Raphaëlle Macaron, illustratrice libanaise: «L'ironie est une grande partie de ma vie»

Cette image du verre brisé est la première qu'elle a faite sur l'explosion de Beyrouth, un mois après qu'elle s'est produite. (Photo fournie)
Cette image du verre brisé est la première qu'elle a faite sur l'explosion de Beyrouth, un mois après qu'elle s'est produite. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 16 juillet 2021

Raphaëlle Macaron, illustratrice libanaise: «L'ironie est une grande partie de ma vie»

  • La célèbre illustratrice libanaise commente pour Arab News certaines de ses œuvres préférées
  • Son travail porte un regard souvent ironique et humoristique sur la vie moderne, et défend des personnalités culturelles arabes influentes

DUBAÏ: La dessinatrice de bandes dessinées et illustratrice libanaise, Raphaëlle Macaron, est devenue l'une des artistes les plus recherchées de la diaspora arabe. Son œuvre, qui attire le regard, rappelle les illustrations et les couleurs du pop art, les affiches de films égyptiens vintage. Les inspirations de l'artiste née à Beyrouth et basée à Paris vont de l'actualité aux pochettes de disques des années 1960 et 1970. Ses illustrations ont été commandées par The New Yorker, The New York Times, The Washington Post, et Amnesty International, pour ne citer que ceux-là.

L'amour de Macaron pour l'illustration remonte à son enfance et à la collection de bandes dessinées françaises de sa mère, bientôt suivies par les BD de super-héros et les romans graphiques américains.

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L'amour de Macaron pour l'illustration remonte à son enfance et à la collection de bandes dessinées françaises de sa mère. (Photo fournie)

«Ce que j'aime dans les bandes dessinées, c'est surtout qu'elles réunissent deux choses que j'aime le plus – le dessin et la narration», raconte-t-elle à Arab News. Son travail porte un regard souvent ironique et humoristique sur la vie moderne, et défend des personnalités culturelles arabes influentes. Alors, quelles sont les recettes pour créer une bonne illustration? «Le terme ʺillustrerʺ est précis», explique-t-elle. «Il faut illustrer une pensée, un sentiment ou un message politique. Une bonne illustration doit faire passer un message très efficace, parfaitement compréhensible, et créer de l'empathie avec le lecteur.»

L’illustratrice nous parle de certaines de ses œuvres préférées.

Explosion de Beyrouth (2020)

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Cette image du verre brisé est la première que j'ai dessinée sur l'explosion de Beyrouth, un mois après qu'elle s'est produite. L'Orient-Le Jour, le journal francophone libanais, m'a demandé de faire l'illustration. C'était difficile, parce que je n'avais littéralement ni les mots ni les idées pour le faire. Je sentais que ça m’échappait, et j'étais complètement perdue. À l'époque, c'était la seule image que je pouvais proposer, car j’étais incapable d'avoir une ligne directrice ou de porter un message fort. Je me sentais vraiment brisée. Ce qui était particulièrement difficile, étant loin de Beyrouth à ce moment, c'était d'essayer de comprendre la gravité de la situation. Ce qui me manquait le plus, c'était d'être dans la rue, et d’avoir en tête une carte du Beyrouth qui n’existait plus. Dans ma tête, j'avais l'impression que tout était détruit.

Anatomie d'un cauchemar (2020)

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J’ai conçu cette illustration six ou sept mois après l'explosion, après avoir vécu plus longtemps avec cette pensée, ce qui vient apparemment avec le trouble de stress post-traumatique. Ce dessin faisait partie d'un projet appelé Micro-commissions, qui a été lancé par le Beirut Art Center, pour lequel la galerie d’art a demandé à cinq artistes de réaliser des dessins quotidiens de n'importe quel état dans lequel ils se trouvaient. J'étais dans un cycle appelé I Draw The Line Here («Je tire un trait ici»). Il s'agissait évidemment de l'explosion, mais je me rends compte seulement maintenant que cette image n'est pas très éloignée de celle d'Edward Saïd. Il s'agit aussi de la violence intérieure que vous pouvez porter avec vous dans votre vie normale. J'ai l'impression que c'est un thème récurrent dans mon travail: montrer à quel point le paysage intérieur peut être vivant, d’une manière à la fois pesante et enrichissante.

