BEYROUTH: Un patient asthmatique a été contraint de brancher son respirateur dans une mosquée mercredi au Liban, selon un imam, alors que les coupures d'électricité se multiplient et paralysent la vie dans ce pays plongé dans une grave crise économique.
Le prédicateur a publié sur Twitter la photo d'un homme à la chemise soigneusement repassée, assis sur une marche et lisant, tandis qu'il respirait à l'aide d'un tube sous son nez relié à une machine à ses pieds.
"Un patient asthmatique est venu à la mosquée à l'aube pour pouvoir brancher son respirateur à la mosquée dont le générateur était en marche", a écrit Hassan Moraïb, imam à Beyrouth. Le courant n'a pas été coupé après la fin des prières "parce qu'il n'avait ni électricité ni abonnement à un générateur chez lui", a-t-il ajouté.
"Que Dieu maudisse ceux qui nous ont mis dans cette situation", a encore écrit l'imam.
De nombreux Libanais accusent la classe politique jugée corrompue et incompétente d'avoir provoqué l'effondrement financier du pays qui a commencé à l'automne 2019. Le Liban est englué dans l'une des pires crises économiques et financières depuis les années 1850, selon la Banque mondiale, et plus de la moitié de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.
Ces derniers mois, les coupures de courant ont atteint jusqu'à 22 heures par jour dans certaines régions du Liban, contraignant même les propriétaires de générateurs à rationner leur production à mesure que le carburant devenait plus cher.
La communauté internationale exige depuis longtemps une refonte complète du secteur de l'électricité, qui a coûté au gouvernement plus de 40 milliards de dollars depuis la fin de la guerre en 1990.
Le Liban est privé d'un gouvernement pleinement opérationnel depuis que le dernier a démissionné à la suite de l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020, qui a fait plus de 200 morts.
La semaine dernière, le pape François a adressé un message d'espoir aux Libanais, les suppliant de ne pas se décourager, tout en enjoignant leurs dirigeants politiques de trouver "des solutions urgentes et stables à la crise économique, sociale et politique actuelle".