BEYROUTH: Les ambassadrices de France et des Etats-Unis au Liban vont se rendre jeudi en Arabie saoudite, a annoncé mercredi l'ambassade de France, une initiative inhabituelle dans un contexte de pression internationale pour sortir le Liban de la crise politique et économique.
Cette visite intervient alors que les Libanais sont confrontés à des pénuries et à des hausses de prix en raison de l'une des pires crises économiques et financières au monde depuis les années 1850, selon la Banque mondiale.
En conséquence, la communauté internationale a exigé la mise en place d'un nouveau gouvernement avant toute aide financière à ce pays, mais depuis près d'un an, les hommes politiques libanais ne sont toujours pas parvenus à se mettre d'accord sur une nouvelle équipe.
Lors de ses entretiens à Ryad, l'ambassadrice de France Anne Grillo « fera part, avec sa collègue américaine, de la volonté de la France et des Etats-Unis d'agir ensemble avec leurs partenaires régionaux et internationaux pour faire pression sur les responsables du blocage », selon un communiqué de l'ambassade.
« Lors de ses entretiens, l’Ambassadrice expliquera l’urgence que les responsables libanais forment un gouvernement crédible et efficace qui travaille à la réalisation des réformes nécessaires, dans l’intérêt du Liban et conformément aux aspirations du peuple libanais. », précise le communiqué.
Fin juin, les ministres des Affaires étrangères américain, français et saoudien avaient déjà appelé les dirigeants libanais à surmonter leurs différends pour résoudre la crise.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait alors souligné « la nécessité pour les chefs politiques libanais d'accomplir réellement leur devoir en mettant en place les réformes attendues pour stabiliser l'économie » et aider le peuple libanais.
Le Liban est privé d'un gouvernement pleinement opérationnel depuis que le dernier a démissionné à la suite de l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth en août 2020, qui a fait plus de 200 morts.
Lundi, le chargé d'affaires britannique sortant a fait ses adieux au Liban, « pays merveilleux et troublé ».
« Il y a quelque chose de pourri au cœur du Liban », a-t-il écrit dans sa lettre de départ.
« L'échec jusqu'à présent de tenir quiconque pour responsable de l'explosion désastreuse au port (de Beyrouth, NDLR) l'été dernier est juste l'exemple le plus dramatique de l'impunité et de l'irresponsabilité qui caractérisent trop la vie libanaise », a-t-il ajouté.
La France a imposé en avril des sanctions en restreignant l'entrée sur son territoire de personnalités libanaises qu'elle juge responsables de la crise politique.
De son côté, l'Union européenne a menacé d'imposer des sanctions aux dirigeants libanais s'ils ne se mobilisent pas pour sortir le pays de cette crise.