Dans le nord-ouest de la Syrie, on s'éclaire à l'électricité turque

Le personnel d'une compagnie d'électricité syrienne a installé un compteur dans la ville d'Idlib, dans le nord-ouest des rebelles. La connexion à l'électricité turque a changé la vie de nombreuses personnes dans la ville d'Idlib (AFP)
Le personnel d'une compagnie d'électricité syrienne a installé un compteur dans la ville d'Idlib, dans le nord-ouest des rebelles. La connexion à l'électricité turque a changé la vie de nombreuses personnes dans la ville d'Idlib (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 11 juillet 2021

Dans le nord-ouest de la Syrie, on s'éclaire à l'électricité turque

  • Cette nouvelle donne illustre une fois encore l'influence dont jouit Ankara dans le nord de la Syrie, où les habitants utilisent au quotidien des puces téléphoniques turques et peuvent payer leurs transactions avec la livre turque
  • Les habitants dépendent de groupes électrogènes privés coûteux qui alimentent leur quartier et dont l'efficacité est limitée, avec seulement quelques heures d'électricité par jour

IDLEB : Dans sa pâtisserie d'Idleb, Abou Imad aligne les gâteaux dans ses vitrines, sans craindre une coupure de courant qui viendrait éteindre ses réfrigérateurs: une compagnie alimente désormais le nord-ouest de la Syrie depuis la Turquie voisine.

Cette nouvelle donne illustre une fois encore l'influence dont jouit Ankara dans le nord de la Syrie, où les habitants utilisent au quotidien des puces téléphoniques turques et peuvent payer leurs transactions avec la livre turque.

C'est aussi un soulagement pour la population de la région d'Idleb, dominée par des jihadistes et des rebelles, où la guerre a détruit depuis 2011 une grande partie du réseau électrique.

Les habitants dépendent de groupes électrogènes privés coûteux qui alimentent leur quartier et dont l'efficacité est limitée, avec seulement quelques heures d'électricité par jour. Certains ont aussi installé un générateur à leur domicile ou des panneaux solaires sur le toit.

"L'électricité, c'est le nerf de mon commerce: sans elle, je ne peux pas travailler", confie Abou Imad, 31 ans, entre deux clients venus acheter une glace dans sa boutique, sur une place animée de la ville d'Idleb.

Lorsqu'il dépendait du générateur de son quartier, il devait éteindre ses réfrigérateurs et limiter sa production pour éviter le gaspillage.

Désormais, Green energy -- une entreprise syrienne basée dans la province d'Idleb et qui réhabilite les lignes électriques et autres infrastructures -- fournit plus de 15 heures de courant quotidien aux commerces, et dix heures aux particuliers.

"Avant on préparait seulement un ou deux types de pâtisseries, mais on a recommencé à diversifier notre production et à remplir les frigidaires, parce qu'on peut les faire fonctionner", se réjouit Abou Imad.

«Entreprise prestataire»

Dans les rues, les employés de Green Energy, vêtus de vestes jaunes frappées de son logo, sont souvent aperçus en train d'installer de nouveaux compteurs.

Créée en 2014, la compagnie a commencé en mai à fournir aux habitants l'électricité acheminée de Turquie. Pour cela, elle a obtenu le feu vert des autorités turques, qui ont installé de leur côté de la frontière une station de transfert, explique le directeur de Green Energy, Oussama Abou Zeid.

Pour le moment, seules les zones densément peuplées sont desservies. A mesure que le réseau sera réhabilité, le service pourra être étendu, juge M. Abou Zeid.

Pour une consommation électrique qui permet de faire fonctionner l'éclairage, un ventilateur et le réfrigérateur, un foyer doit débourser en moyenne de 75 à 100 livres turques par mois -- ce qui représente environ un quart d'un bas salaire à Idleb.

L'électricité venue de Turquie permet aussi à certains services publics de fonctionner, "comme les stations d'eau, des établissements de santé, des hôpitaux, mais aussi des boulangeries, des centres de stockage céréaliers", souligne M. Abou Zeid.

La compagnie, qui "prend en charge la réhabilitation du réseau, des lignes moyenne tension et les postes de transformation", n'a pas d'affiliation politique et ne reverse aucun de ses bénéfices à une faction ou un groupe jihadiste, dit-il.

«Bénéfice stratégique»

Outre son déploiement militaire dans le nord de la Syrie, la Turquie a aussi érigé un semblant de protectorat en installant une administration civile et multipliant les investissements dans des secteurs frontaliers comme Azaz, Jarablos, ou encore Afrine.

Dans ces zones, dont certaines ont été conquises lors de son offensive "Bouclier de l'Euphrate" en 2016, on trouve des bureaux de la poste turque, des écoles où sont enseignées la langue turque et des agences de l'opérateur mobile Turk Telekom.

Même si cette présence n'est pas aussi importante à Idleb, des ONG turques ont entamé la construction de véritables cités en blocs de béton près de la frontière, pour remplacer les tentes de fortune des camps de déplacés informels.

Environ 15000 maisonnettes en parpaing, toutes d'une superficie de 24 m2, ont déjà été érigées par l'ONG turque IHH, a annoncé son directeur, cité par l'agence turque Anadolu. A terme l'objectif est de construire 50 000 unités avec l'aide des autres ONG présentes, a-t-il assuré.

Pour Dareen Khalifa, de l'International Crisis Group (ICG), "l'investissement" d'Ankara à Idleb "sur le plan militaire ou financier" vise surtout à empêcher un nouvel afflux de Syrien vers la Turquie, qui accueille déjà environ 3,6 millions de réfugiés.

"La Turquie n'a pas les moyens, économiquement ou politiquement, d'absorber une nouvelle vague de réfugiés", remarque-t-elle.

"Le bénéfice est stratégique", selon elle: "maintenir le statu quo et garder les Syriens à Idleb, de l'autre côté de la frontière."


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.