Mohamed al-Turki: «La scène créative en Arabie saoudite est dynamique, très authentique et ambitieuse»

Mohamed al-Turki. (Photo fournie, Mehdi Picture)
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

Mohamed al-Turki: «La scène créative en Arabie saoudite est dynamique, très authentique et ambitieuse»

  • À l’occasion du festival de Cannes, le producteur saoudien a été nommé président du comité du festival international de la mer Rouge
  • Le producteur, très sollicité au festival de Cannes, a fait sensation dès son arrivée au pavillon saoudien

CANNES: Son travail acharné, son engagement et son talent l’ont mené au firmament d’Hollywood, dans lequel il évolue depuis plus de dix ans. Mohamed al-Turki est aujourd’hui l'un des plus grands producteurs de la péninsule Arabique. À l’occasion du festival de Cannes, le producteur saoudien a été nommé président du comité du festival international de la mer Rouge (qui se tiendra en décembre prochain à Djeddah), un nouveau défi pour le producteur de 35 ans, mais surtout une énième reconnaissance de son travail. Si Mohamed al-Turki ne cache pas son sentiment de fierté, son humilité est flagrante. Le producteur, très sollicité au festival de Cannes, a fait sensation dès son arrivée au pavillon saoudien. Nous l’avons rencontré pour une interview exclusive.

Après ces mois compliqués pour le monde de la culture en raison de la pandémie, que ressentez-vous d’être ici au festival de Cannes? 

Comme vous le savez, c'est l'un de mes festivals préférés, j'y viens depuis dix ou onze ans. Je suis là aujourd'hui pour représenter mon pays, l’Arabie saoudite. Lors de la soirée d'ouverture, quand je me suis rendu au Palais des festivals, on m’a présenté comme président du comité du festival de la mer Rouge, un moment de grande fierté. C'était génial d'être au Palais avec le soutien de mon pays, avec tout ce qui bouge en Arabie saoudite. La Vision 2030 entraîne de merveilleux bouleversements culturels. C'était vraiment un grand moment aussi pour le monde du cinéma, être au Palais en présence du jury, dont les membres sont une fierté arabe, avec le président Spike Lee, Tahar Rahim, et Maggie Gyllenhaal. Assister à l’hommage à Jodie Foster a aussi été un véritable honneur. C'est agréable de voir un large public venu célébrer le 7e art. J’ai vécu un moment de grande fierté.

Peut-on espérer un jour voir un film saoudien en compétition officielle, voire obtenir la Palme d’or?

Oui, j’en suis convaincu! Nous avons de jeunes Saoudiens talentueux et merveilleux, la scène créative en Arabie saoudite est dynamique, très authentique et ambitieuse. Nous possédons quelques talents saoudiens qui arrivent d’ailleurs cette semaine. L’Arabie saoudite a déjà remporté plusieurs prix avec Haifaa al-Mansour à la Mostra de Venise. Haifaa a été la première femme saoudienne à être membre du jury à Cannes. La Libanaise Nadine Labaki a été présidente du jury de la sélection Un certain regard en 2019. Nous pouvons être fiers de beaucoup d’Arabes, mais nous sommes encore une industrie nouvelle, et nous continuerons à évoluer. Je peux citer des exemples, comme la scénariste-réalisatrice tunisienne, Kaouther ben Hania, avec son long-métrage L'homme qui a vendu sa peau (2020). C'est un film incroyable. D’autres films sont fantastiques, et ce n’est qu’un début. Vous allez pouvoir constater de vos yeux les prochaines étapes importantes.

L’industrie cinématographique en Arabie saoudite connaît en effet un véritable dynamisme. Pensez-vous donc que le cinéma saoudien va vivre son âge d’or ces prochaines années son âge d’or?

Évidemment qu’il va vivre son âge d’or, et grâce au soutien de l’Arabie saoudite et de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, je pense que nous verrons beaucoup d’entrées à l’Académie et à l’Association hollywoodienne de la presse étrangère. J’espère que nous allons remporter des prix importants au niveau international et réussir à mondialiser notre travail.

Vous êtes président du comité du festival de la mer Rouge qui se tiendra en décembre prochain à Djeddah, comment cet événement pourra-t-il donner une nouvelle impulsion à l’industrie florissante du Royaume?

Bien sûr, ce dynamisme va stimuler l'industrie florissante en soutenant toute la jeunesse locale. Nous pourrons grâce à cette plate-forme traverser le monde, et faire découvrir aux amoureux des salles toutes nos histoires, parce que le cinéma, comme vous le savez, est une forme d'art universelle, et cela permettra de tisser des liens plus profonds. C'est merveilleux que cela se produise dans la ville historique qui se trouve sur le magnifique site du patrimoine de l'Unesco. Les  gens se rendront en Arabie saoudite, et pourront apprécier les bijoux et les joyaux cachés du Royaume.

Vous avez travaillé avec de grands noms du cinéma, et jusqu’ici, vous vous êtes beaucoup adressé à un public occidental. Aujourd’hui, souhaitez-vous privilégier des projets qui toucheront davantage le public oriental, et plus spécifiquement saoudien?

Je souhaite me concentrer sur différents projets. Je suis un cinéaste qui aime partager des histoires humaines. Tous mes films traitent de problèmes sociaux importants. Dans Arbitrage, avec Richard Gere, il était question de la crise financière, dans At Any Price, il s’agissait de la crise agricole avec Zac Efron, puis mon film le plus récent avec Garry Oldman, Crisis, s’est concentré sur la crise des opioïdes, qui est aujourd’hui la deuxième cause de décès en Amérique, après la Covid-19.

AlUla est sous les feux des projecteurs, de nombreux réalisateurs de par le monde ne cachent pas leur intérêt pour exploiter ce joyau culturel aux paysages époustouflants. Comment expliquez-vous un tel intérêt pour certains sites en Arabie saoudite? 

Avec le festival de la mer Rouge, la fondation et la Commission cinématographique saoudienne, nous travaillons sur un merveilleux programme d'incitation fiscale pour amener tous ces cinéastes à tourner dans le Royaume, et à montrer de merveilleux endroits comme le site d’AlUla. Quelques films hollywoodiens ont été tournés dans le Royaume, les frères Russo ont filmé quelques scènes du film Cherry en Arabie saoudite, et c'est un gros succès Apple+. Nous tournons actuellement un film intitulé Kandahar avec Gerard Butler en Arabie saoudite, et il y d’autres films prévus, ce n'est donc que le début de beaucoup de choses incroyables.

Quels sont donc ces projets? Peut-on en savoir davantage?

Ah ça… Attendez de voir [haha]

Est-il difficile de dénicher des acteurs expérimentés, des talents en Arabie saoudite?

Que ce soit en Arabie saoudite ou aux États-Unis, trouver le bon casting est toujours un défi, et je suis sûr que nous aurons de grands talents à faire découvrir, car avant même l’ouverture des cinémas dans le pays, j'étais soutenu en Arabie saoudite, le pays était déjà un vivier de créateurs, Haifaa al-Mansour a présenté Wadjda partout dans le monde sans aucune salle de cinéma en Arabie, donc la scène créative a toujours été unique. Elle a toujours été là, et maintenant avec un soutien important, vous pourrez constater tous ces changements culturels, et oui, vous verrez des Saoudiens incroyables partout.

Un message pour les jeunes talents qui aimeraient marcher dans vos pas?

N'abandonnez jamais vos rêves, et ne prenez jamais un non pour une réponse définitive, et vous pourrez y arriver un jour!


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.