mon peuple, pour le harcèlement (qu'il subit). Cela m'inquiète. Je n'ai pas l'esprit en paix", raconte cet homme de 46 ans, en agitant un mince fouet, enfermé dans sa main noueuse. L'Amhara est une des plus puissantes régions de l'Ethiopie, un Etat fédéral de plus de 110 millions de personnes où la division territoriale s'est faite sur des bases ethniques.

Malgré des statistiques déficientes, on estime que la région, qui compterait quelque 30 millions d'habitants, est majoritairement peuplée d'Amhara. Mais des millions d'entre eux vivent aussi à travers le pays.

Les Amhara considèrent leur région comme le berceau historique de l'Ethiopie, que l'empereur amhara Tewodros II a contribué à unifier et à centraliser au XIXe siècle, et ont gardé un ascendant sur sa politique pendant une bonne partie du XXe siècle. Aujourd'hui encore, l'amharique est la langue nationale.

"L'Ethiopie, c'est notre région. Ce qu'on appelle aujourd'hui la région Amhara, nous n'acceptons pas cela", affirme Belete Molla, le président du Mouvement national Amhara (Nama), le principal parti local d'opposition, né en juin 2018.

Génocide

A l'opposé d'un discours sécessionniste, le Nama appelle à l'unité de l'Ethiopie et dit s'être formé en réaction aux autres nationalismes, comme celui des Oromo. Parmi ses principales revendications, le Nama dénonce le "génocide" qui touche selon lui son "peuple" et demande la réintégration de l'ouest et du sud du Tigré, qui borde le nord de l'Amhara.

Ces terres fertiles, connues sous les noms de Wolkait et de Raya et rattachées au Tigré dans les années 90, sont revendiquées depuis 30 ans par les Amhara, qui ont envoyé leurs forces y combattre aux cotés de l'armée fédérale dès le début de la guerre, en novembre dernier. Les Amhara, impliqués dans d'autres attaques ailleurs en Ethiopie, ont été accusés de procéder à des actes de "nettoyage ethnique" au Tigré.

Ces territoires qu'ils contrôlent désormais sont devenus un enjeu clé du conflit, pour lesquels les Tigréens ont lancé une offensive mi-juillet. Depuis, des milliers de combattants amhara, appartenant aux forces régionales ou à des milices, se sont déployés à la frontière entre les deux régions.

«Notre survie»

Mais le Nama n'a pas le monopole des revendications nationalistes. Le Parti de la Prospérité (PP) du Premier ministre Abiy Ahmed compte une puissante branche amhara, qui dirige la région. Son président, Agegnehu Teshager est une des voix amhara les plus virulentes.

"Le TPLF a proclamé une guerre évidente contre le peuple amhara et nous entamons un combat pour notre survie", a-t-il déclaré en juillet sur Twitter. Pour le chercheur français Mehdi Labzaé, installé en Ethiopie, la branche amhara du PP n'a pas eu d'autre choix que reprendre à son compte les combats du Nama afin d'exister dans le débat politique local.

Lors des élections du 21 juin, le Nama, qui conteste la crédibilité du scrutin, n'a remporté qu'une poignée de sièges face au PP au Parlement fédéral, et a également perdu au Parlement régional.  A l'avenir, "il sera intéressant de voir (…) la mesure dans laquelle les élites du Nama se rapprocheront de celles du PP ahmara, puisqu'ils disent la même chose", conclut Mehdi Labzaé.


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.

 


Le cercueil du pape est arrivé dans la basilique Saint-Pierre

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet. (AFP)
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  • Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe
  • Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel

CITE DU VATICAN: Le cercueil du pape François est arrivé mercredi matin dans la basilique Saint-Pierre, où il sera exposé au public jusqu'à vendredi soir, accompagné par les applaudissements des fidèles présents sur la place.

Le cercueil a été positionné devant l'autel central de la basilique, escorté par des dizaines de cardinaux et de gardes suisses.

Au rythme des cloches de Saint-Pierre sonnant le glas, le cercueil ouvert, escorté de dizaines de cardinaux et de gardes suisses en uniformes chamarrés, a quitté la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où le pape a vécu depuis son élection en 2013 jusqu'à sa mort.

Marchant au pas, la lente procession s'est étirée sur les ruelles pavées du Vatican en direction de l'imposante basilique, où le cercueil ouvert en bois clair, capitonné de rouge, est positionné devant le maître-autel, surplombé de l'impressionnant baldaquin en bronze, chef d'oeuvre du Bernin.

Les chants du choeur de la Chapelle Sixtine résonnaient tout au long du cortège. Le cercueil était porté par des membres du cérémonial du Vatican en costume sombre et encadré par huit gardes suisses armés de hallebardes.

Le pape reposant dans son cercueil porte une mitre blanche et une chasuble rouge, et ses mains enserrent un chapelet.

La cérémonie devrait s'achever vers 10H15 (08H15 GMT).

Ensuite, pendant trois jours, le public pourra défiler devant sa dépouille, mercredi (de 11H00 à 24H00), jeudi (de 07H00 à 24H00) et vendredi (de 07H00 à 19H00).

Dès 08H00 (06H00 GMT) mercredi, des centaines de fidèles étaient massés sur la place pour être parmi les premiers à entrer dans le majestueux édifice, qui ne sera pourtant accessible qu'à partir de 11H00 (09H00 GMT).

Des dizaines de milliers de fidèles sont attendus pour ce dernier hommage. Après le décès de son prédécesseur Benoît XVI le 31 décembre 2022, 200.000 personnes s'étaient recueillies devant sa dépouille avant son enterrement en présence de 50.000 fidèles.

Pour faire face à cet afflux, les autorités ont déployé diverses mesures: barrières métalliques pour canaliser le flot des visiteurs, distribution de bouteilles d'eau, augmentation de la fréquence des bus desservant le Vatican, et renforcement des contrôles de sécurité aux accès de la place Saint-Pierre, par laquelle on accède à la basilique.


Inde: deux insurgés tués par l'armée dans le Cachemire

Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts. (AFP)
Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts. (AFP)
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  • Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays
  • L'armée a indiqué avoir "éliminé deux terroristes" et saisi de grandes quantités d'armes et de munitions

SRINAGAR: Deux insurgés présumés ont été tués lors d'une fusillade dans la partie du Cachemire administrée par l'Inde, a déclaré mercredi l'armée indienne, au lendemain d'une attaque contre des civils qui a fait au moins 26 morts.

Une unité de l'armée indienne, le Chinar Corps, a fait état mercredi d'un "échange de tirs intense" avec des hommes armés, affirmant les soupçonner d'avoir "tenté une infiltration" dans le district de Baramulla, situé à une centaine de kilomètres au nord-est de Pahalgam où a eu lieu la fusillade.

L'armée a indiqué avoir "éliminé deux terroristes" et saisi de grandes quantités d'armes et de munitions.

Depuis leur partition meurtrière en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays.

Dans la partie indienne, une rébellion séparatiste a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis 1989. New Delhi y a déployé un contingent de quelque 500.000 soldats.

Les forces de l'ordre indiennes ont lancé une vaste traque après la fusillade mardi contre un groupe de touristes à Pahalgam, une destination prisée située à environ 90 kilomètres de l'importante ville de Srinagar.

Il s'agit de la plus meurtrière contre des civils en un quart de siècle.

Les combats ont diminué depuis que le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi a révoqué l'autonomie limitée de ce territoire en 2019.