NEW YORK: Les grandes banques américaines ont engrangé de gros profits au deuxième trimestre alors que l'économie aux États-Unis continue à rebondir après le coup d'arrêt lié à la pandémie, les clients dépensant allégrement mais hésitant encore à emprunter massivement.
Au plus fort de la propagation de la Covid-19 l'an dernier, les établissements de Wall Street avaient mis des dizaines de milliards de dollars de côté pour faire face aux éventuels impayés des particuliers et entreprises.
Mais les faillites redoutées ne se sont pas concrétisées dans les proportions attendues. Et JPMorgan Chase, Citigroup, Bank of America et Wells Fargo, les quatre plus grandes banques de détail aux États-Unis, ont pu relâcher au total plus de 9 milliards de dollars de réserves au deuxième trimestre.
"Les vaccinations, combinées au soutien continu de mesures budgétaires et monétaires, ont favorisé une reprise complète et rapide et un retour à la santé économique", a résumé le PDG de Bank of America, Brian Moynihan, lors d'une conférence téléphonique mercredi.
"Même si nous nous attendons à ce que les dettes non payées augmentent à un moment donné, nous continuons à voir des tendances solides dans toutes nos activités", a relevé de son côté le directeur général de Wells Fargo, Charlie Scharf.
L'amélioration du crédit a dopé les bénéfices des banques, qui ont atteint 11,9 milliards de dollars chez JPMorgan, 6,2 milliards chez Citigroup, 9 milliards chez Bank of America et 6 milliards chez Wells Fargo.
La banque d'affaires Goldman Sachs, profitant aussi du rebond de l'économie, a pour sa part gagné 5,3 milliards.
"La pandémie est en quelque sorte derrière nous", a commenté le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon.
Encouragés par la hausse de la valeur de leur maison et de leurs actions ainsi que par l'augmentation de leurs revenus et de leur épargne, les consommateurs "sont impatients" de dépenser, a-t-il estimé.
Les entreprises sont parallèlement "en bonne forme" et "ne sont pas endettées outre mesure", a ajouté M. Dimon.
Reste à savoir si les clients vont commencer à emprunter plus.
Irrégularité de la reprise
Si les particuliers ont généralement dépensé plus en restaurant, voyage et vêtements, ils remboursent aussi avec plus d'empressement. Avant que les banques ne puissent leur facturer des frais.
Chez Bank of America par exemple, les montants déboursés par carte de crédit par les particuliers ont augmenté de 46% mais les montants non remboursés sur ces mêmes cartes ont reculé de 15%.
Les taux d'intérêt restent dans le même temps à un faible niveau, comme décidé par la Banque centrale américaine pour stimuler la reprise.
Résultat: les établissements financiers gagnent moins d'argent sur les emprunts qu'elles accordent à leurs clients, ce qui pèse sur leurs revenus.
Le chiffre d'affaires de Bank of America a reculé de 4%, celui de Citigroup de 12%, et celui de JPMorgan Chase de 8%.
La tendance devrait s'améliorer, a assuré M. Moynihan, notamment car "les entreprises ont besoin de gonfler leurs stocks et d'embaucher pour répondre à la demande croissante des consommateurs".
"Comme le reste du secteur bancaire, Bank of America est à l'entracte entre le premier acte (bénéfices sur la qualité du crédit et les marchés) et le deuxième acte (amélioration des activités de prêts), même si l'entracte est un peu plus long que prévu", ont résumé dans une note les analystes de Wells Fargo.
Du côté de la banque d'affaires, les géants de Wall Street ont en général vu les revenus générés par leurs courtiers reculer par rapport à la même période en 2020, alors marquée par une très forte volatilité. De 28% chez JPMorgan Chase, de 32% chez Goldman Sachs, de 12% chez Bank of America.
Mais les banquiers chargés de conseiller les entreprises sur les opérations de fusions-acquisitions ou les entrées en Bourse ont été plus sollicités, en particulier chez JPMorgan et Goldman Sachs.
S'ils se montrent optimistes, les dirigeants des banques américaines restent malgré tout sur leurs gardes face à la Covid.
"Nous devons rester conscients de l'irrégularité de la reprise économique dans le monde", a ainsi relevé Jane Fraser, la patronne de Citigroup, en mettant en avant les difficultés de distribution du vaccin.