WASHINGTON : La banque centrale américaine a annoncé jeudi que les grandes banques américaines avaient réussi haut la main les tests de résistance, permettant la levée des restrictions imposées pendant la pandémie sur les versements de dividendes et de rachats d'actions.
Concrètement, les banques comme JPMorgan Chase, Wells Fargo et Bank of America, vont pouvoir dépenser prochainement des dizaines de milliards de dollars en dividendes et rachats d'actions et ainsi faire plaisir à leurs actionnaires.
"Toutes les 23 grandes banques testées disposaient de montants en capitaux bien supérieurs à ceux exigés au vu des risques", a indiqué la Réserve fédérale (Fed) dans un communiqué.
Par conséquent, ajoute-t-elle, "les restrictions supplémentaires mises en place pendant le Covid vont prendre fin", le 30 juin "conformément" à ce qui avait été annoncé le 25 mars dernier.
La Fed avait imposé ces restrictions il y a un an, invoquant alors la nécessité de conserver du capital pendant la crise.
Elle interdisait à ces grands établissements de procéder à des programmes de rachats d'actions et plafonnait les versements de dividendes aux actionnaires.
Cette mesure devait s'achever initialement fin décembre 2020. Elle avait été allégée mais prolongée dans un premier temps, jusqu'au 31 mars, puis jusqu'à fin juin.
"Au cours de la dernière année, la Réserve fédérale a effectué trois tests de résistance avec plusieurs récessions hypothétiques et tous ont confirmé que le système bancaire est solidement positionné pour soutenir la reprise économique en cours", a justifié le vice-président chargé de la supervision de ces tests, Randal Quarles, cité dans le communiqué.
Les tests de résistance avaient été mis en place par la loi Dodd-Frank après la crise financière de 2008.
Jusqu'à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, ils étaient généralement réalisés qu'une seule fois par an.
Protection
L'annonce de jeudi signale une forme de normalisation après la crise survenue l'an passé en raison de la propagation du Covid-19 qui avait paralysé non seulement l'économie américaine mais aussi l'économie mondiale.
Les tests évaluent la résilience des grandes banques en estimant leurs pertes, leurs revenus ou encore leurs niveaux de fonds propres, qui fournissent une protection dans des conditions hypothétiques et sur une période de neuf trimestres à venir.
Les résultats dévoilés jeudi "montrent clairement que les plus grandes banques du pays ont des bilans solides et sont restées fortement capitalisées tout au long de la pandémie", s'est félicité le directeur de la fédération représentant les banques américaines ABA, Rob Nichols.
Après avoir aidé leurs clients pendant la crise sanitaire, "elles vont continuer à faire leur part pour stimuler la reprise économique en cours dans le pays", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Pour ces derniers tests, la Fed avait pris comme base une grave récession mondiale combinée à des tensions importantes sur le marché de l'immobilier commercial et de la dette des entreprises.
Dans ce scénario, le taux de chômage augmentait de 4 points de pourcentage pour atteindre un sommet de plus de 10% alors que la Fed table actuellement sur un taux de chômage de 4,5% à fin 2021.
Le produit intérieur brut chutait, lui, de 4% entre le quatrième trimestre 2020 et le troisième trimestre 2022.
Et les prix des actifs baissaient fortement, "avec une baisse de 55% des cours des actions".
Sur la base de ces éléments catastrophiques, "les 23 grandes banques perdraient collectivement plus de 470 milliards de dollars, dont près de 160 milliards de dollars de pertes liées à l'immobilier commercial et aux prêts aux entreprises", détaille la Fed.
"Cependant, leurs ratios de capital chuteraient à 10,6%", ce qui resterait plus du double du taux minimum requis.