PARIS: Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a souhaité jeudi qu'un nouveau schéma national de maintien de l'ordre (SMO), « validé par le Conseil d’État », puisse être présenté en « septembre » après l'annulation de plusieurs dispositions.
S'exprimant lors de la table ronde du Beauvau de la sécurité consacré au maintien de l'ordre, Gérald Darmanin a en outre donné un nouveau calendrier pour la fin de cette vaste consultation, qui devrait être conclue « en septembre par le président de la République ».
La question du maintien de l'ordre est devenue particulièrement épineuse depuis 2016, année des manifestations contre la loi travail, et, surtout, 2018-2019 avec le mouvement des « Gilets jaunes », émaillé de violences et de dégradations, ainsi que de manifestants éborgnés par l'utilisation de LBD (lanceur de balle de défense) par les forces de l'ordre.
Le 10 juin dernier, le Conseil d’État a infligé un désaveu à Gérald Darmanin en annulant plusieurs dispositions de son SNMO, présenté en septembre 2020, dont la technique de « la nasse » - qui consiste à encercler les manifestants et les retenir dans un périmètre donné - telle qu'elle était présentée par le ministre de l'Intérieur, et l'obligation faite aux journalistes de quitter les lieux lors de la dispersion des manifestations.
Darmanin a par ailleurs confirmé qu'il représenterait devant « le Parlement » un nouveau dispositif pour l'utilisation des drones lors de manifestations. Ce point, contenu dans la loi de sécurité globale, a été censuré par le Conseil constitutionnel en mai dernier.
« Il faut vite qu'on se mette d'accord sur les drones », a fait valoir le ministre.
L'ancien préfet de police de Paris, Michel Cadot, délégué interministériel aux jeux Olympiques de 2024, a mis en garde contre les « risques terroristes » et de « cyberattaques » qui pourraient intervenir à l'occasion de cet événement sportif.
« Les sollicitations des forces de l'ordre seront très élevées », a-t-il dit, en ajoutant que « de nouvelles formes de contestations pas nécessairement violentes » de la part de personnes anti-JO pourraient aussi émerger.
Les représentants des syndicats de police ont unanimement soulignés les changements survenus dans les manifestations, désormais dépourvues d'organisateurs identifiés et de service d'ordre interne et caractérisées par la présence d'une « contestation minoritaire mais violente » (Matthieu Valet, syndicat des commissaires de police), de « casseurs » (Grégory Jron, Unité SGP police), et une « une guerre de l'image » (Patrice Ribeiro, Synergie officiers).
Ils ont également réclamé des effectifs supplémentaires, en arguant de leur mobilisation incessante les empêchant de faire de la formation continue.
Patrice Ribeiro a mis l'accent sur l'absence d'interlocuteur dans les manifestations et la présence de « gens qui restent au milieu et se filment » au lieu de quitter les lieux « lorsque cela dégénère ».
Concernant les relations entre journalistes et forces de l'ordre, aucune nouvelle proposition n'a émergé, en dehors des préconisations de la commission ad hoc.
Les forces de l'ordre et le ministre ont insisté sur la difficulté d'identifier les journalistes. « Ce n'est à la police de distinguer les bons (...) C'est un problème qu'il n'y ait pas d'ordre des journalistes », a dit Darmanin.
Christophe Deloire de Reporters sans frontière (RSF) a souligné qu'en 2020 « la France était le premier pays » dans l'UE « pour les interpellations de journalistes », devant « l'Italie et l'Allemagne ».
Il a plaidé pour une « volonté politique ferme » contre « les violences policières abusives ».
Il a prévenu Darmanin « de ne pas revenir sur l'article 24 ». « Il est important de ne pas mettre de l'huile sur le feu », a-t-il Christophe Deloire.