DJEDDAH : Dimanche a vu le prix du pain doubler en Syrie et celui du diesel quasiment tripler, symptômes d’une crise de liquidités qui accable le régime d'Assad après dix ans de guerre civile et de sanctions occidentales.
Damas augmente régulièrement le prix du carburant depuis quelques années pour faire face au manque de cash. La hausse s’ajoute au 25 % décrétés la semaine dernière.
Pour amortir le choc, le président Bachar Assad a émis un décret qui augmente de 50 % la feuille de paie du secteur public et fixe le salaire mensuel minimum à 71 515 livres syriennes ($ 28 selon le taux officiel), contre 47 000 livres ($ 18). De plus, le décret augmente les rentes de retraite du secteur public et militaire de 40%.
Le moyen de financement des hausses n’a pas été précisé.
Un économiste à Damas estime que «tant qu'il n'y a pas de fonds qui entrent» et que la crise s'aggrave, le gouvernement va poursuivre l’augmentation des prix.
RAPIDE
Le régime de Bachar Assad augmente régulièrement le prix du carburant depuis quelques années pour faire face à la crise fiscale. La hausse s’ajoute au 25 % décrétés la semaine dernière.
Les Syriens vont désormais payer 500 livres pour un litre de diesel, contre les 180 livres déboursés par la majorité des secteurs.
Moustapha Haswiya, de la société d'État syrienne pour le stockage et la distribution des produits pétroliers, explique que la Syrie importe 80% de ses besoins en hydrocarbures à l’aide de devises étrangères.
«Augmenter les prix est devenu nécessaire afin de réduire la facture des importations», affirme-t-il.
Le prix du pain subventionné a doublé pour atteindre les 200 livres syriennes. La Fondation syrienne des boulangeries, gérée par l'État, précise que la hausse du diesel a contribué à la nouvelle étiquette.
«Nous nous attendions à (ces hausses). Nous craignons à présent de nouvelles augmentations des prix de (...) la nourriture et des médicaments», se désole Wael Hammoud, 41 ans, un habitant de Damas.
Le quotidien Al-Watan, loyal au régime, a annoncé dimanche que la hausse du diesel va entraîner «une augmentation du coût du transport» de plus de 26%.
Les coûts de production seront également revus à la hausse dans les secteurs agricole et industriel, ajoute-t-il.
Le coût du chauffage résidentiel devrait bondir «de 178%».
L'économie syrienne est ravagée, victime d’une décennie de guerre, de sanctions occidentales, de corruption généralisée et, plus récemment, de la grave crise économique et financière dans le Liban voisin.
La dernière augmentation de salaire remonte à novembre 2019.
Le dollar américain se négocie à près de 3 200 livres sur le marché noir, et le taux officiel est de 2 500 livres.
Près de 80% des Syriens vivent dans la pauvreté, et 60% sont en situation d'insécurité alimentaire, la pire de l’histoire de la Syrie, selon les Nations Unies.
(Avec AP)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com