Edward Saïd (2021)

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Ce dessin a été initialement commandé par un magazine trois semaines avant le début des événements en Palestine. Il y avait une perspective dans l'article que j'ai trouvée très émouvante, le sentiment de toujours continuer sa vie avec cette violence et cette pesanteur à l'intérieur de vous-même. En tant qu'expatriée, cela m’a parlé. L'article racontait le conflit intérieur de Saïd, entre sa vie universitaire aux États-Unis et sa vision pragmatique du monde. Il voulait parler de la cause palestinienne en des termes que le peuple américain comprendrait. Par définition, ces termes étaient imparfaits et ne décrivaient pas l’exacte réalité. Ils le dépeignaient comme une personne qui a été déchirée toute sa vie. Je trouvais intéressant de faire apparaître ce contraste, en le montrant seul face à lui-même, dans une lutte intérieure très violente. J'utilise régulièrement des couleurs pour exprimer un contraste pour faire passer un message et ici, Saïd est représenté avec des couleurs froides et calmes, alors que dans son cerveau, tout bouillonne, comme une lumière intense qui surgit. 

Nancy Jazz Pulsations (2021)

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C'était un projet de rêve. Je suis une grande fan de musique, et une collectionneuse de disques obsessionnelle. On m'a demandé de créer l'identité complète de l'édition 2021 de ce festival de musique en France. Il s’agit d’une série de cinq affiches, et celle-ci est la principale. Elles suivent toutes le même principe: un portrait avec des projections sur le visage. Je voulais également profiter de cette opportunité pour parler de mes références musicales. On peut voir Oum Kalthoum, David Bowie, Billie Holiday, Nina Simone, Moondog, Lauryn Hill et Kurt Cobain, qui était mon amour d'adolescente. La typographie est l'une des parties les plus importantes d'une illustration: je dessine toutes les lettres que j'utilise.

Visitez Beyrouth (2018)

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Cette image me fatigue un peu, parce qu'elle a été vue tellement de fois, mais je voulais malgré tout l'inclure dans ma sélection. Je l'ai faite il y a près de quatre ans, dans le cadre d'une exposition personnelle, qui contenait de fausses publicités pour Beyrouth. Elles étaient, pour moi, si manifestement ironiques. Le but de l'exposition était essentiellement d’adopter le point de vue oriental de Beyrouth, comme «ville parfaite» entre l'Est et l'Ouest. Elle a fini par être l'un de mes tirages les plus vendus. Elle a trouvé un écho auprès de beaucoup de gens. J'ai l'impression que cette affiche reflète vraiment l’ambiance de mon travail: l'ironie et l'humour y sont très présents. L'ironie n'est pas seulement une grande partie de mon travail, elle est aussi très présente dans ma vie. 

Warda (2020)

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L'Institut du monde arabe à Paris m'a demandé de créer des affiches pour leur exposition sur les divas arabes. Je devais réaliser des affiches de concerts de trois femmes fortes: Oum Kalthoum, Fairouz et Warda, et c’était comme un rêve. Je me souviens d’avoir assisté aux concerts de Warda, et j'ai été frappée par ses tenues et ses pochettes de disques. Elle avait tellement de coiffures excentriques. Je ne savais pas laquelle choisir. Elle avait juste l'air si impressionnante tout le temps. Je voulais essayer d'intégrer toutes ses coiffures dans une seule composition. J'ai eu beaucoup de plaisir à le faire. La typographie semble provenir d'un film de science-fiction avec un effet en 3D.

Society Magazine (2020)

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C'était la première couverture que j'ai créée pour le magazine Society. Elle me tient à cœur car je l'ai faite durant le premier confinement. C'était censé être le premier numéro après le début du confinement en France, il s’agissait donc d’un moment important pour moi et pour tout le monde. J'ai beaucoup réfléchi à la manière dont je pourrais saisir ce moment dans une scène qui exprime exactement notre rapport à la proximité. J'avais peur de sortir, parce que je ne savais pas à quoi ressemblerait le monde d’après. Nous devions porter des masques, ce qui était une chose folle à l'époque, et qui est devenue maintenant très normale. Ce travail a presque été comme une catharsis. Certaines personnes pensaient que c'était un dessin dramatique. Mais pour moi, c'était une illustration vraiment drôle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


ilmi, le PNU lance un programme d’études muséales

Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
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  • Nouveaux cours de microcertification ouverts à tous les diplômés du secondaire et de premier cycle
  • Le programme comprend des cours d’arabe, d’anglais, en personne, à distance, à long et à court terme

RIYAD : Un nouveau programme d’études muséales en Arabie saoudite a ouvert ses portes pour l’inscription, offrant des cours de microcertification et de longue durée.

