TÉHÉRAN: Le gouvernement iranien a présenté ses excuses à la population mercredi pour une nouvelle vague de coupures d'électricité à l'échelle nationale qui pourraient durer jusqu'à la fin du mois et qui ont provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays.
Les autorités ont attribué la surcharge du réseau principalement à une grave sécheresse qui aurait pratiquement tari les lacs de retenue alimentant les nombreux barrages hydroélectriques du pays, ainsi qu'à des pics de chaleur qui entraînent une forte demande d'énergie.
Depuis près d'une semaine, Téhéran et de nombreuses villes d'Iran subissent des pannes de courant à répétition. Le gouvernement qui exhorte la population à être patiente à limiter sa consommation a déjà prévenu que les coupures pourraient se poursuivre jusqu'à fin juillet.
"Nous regrettons les problèmes que la population a subis ces derniers jours", a déclaré mercredi le président Hassan Rouhani lors d'un conseil des ministres retransmis à la télévision.
Sur les réseaux sociaux circulent depuis plusieurs jours des vidéos montrant des manifestations de protestation contre ces coupures dans plusieurs villes parmi lesquelles Téhéran, Chiraz et Kazéroun (Sud), ainsi qu'Amol et Kordkouy (Nord).
"Il y a deux ou trois jours, nous avons été privés de courant deux fois, pendant quatre heures" en tout, témoigne Madjid, étudiant: "L'Iran est une puissance régionale, pas vrai? Tout le monde doit se moquer de nous en entendant que nous n'avons pas de courant."
"Il fait une chaleur à crever et on a vraiment besoin de la clim. Cela nous transforme, nous met en colère et nous rend fous à la maison: on veut juste avoir du frais", se plaint Azam, patronne d'un salon de coiffure de la capitale.
"La responsabilité incombe certainement au gouvernement, car son devoir est de fournir l'essentiel à la population, c'est-à-dire l'eau et l'électricité", ajoute-t-elle, critiquant un pouvoir qui "se contente de demander aux gens d'être patients et de subir."
Mais pour M. Rouhani, les responsables s'appellent sécheresse et chaleur.
51° C jusqu'à dimanche
"D'une part notre production (d'électricité) a baissé en raison de l'état des centrales hydroélectriques, et d'autre part la consommation a augmenté", a-t-il déclaré.
Le président a attribué cette hausse des besoins en électricité à une "croissance de l'activité industrielle", à la "chaleur extrême" et à des activités énergivores de minage informatique de cryptomonnaies.
En mai, alors que le réseau électrique du pays était déjà saturé, le gouvernement avait interdit l'extraction de cryptomonnaies jusqu'à la fin de l'été.
Toutefois, selon des médias, la police effectue régulièrement des descentes pour fermer des centres de minage "illégaux" qui, selon les autorités, utilisent de grandes quantités d'électricité subventionnée.
M. Rouhani avait déclaré mardi que l'Iran faisait face à une "sécheresse sans précédent" avec des précipitations moyennes "en baisse de 52%" par rapport à l'année précédente, portant la production des barrages hydroélectriques à "presque" zéro.
Plusieurs responsables politiques, y compris M. Rouhani, accusent aussi les sanctions américaines pesant sur l'Iran, qui rendent selon eux très difficiles l'entretien des infrastructures de production de courant et du réseau électrique.
Le ministère de l'Énergie, Réza Ardakanian, s'est pour sa part excusé auprès des Iraniens, déclarant que toutes les administrations seraient désormais fermées les jeudis, premier jour de la fin de semaine iranienne, jusqu'à fin août, en vue d'économiser de l'énergie.
Les délestages ne sont pas rares en Iran, pays aride, lors des pics de chaleur des mois d'été.
La météorologie nationale prévoit une température quotidienne maximale de 41 degrés Celsius pour Téhéran jusqu'à vendredi, et d'environ 51 degrés à Ahvaz (sud-ouest) jusqu'à dimanche.
Depuis plusieurs jours, les médias iraniens font part de l'inquiétude de nombre de responsables du système de santé pour qui les coupures à répétitions sont une menace notamment pour les services de réanimation du pays, surchargés alors que l'Iran, pays du Moyen-Orient le plus touché par la Covid-19, fait face à une "cinquième vague" de l'épidémie, qui a déjà fait au moins 85 000 morts.