AMMAN : Des journalistes palestiniens ont organisé mardi une grève d'une heure pour protester contre les forces de sécurité palestiniennes, incapable de protéger leur profession.
Omar Nazzal, membre du Syndicat des journalistes palestiniens, confie à Arab News que la plupart des journalistes employés indépendants et ceux employés par les radios et les sites web ont participé à la manifestation.
«Ils ont cessé leur travail pendant une heure afin de signifier clairement que les journalistes palestiniens ne vont pas tolérer les attaques et les restrictions continues. Le but est de nous faire taire et ils pensent que (ceci) nous empêchera de travailler. Ils ont absolument tort», a-t-il affirmé.
Dans son appel à la grève, le syndicat a condamné l'arrestation lundi de six journalistes, et a prévenu que ce geste contrevient aux engagements pris par le Premier ministre.
«Ce matin, le Premier ministre Mohammad Shtayyeh s'est engagé à honorer la liberté d'expression et de presse, mais la sécurité palestinienne l’a contredit», tonne le syndicat.
Hind Shraydeh, une présentatrice à Watan TV, a raconté à Arab News les événements de lundi. «Quand j'ai appris l'arrestation de mon mari Abby Aboudi, j'ai conduit mes enfants et mon beau-père au poste de police. Je n'arrêtais pas de poser des questions sur le sort de mon mari, et j'ai crié pour exiger sa libération», explique-t-elle.
Devant les éclats de voix, des journalistes ont commencer à filmer. Hind affirme qu’elle est alors attaquée par les policiers.
«J'ai été aspergée de poivre de Cayenne et séparée de mes enfants, et on m’a fait renter dans la station», poursuit-t-elle.
Elle sera plus tard autorisée à voir son mari puis libérée, mais sans pour autant signer un document réclamé par la police.
Moamar Orabi, directeur du site Internet de Watan TV, affirme à Arab News qu'il faisait partie des journalistes attaqués par les forces de l’ordre alors qu'il couvrait les manifestations.
«J'étais sur le site près de la Muqata (siège présidentiel palestinien) et je discutais tranquillement avec un membre des forces de sécurité palestiniennes locales de la nécessité de respecter la loi et de protéger les journalistes», dit-il.
«Soudain, une unité de police est arrivée, dirigée par une personne avec une cagoule et elle m'a montré du doigt, disant à ses collègues que j'étais l'instigateur. Ils ont commencé à me frapper. Un grand nombre de manifestants palestiniens sont venus à mon secours, et m'ont sauvé de cette attaque gratuite», ajoute-t-il.
Ce qui se passe en Palestine est «très effrayant», prévient Orabi. «Nous assistons à l’émergence d'un État policier, et nous ne pouvons plus distinguer nos amis de nos ennemis».
Orabi, dont le fils est détenu dans une prison israélienne, assure que les Palestiniens mènent deux batailles simultanées pour obtenir les libertés élémentaires dont jouissent leurs collègues ailleurs dans le monde.
«Je tiens à dire clairement que nous méritons la liberté, et que nous avons besoin de voir l'État de droit appliqué à tous, en particulier à nos propres leaders, afin que nous puissions mener à bien notre travail de journalistes», affirme-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com