CANNES : Dix-huit ans après son film "Buongiorno, notte" sur l'affaire Aldo Moro, le réalisateur italien Marco Bellochio remet en scène cet épisode traumatique de l'histoire italienne, l'assassinat du chef de la Démocratie chrétienne en 1978 par les Brigades rouges, pour tourner, à 81 ans, sa première série télévisée.
Intitulée "Esterno Notte" (Extérieur nuit en français), la série, sur un scénario écrit par Marco Bellochio, est coproduite par les chaînes publiques italienne Rai, franco-allemande Arte et le producteur romain Lorenzo Mieli, selon un communiqué diffusé en marge du festival de Cannes. Elle sera tournée en six épisodes à Rome, a précisé Arte.
Le cinéaste, régulièrement sélectionné à Cannes et qui a été membre du jury en 2007, doit recevoir samedi une Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, une distinction attribuée également cette année à l'actrice américaine Jodie Foster.
Hors compétition cette année sur la Croisette, il présente un long-métrage documentaire aux accents autobiographiques, "Marx peut attendre", dans lequel il fait revivre l'histoire de son frère jumeau, Camillo, 29 ans et son suicide en 1968 dans une Italie dont il reconstitue l'époque.
Considéré comme un des cinéastes italiens les plus engagés politiquement, classé à gauche, il s'attaque depuis les années 70 à plusieurs institutions en décrivant leurs violences et leurs injustices, et a été l'un des premiers à évoquer la terrible décennie des Années de plomb qui a vu la violence de groupuscules d'extrême gauche répondre à la stratégie de la tension orchestrée à droite.
L'enlèvement le 16 mars 1978 d'Aldo Moro par les Brigades rouges, et son assassinat le 9 mai, reste un souvenir qui hante la mémoire collective des Italiens. D'autant que, plus de 40 ans après, cette affaire garde encore de nombreuses zones d'ombre.
L'homme d'État, qui fut cinq fois chef du gouvernement, fut retrouvé mort dans le coffre d'une voiture abandonnée dans une ruelle de la capitale, à équidistance entre les sièges de la Démocratie chrétienne (DC) et du Parti communiste, une fin tragique qui bouleversa l'opinion italienne et ouvrit une période de grave crise institutionnelle.
Aldo Moro venait de conclure un "compromis historique" avec les communistes pour former un gouvernement de coalition afin d'affronter une situation économique difficile et combattre le terrorisme.