PARIS: « A bas le régime fasciste en Turquie ! »: plusieurs centaines de manifestants ont défilé dimanche à Paris pour dénoncer « l'invasion turque » dans le nord de l'Irak et le « silence assourdissant » de la communauté internationale vis-à-vis de cette nouvelle campagne militaire.
« Macron apaise ses relations avec le leader de l'islamo-fascisme », « Silence, on bombarde au Kurdistan », « Allié incontournable de l'Occident, la Turquie est aussi l'allié incontournable de Daech », pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les manifestants.
La marche de protestation a débuté sous une pluie battante gare du Nord, pour rejoindre d'autres manifestants de la diaspora kurde rassemblés pour un meeting place de la République, où ont eu lieu des prises de parole, avant un concert d'artistes kurde et arménien en fin d'après-midi.
« L'expansionnisme turc sous le régime d'Erdogan avance à grande allure et c'est une menace : on l'a vu en Syrie, on l'a vu dans le Haut-Karabakh, on l'a vu dans la Méditerranée orientale, on l'a vu en Libye ; la menace ne vient pas des Kurdes », a lancé Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), qui dit fédérer 26 associations de la diaspora kurde en France.
« Cela fait maintenant 72 jours que cette opération a débuté, et il y a un silence assourdissant de la communauté internationale », a-t-il déploré.
« Nous alertons la France mais aussi l'ONU : l'intégrité territoriale de l'Irak est violée par la Turquie sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, la Turquie essaie de se justifier sous cet argument là. Il faut que la France rompe ce silence qu'elle a vis-à-vis de la Turquie », a-t-il dit.
La Turquie mène depuis fin avril dans le nord de l'Irak une nouvelle campagne militaire contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe rebelle kurde de Turquie qu'elle qualifie de « terroriste », comme ses alliés occidentaux.
Le CDK-F, qui se présente comme un « organe indépendant et associatif », plaide pour le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes de l'UE.
La Turquie accuse l'Irak d'inaction et assure n'avoir d'autre choix que de mener elle-même sa guerre - sur le sol irakien - contre le PKK.
De son côté, le PKK estime que la Turquie veut réitérer en Irak le scénario de la Syrie. Dans ce pays, Ankara a mené depuis 2016 trois offensives militaires pour contrôler un territoire de plus de 2 000 km2 dans le nord.
« L'Europe doit se réveiller »
Pour Berivan Tekiner, une manifestante de 30 ans, « l'Europe doit se réveiller » car « l'expansionnisme, l'interventionnisme et le fascisme de l'Etat turc ne cessent d'augmenter ».
Des manifestants issus de la communauté arménienne ont également participé à ce rassemblement, en « solidarité avec le peuple kurde » et pour dénoncer l' « agressivité du panturquisme ».
« Il y a un vrai problème car (le président turc Recep Tayyip) Erdogan vient faire la danse du ventre devant les Européens pour essayer de faire oublier qu'il joue la danse du sabre contre les peuples, les minorités, les individus et les libertés », a déclaré Ara Toranian, co-président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF).
L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont en lutte depuis les années 1990 pour le Nagorny Karabakh, république auto-proclamée et de facto indépendante soutenue par Erevan. A l'automne 2020, une guerre a brusquement éclaté, faisant plus de 6 500 morts et se soldant par la victoire de Bakou qui a regagné de nombreux territoires perdus.
Lors de ce conflit, la Turquie a soutenu l'Azerbaïdjan en lui fournissant notamment des drones. Plusieurs pays ont accusé Ankara d'avoir envoyé des combattants syriens pour soutenir Bakou.