DUBAÏ: Mardi, le Premier ministre libanais sortant, Hassan Diab, a tiré la sonnette d'alarme, appelant la communauté internationale à aider à éviter une «explosion sociale». S'exprimant lors d'une allocution télévisée, Diab a averti que le Liban était au bord d'une catastrophe dont les «répercussions se feront sentir à l'extérieur du pays».
Diab, qui est à la tête du gouvernement sortant depuis plus de dix mois, a déclaré que tout gouvernement aurait besoin du soutien de «nations amies pour sauver le pays de la situation désastreuse dans laquelle il se trouve actuellement».
Le Liban n'a pas de gouvernement pleinement opérationnel depuis la démission de Diab au lendemain de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui a causé la mort de plus de 200 personnes.
En octobre, Saad Hariri, qui a été trois fois premier ministre, a été désigné pour former un nouveau gouvernement après avoir obtenu les voix de 65 députés.
Cependant, le gouvernement n'a pas encore vu le jour dans un contexte de luttes internes entre les acteurs politiques locaux, notamment Hariri et le président Michel Aoun.
La Constitution du pays touché par la crise stipule que les deux hommes doivent s'entendre sur la composition du gouvernement.
«Les Libanais ont été patients, et subissent le fardeau de cette longue attente. Mais leur patience s'amenuise à mesure que leur souffrance augmente», a déclaré Diab.
Plus de 60% de la population est tombée en dessous du seuil de pauvreté, et la monnaie nationale a perdu plus de 91% de sa valeur, rendant la plupart des produits de première nécessité inaccessibles.
L'insécurité alimentaire ne fait qu’augmenter, et les pénuries de carburant ont frappé les hôpitaux, les boulangeries et les ménages.
Deux des quatre centrales électriques du Liban fonctionnent actuellement avec de rares réserves de carburant, la compagnie d'électricité nationale, Électricité du Liban, avertissant qu'elle devrait les arrêter si les faibles réserves de gazole venaient à s'épuiser.
Par ailleurs, les pénuries touchent également la société de télécommunications publique Ogero, qui a du mal à maintenir ses générateurs et ses stations en ligne.
Pour éviter une panne d'Internet, les députés et Ogero tentent d'obtenir des fonds supplémentaires pour fournir suffisamment de carburant, afin de maintenir les services opérationnels, a affirmé lundi le député Hussein Hajj Hassan.
Hariri, qui est rentré à Beyrouth ce week-end, a rencontré hier le président du Parlement, Nabih Berri, pour discuter des derniers développements concernant la formation du gouvernement.
Selon certaines sources au courant des négociations, Hariri est sur le point de démissionner si l'impasse persiste, et qu'aucune avancée n'est réalisée.
«S'il démissionne, ce sera fait d'une manière qui ne nuise pas à sa popularité auprès de sa base, compte tenu des prochaines élections législatives», affirment les mêmes sources.
Le Liban doit organiser des élections législatives en mai 2022, plus de deux ans et demi après que des manifestations de masse ont éclaté contre la classe politique au pouvoir.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com