FRANCFORT: La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une cible d'inflation plus flexible, désormais fixée à 2% tout en tolérant des dépassements temporaires et modérés, et sa politique monétaire va dorénavant intégrer la lutte contre le changement climatique.
Ces décisions sont le fruit d'un vaste chantier de révision stratégique, le premier depuis 2003, lancé fin 2019 par la présidente Christine Lagarde.
Concrètement, l'objectif d'un niveau d'inflation « inférieur, mais proche de 2% » pour la zone euro, servant d'étalon depuis 18 ans, est remplacé par « une cible d'inflation de 2% à moyen terme », a annoncé dans un communiqué l'institution.
Elle précise que « cela peut également impliquer une période transitoire pendant laquelle l'inflation est modérément supérieure à la cible ».
Si les taux directeurs de l'institut devaient se rapprocher de leur « niveau plancher », alors une politique monétaire « particulièrement vigoureuse » et « ancrée dans la durée » sera nécessaire pour éviter à l'inflation de s'ancrer à un niveau trop bas et éloigné de son objectif, ajoute l'institution.
De cette manière, la BCE s'autorise à user de mesures exceptionnelles, comme les rachats massifs de dette sur le marché, pour stimuler l'économie et in fine les prix, comme elle l'a déjà fait depuis plus 10 ans face à une inflation durablement passée sous les 2%.
L'institut recommande par ailleurs d' « introduire progressivement les coûts des logements occupés par leur propriétaire » dans le calcul du taux d'inflation, ce qui est de la responsabilité de l'Office européen Eurostat.
Les vingt-cinq membres du conseil des gouverneurs de la BCE, réunis en conclave à Francfort depuis mardi soir, se sont quittés mercredi soir en ayant finalisé, à la surprise générale, ce chantier retardé pour cause de pandémie de la Covid-19 et dont certains points restaient litigieux.
« Cette nouvelle stratégie forme une base solide qui nous guidera dans la conduite de la politique monétaire au cours des années à venir », a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, dans un communiqué.
Dans cette nouvelle stratégie figure aussi un « plan d'action sur le changement climatique » qualifié d' « ambitieux » par l'institut et répondant à une priorité fixée par Lagarde avant même sa prise de fonction fin 2019.
La BCE va « intégrer davantage les considérations relatives au changement climatique dans son cadre d'action », notamment dans les rachats de dettes d'entreprises, mais aussi la communication et l'évaluation des risques.