KHARTOUM : Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a affirmé mardi à Khartoum que l'accord de paix de Juba, paraphé par les autorités soudanaises de transition et plusieurs mouvements rebelles, « crée un nouvel Etat soudanais et remédie aux injustices du passé ».
Après des mois de négociations, cet accord a été paraphé lundi lors d'une cérémonie à Juba, au Soudan du Sud. Il doit mettre un terme à 17 années de conflits qui ont fait des centaines de milliers de morts, essentiellement dans les premières années, en particulier au Darfour (ouest), selon l'ONU.
« La paix reste le rêve des Soudanais. Ce qui a été accompli dans la première phase est une grande réalisation historique. Cela nous place dans la bonne direction et renforce notre détermination à poursuivre le chemin vers la paix », a déclaré Hamdok à la presse en arrivant mardi à Khartoum.
La date de la signature officielle de l'accord n'a pas été annoncée.
Le Front révolutionnaire soudanais (FRS), composé de quatre organisations politiques et de cinq mouvements armés ont apposé leur paraphe, en comptant la faction de l'Alliance des forces de libération du Soudan (AFLS) de Tahir Hajar qui a fait sécession en 2017 de la faction SLA-AW du Mouvement de Libération du Soudan (MLS).
Deux groupes ont refusé jusqu'à présent de se joindre à l'accord : le SLA-AW d'Abdelwahid Nour et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLA-N) d'Abdelaziz al-Hilu. Tous deux sont de fervents partisans d'un Etat laïc et fédéral.
Hamdok a indiqué que le « gouvernement cherchait à les rencontrer dans un avenir proche pour parvenir à une paix globale dans l'intérêt du peuple soudanais ».
Les rebelles et le gouvernement ont paraphé au total huit protocoles constituant l'accord de paix : sécurité, propriété foncière, justice transitionnelle, réparations et compensations, développement du secteur nomade et pastoral, partage des richesses, partage du pouvoir et retour des réfugiés et des déplacés.
L'accord stipule que les mouvements armés devront à terme être démantelés et que leurs combattants devront rejoindre l'armée régulière, qui sera réorganisée pour être représentative de toutes les composantes du peuple soudanais.
Plusieurs accords de paix avaient échoué, notamment en 2006 et en 2010.
Pour sa part, Deprose Muchena, directrice d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et du Sud-Est, a estimé que « cet accord représente un rayon d'espoir pour des millions de Soudanais du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu où leurs droits humains ont été systématiquement violés par le gouvernement de l'ancien président Omar el-Bechir ».
« Ils ont enduré d'horribles violences de la part de toutes les parties impliquées dans le confit », a-t-elle ajouté.
« Maintenant que la plupart des parties au conflit sont dans l'accord, le gouvernement du Soudan doit mener des enquêtes effectives, approfondies et impartiales sur les allégations de violations des droits de l'Homme et des lois humanitaires commis par des membres des forces armées, de leurs milices alliées ou des groupes armés », a-t-elle souligné.