Il est le résultat d’un partenariat entre ilmi, un centre d’apprentissage des sciences, de la technologie, de la lecture, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, et l’Université Princess Nourah bint Abdulrahman.

ilmi — qui signifie « mes connaissances » en arabe — est un centre de science et d’innovation qui vise à autonomiser les jeunes en Arabie saoudite.

Une initiative d’ONG philanthropique créée par la princesse Sara bint Mashour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier Mohammed bin Salman, ilmi est incubée, soutenue et financée par la Fondation Mohammed bin Salman, Misk, et opère en partenariat avec Mohammed bin Salman Nonprofit City.

Le programme d’études muséales comprend des microdiplômes, des diplômes, des cours mineurs et des cours au choix.

Il est ouvert aux jeunes diplômés du secondaire et de l’université désireux d’obtenir des postes de niveau d’entrée dans les musées, ainsi qu’aux professionnels à la recherche de nouveaux ensembles de compétences et de carrières.

Créé par ilmi et des experts du PNU d’Arabie saoudite et du monde entier, le programme offre un mélange d’apprentissage en ligne et en personne, ainsi que des options de scolarité en arabe et en anglais.

Les cours de microcrédit combineront l’apprentissage en ligne et en personne et sont offerts aux candidats de plus de 18 ans.

Les cours comprennent des études d’impact sur les musées, l’éducation et la sensibilisation aux musées, une introduction aux technologies muséales, les bases de la gestion des musées et l’intégration de la technologie numérique.

Les cours proposés aux étudiants du PNU comprennent une introduction aux musées facultatifs et aux mineurs spécialisés dans les musées et la technologie numérique, la conception d’expositions et le développement de contenu.

Un diplôme de deux ans en gestion de musée sera également disponible pour les étudiants du PNU et les jeunes diplômés du secondaire.

Les inscriptions pour le premier cours en ligne sur les microtitres de compétences commencent ce mois-ci : Principes fondamentaux de la gestion des musées.

Tous les autres cours de microdiplômes auront lieu en mai et juin, avec les programmes de diplôme, mineur et électif commençant en septembre au début de l’année académique 2024/25.

Les diplômés du programme peuvent également postuler pour travailler aux côtés d’experts ilmi alors qu’ils conçoivent et lancent des programmes d’apprentissage uniques et informels à travers le Royaume.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire, cliquez ici.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Saudi Cinema Encyclopedia imprime le premier lot de livres de cinéma

L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
L’objectif des livres est d’améliorer les connaissances des cinéastes. (Fournie)
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  • Lancement initial de 22 titres dans le cadre du plan de sortie de 100 livres d’ici la fin de l’année
  • La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Saudi Film Festival, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année

RIYAD : L’Encyclopédie du cinéma saoudien, une initiative lancée par la Saudi Cinema Association, débutera avec une première sortie de ses 22 premiers livres, écrits par un groupe international d’auteurs, comme premier lot de publications.

Le projet vise à publier 100 livres dans sa première année, publiés par la maison d’édition Josour Al-Thaqafah.

La première série de sorties sera disponible au public lors du 10e Festival du film saoudien, qui se tiendra du 2 au 9 mai de cette année.

L’objectif est d’établir un programme périodique pour la production de livres en arabe afin d’élever l’industrie cinématographique du Royaume d’amateur à une région connue pour son professionnalisme et sa spécialisation.

Abdulwhab Aloryad, directeur de la rédaction de l’Encyclopédie du cinéma saoudien et du bulletin du Festival du film saoudien « Saafa », a déclaré à Arab News que les livres ont été publiés pour améliorer les connaissances des cinéastes.

