Cannes: Plongée sensible parmi "Les Intranquilles", ces bipolaires et leurs proches

Le réalisateur Joachim Lafosse (à gauche), le jeune acteur Gabriel Merz Chammah, l’acteur Damien Bonnard et l’actrice Leila Bekhti ont foulé le tapis rouge lors de la présentation du film Les intranquilles. PHOTO VALERY HACHE, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le réalisateur Joachim Lafosse (à gauche), le jeune acteur Gabriel Merz Chammah, l’acteur Damien Bonnard et l’actrice Leila Bekhti ont foulé le tapis rouge lors de la présentation du film Les intranquilles. PHOTO VALERY HACHE, AGENCE FRANCE-PRESSE
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Publié le Samedi 17 juillet 2021

Cannes: Plongée sensible parmi "Les Intranquilles", ces bipolaires et leurs proches

  • Le film a été projeté vendredi à Cannes, dernier d'une compétition qui en compte 24
  • Damien (Damien Bonnard) est un père de famille, artiste-peintre vivant confortablement dans un mas provençal avec sa compagne Leïla (Leïla Bekhti) et leur fils Amine. Un foyer semble-t-il heureux, mais en réalité rongé par la maladie

CANNES : La bipolarité détruit le malade comme ses proches. Mais dans ce champ de ruines subsiste parfois l'amour, raconté dans "Les Intranquilles" Joachim Lafosse, qui en sait quelque chose puisque son père en était atteint.

Le film a été projeté vendredi à Cannes, dernier d'une compétition qui en compte 24. Damien (Damien Bonnard) est un père de famille, artiste-peintre vivant confortablement dans un mas provençal avec sa compagne Leïla (Leïla Bekhti) et leur fils Amine. Un foyer semble-t-il heureux, mais en réalité rongé par la maladie.

Comme branché sur 220 volts, toujours au four et au moulin, Damien alterne phases maniaques ou épisodes de dépression. Le traitement au lithium qu'il doit prendre le calme mais le laisse dans les limbes. "J'ai toujours eu envie de raconter ce qu'il se passait à la maison quand j'étais enfant. Mon père a été hospitalisé pour maniaco-dépression (l'autre terme pour la bipolarité, ndlr). Je voulais autant parler de l'entourage que de celui sur lequel on a mis un diagnostic", raconte le réalisateur belge à l'AFP, pour la première fois en lice pour la Palme d'or.

Mais "Les Intranquilles", ce sont aussi les proches: Leïla, qui tente d'aider Damien et de le protéger de lui-même, mais qui d'hospitalisation en en crises a renoncé à sa propre vie. Et leur enfant, fasciné par un père capable de le laisser seul à la barre d'un bateau en pleine mer ou de débarquer à l'école en plein cours pour proposer à toute la classe une sortie, mais qui n'est pas dupe et souffre aussi.

Pour autant, Lafosse, auteur de neuf long-métrages ("A perdre la raison", "L'économie du couple") qui interrogent le lien familial, sa tension et ses noirceurs, a voulu faire un film sur l'amour et "pas sur la bipolarité".

Car au-delà de la maladie, le film montre "cette situation où, dans un couple, il y en a un qui flanche. S'aimer quand on est dans la séduction, qu'on est au plus beau de soi-même, c'est facile. Mais c'est quand on ne peut plus se montrer que la question se pose vraiment. Avant c'est du théâtre".

Rester ou partir

Damien Bonnard, 42 ans, révélé dans "Rester Vertical" d'Alain Guiraudie et qui a joué l'un des policiers dans "Les Misérables" ou un soldat français dans la superproduction "Dunkerque" de Christopher Nolan, s'est totalement et brillamment approprié le rôle, se préparant plusieurs semaines avec des psychiatres.

C'est lui et Leïla Bekhti qui ont proposé de garder leurs vrais prénoms à l'écran, confie le réalisateur. "Je voulais que la fin du film soit juste. Alors je leur ai dit qu'en fonction de leur vécu pendant le tournage, ils décideraient quoi faire, rester ou partir. Je ne le referais pas, ça demande une confiance absolue dans les acteurs... Mais ils ont su donner à la fin du film une justesse infinie", souligne-t-il.

Le film a été tourné en pleine pandémie, comme en témoigne une scène forte où Damien, incontrôlable, déboule à la pâtisserie du village et refuse de mettre le masque. Paradoxalement, Joachim Lafosse a plutôt apprécié, lui, de tourner masqué: "sur un plateau, on remarque beaucoup mes expressions. Quand je ne suis pas content ça se voit tout de suite... Là, personne ne voyait! C'était moins angoissant pour les autres".

Le titre est un clin d'oeil à l'autobiographie du peintre Gérard Garouste, "l'Intranquille", également atteint. "J'ai été très fasciné par mon père et aujourd'hui je suis extrêmement fier de lui. C'est quelqu'un qui n'a plus pris de lithium depuis 25 ans, qui n'a pas rechuté, qui a traversé tout à ça", note le cinéaste de 46 ans.

Peut-on en finir avec la bipolarité? Dans le film, Damien refuse de promettre à Leïla de guérir. Mais au fond, "est-ce qu'on est pas tous malades?", s'interroge Joachim Lafosse. "Il n'y a pas que les bipolaires qui sont intranquilles".


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).