L'armée israélienne a détruit jeudi une maison en Cisjordanie occupée qui appartenait à un Palestino-américain accusé d'avoir tiré sur un étudiant d'une école talmudique, mort des suites de ses blessures.
"Dans la nuit, nos troupes ont détruit la résidence du terroriste Montasser Shalabi, dans le village de Turmus Ayya, au nord-est de Ramallah", a indiqué jeudi un porte-parole de l'armée à l'AFP.
Montasser Shalabi, 44 ans, avait été arrêté début mai. Il est accusé d'avoir tiré depuis une voiture sur des personnes à un arrêt de bus près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, blessant trois étudiants d'une école talmudique de la colonie israélienne voisine d'Itamar. L'un d'eux, Yehuda Guetta, 19 ans, est mort des suites de ses blessures.
Dans son vain appel contre la démolition de la maison devant la Cour suprême israélienne, son ex-femme, Sanaa Shalabi, qui y réside, avait argué qu'il n'y habitait plus depuis qu'il avait déménagé aux Etats-Unis après s'être remarié et qu'il y revenait uniquement quelques fois par an pour de courtes visites. La Cour a rejeté cet argument, affirmant qu'il avait hérité de la maison de son père, figurait sur l'acte de propriété et y passait environ deux mois par an.
Jeudi, Sanaa Shalabi a affirmé à l'AFP que l'armée israélienne était arrivée à 1h du matin pour placer des explosifs autour de la maison et que les opérations de démolition avaient duré toute la nuit.
"Nous y étions préparés", a-t-elle ajouté, qualifiant son ex-mari de "héros". Un vidéojournaliste de l'AFP a assisté aux détonations des explosifs. Selon l'armée, durant la démolition, "environ 200 émeutiers ont jeté des pierres et des feux d'artifice" sur les troupes israéliennes qui ont répliqué avec des "moyens de dispersion anti-émeutes".
Sanaa Shalabi "n'était absolument pas impliquée dans l'attaque dont elle ne savait rien", a déclaré Jessica Montell, directrice de l'ONG israélienne de défense des droits humains Hamoked, précisant que ces raisons auraient dû être suffisantes pour empêcher la démolition. Selon elle, Sanaa Shalabi vivait dans cette maison avec trois de leurs sept enfants qui possèdent aussi, comme eux, la nationalité américaine.
Les Etats-Unis avaient déjà récemment exprimé leur opposition aux démolitions punitives. Un porte-parole a indiqué jeudi à l'AFP que l'ambassade américaine "suivait" avec attention les informations concernant la démolition. "Le foyer d'une famille entière ne devrait pas être détruit pour les actions d'un seul individu", a-t-il ajouté.
Israël détruit régulièrement le domicile de Palestiniens accusés d'avoir mené des attaques anti-israéliennes, arguant du caractère dissuasif de la mesure décriée par des organisations palestiniennes et de défense des droits humains.