MOGADISCIO: Le mouvement jihadiste Shebab, lié à Al-Qaïda, a mis en garde les hommes politiques participant aux élections en Somalie, qui doivent débuter à la fin du mois, dans un message audio attribué à son chef.
Les élections législatives et présidentielle indirectes dans ce pays instable de la Corne de l'Afrique doivent commencer le 25 juillet par le vote pour le Sénat.
"Nous envoyons (...) un avertissement aux délégués" qui voteront à ces élections, affirme dans un message qui lui est attribué, relayé par des sites pro-Shebab, le chef du groupe rebelle, connu sous le nom d'Ahmed Umar Abu Ubaidah.
Selon le complexe système électoral somalien, des délégués spéciaux investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les parlementaires, qui eux-mêmes désignent le président.
"Ne vous laissez pas duper par les promesses creuses (...) y compris monétaires, ou de secret du vote", affirme l'auteur de ce message, dont la date d'enregistrement n'a pu être établie.
"Apprenez de ceux qui vous ont précédés", ajoute-t-il, dans une possible allusion aux chefs traditionnels qui ont participé aux dernières élections, en 2016, et dont certains ont été ensuite assassinés par des combattants des Shebab.
En avril, la prolongation pour deux ans du mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, qui avait expiré le 8 février, avait provoqué de violents affrontements à Mogadiscio, menaçant le fragile équilibre de ce pays meurtri par la guerre civile.
Début mai, dans un geste d'apaisement, Farmajo a finalement chargé son Premier ministre Mohamed Hussein Roble d'organiser des élections dans les meilleurs délais. Le 27 mai, évoquant "un jour historique", le gouvernement a annoncé, après consultation avec les leaders des régions de cet État fédéral, la tenue des élections 60 jours plus tard.
Les élections pour le Sénat seront suivies par celles de la Chambre basse, la Chambre du peuple, en septembre/octobre, selon un nouveau calendrier électoral publié la semaine dernière.
La Somalie n'a pas tenu d'élections directes et universelles depuis 1969, année où le dictateur Siad Barré a pris le pouvoir par la force.
Le gouvernement de Mogadiscio ne contrôle toujours qu'une faible portion du territoire national, avec l'aide cruciale des quelque 20 000 hommes de la force de l'Union africaine (UA), l'Amisom, agissant sous mandat de l'ONU, qui a chassé les Shebab de la capitale en 2011.