« Cette encyclopédie vise à ajouter à ce que le Saudi Film Festival a commencé et à être un contributeur actif dans le cinéma saoudien, renforçant les convictions des organisateurs du festival et leurs efforts pour créer une industrie cinématographique compétitive au niveau mondial », a-t-il déclaré.

« La série continuera d’être une icône dans la connaissance du cinéma, avec ses objectifs centraux de dévoiler les talents saoudiens et arabes dans la paternité, en présentant les derniers nouveaux livres en arabe, et le transfert de connaissances spécialisées dans ce domaine de diverses autres langues vers l’arabe pour être accessible à ceux qui s’intéressent à l’industrie cinématographique. »

« Depuis son lancement en 2008, le Saudi Film Festival a cru en son rôle authentique dans le développement culturel et intellectuel destiné aux professionnels de l’industrie cinématographique. Il s’est concentré sur le projet de connaissance et a conduit la roue de la création et de la traduction dans tous les domaines liés à l’industrie cinématographique afin d’élever toutes les étapes de l’industrie cinématographique.

« Partant de cette conviction, le festival a adopté un programme périodique pour la production de livres, présentant plus de 50 livres dans ses éditions précédentes qui mettent en lumière divers aspects de l’industrie cinématographique. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'image d'une Palestinienne avec sa nièce décédée remporte le World Press Photo

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays (Photo, Worldpressphoto).
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  • Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile
  • Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille

AMSTERDAM: L'image poignante d’une Palestinienne endeuillée tenant dans ses bras sa petite nièce, tuée lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo.

Le cliché de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montre Inas Abu Maamar berçant le corps de sa nièce de cinq ans, Saly, tuée avec sa mère et sa sœur par un missile qui a frappé leur maison à Khan Younis en octobre.

Le photographe se trouvait à l'hôpital Nasser de Khan Younis le 17 octobre lorsqu'il a vu à la morgue Inas Abu Maamar, 36 ans, en larmes, tenant fermement dans ses bras le corps de la petite fille enveloppé dans un tissu blanc.

La photo a été prise 10 jours après le début du conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

"C'était un moment puissant et triste et j'ai senti que l'image résumait au sens large ce qui se passait dans la bande de Gaza", a déclaré M. Salem, cité dans un communiqué du World Press Photo, prestigieux concours de photojournalisme.

"C'est une image vraiment profondément touchante", a affirmé Fiona Shields, présidente du jury. "Une fois que vous l'avez vue, elle reste en quelque sorte gravé dans votre esprit".

Message littéral et métaphorique

L'image est "comme une sorte de message littéral et métaphorique sur l'horreur et la futilité du conflit" et représente "un argument incroyablement puissant en faveur de la paix", a-t-elle ajouté.

La Sud-Africaine Lee-Ann Olwage, en tournage pour le magazine GEO, a remporté le prix "Histoire de l'année" avec son portrait intime d'une famille malgache vivant avec un parent âgé souffrant de démence.

"Cette histoire aborde un problème de santé universel à travers le prisme de la famille et des soins", ont déclaré les juges.

"La série d'images est composée avec chaleur et tendresse, rappelant au public l'amour et l'intimité nécessaires en période de guerre et d'agression dans le monde entier", ont-ils ajouté.

Le photographe vénézuélien Alejandro Cegarra a remporté le prix du projet "long terme" avec ses images monochromes de migrants et de demandeurs d'asile tentant de traverser la frontière sud du Mexique, prises pour le New York Times/Bloomberg.

Ayant lui même une expérience de migrant, M. Cegarra "a offert une perspective sensible centrée sur l'humain", mettant en avant la résilience des migrants, selon le jury.

Dans la catégorie "format ouvert", l'Ukrainienne Julia Kochetova a gagné avec son site Internet qui "associe le photojournalisme au style documentaire personnel d'un journal intime pour montrer au monde ce que signifie vivre avec la guerre comme réalité quotidienne".

Les photos primées en 2024 ont été sélectionnées parmi 61.062 candidatures présentées par 3.851 photographes de 130 pays. Les photos sont exposées dans l'église Nieuwe Kerk d'Amsterdam jusqu'au 14 juillet.