CANNES/ PARIS: « Ce monde est dirigé par des gangsters » : premier réalisateur noir à présider le jury cannois, Spike Lee a placé d'emblée le Festival sous le signe de la lutte, dénonçant pêle-mêle avec les autres membres du jury la politique de Poutine et Bolsonaro, ou les discriminations raciales et de genre.
Dès l'ouverture de la conférence de presse de présentation du jury, le cinéaste new-yorkais, casquette noire siglée « 1619 » sur la tête, en référence à l'année d'arrivée des premiers esclaves aux Etats-Unis, est revenu sur le sort des Noirs aux Etats-Unis, un thème qu'il n'a cessé d'explorer dans ses films, notamment « Do The Right Thing ».
Plus de « 30 putains d'années après » ce film, « on aurait pu croire que les personnes noires auraient arrêté d'être traquées comme des animaux », a-t-il déclaré, avant de faire référence aux Noirs victimes de violences policières aux Etats-Unis comme « le frère Eric Gardner » ou « le roi George Floyd », qui ont été « tués, lynchés », a-t-il ajouté.
Il s'en est également pris à l'ancien président américain Donald Trump, qu'il surnomme « Agent orange », au président brésilien Jair Bolsonaro, et russe Vladimir Poutine. « Ils n'ont pas de morale ni de scrupules. Nous devons protester contre ce genre de gangsters ».
D'autres membres du jury se sont faits militants lors de cette conférence de presse, comme le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, qui a critiqué la politique de son gouvernement face à la Covid et son « mépris pour la culture ».
Le jury, majoritairement féminin, est également revenu sur la question de la place des femmes dans le cinéma, un sujet qui reste brûlant. « Je pense réellement qu'une majorité de femmes peut choisir des films différents, réagir différemment. Les femmes écrivent leurs romans autrement, leurs chansons autrement. Je suis curieuse de voir ce qu'il en sera », a notamment déclaré l'actrice britannique Maggie Gyllenhaal, quand la Française Mélanie Laurent faisait le lien entre féminisme et écologie.
Le jury, qui compte également dans ses rangs les Français Tahar Rahim et Mylène Farmer, débute mardi soir son marathon cinéphile avec « Annette » de Leos Carax, le premier des 24 films en compétition jusqu'à la remise de la Palme d'Or le 17 juillet.
Du monde, des stars et des policiers
En permanence jusqu'au 17 juillet, près de 320 policiers sont ainsi mobilisés sur terre, air et mer pour cette opération, pour laquelle ils seront appuyés par la police municipale de Cannes, les militaires de la force Sentinelle, le Raid...
Qui dit saison estivale, dit afflux de touristes en masse sur la Croisette venant s'ajouter aux festivaliers, aux stars et aux soirées privées luxueuses. En conséquence, la police nationale a décidé d'une mobilisation importante des forces de l'ordre pour un éventail de missions particulièrement large.
Cela va, explique à l'AFP la patronne de la DDSP (direction départementale de la sécurité publique), Nadine Le Calonnec, du renseignement pour prévenir les risques terroristes, aux problèmes de sécurité publique (circulation, convois..), sans compter la délinquance générale et la sécurisation en appui de sociétés privées des événements spéciaux, des grands hôtels de luxe.
Les soirées Chopard, du joaillier de luxe, les 7 et 15 juillet, avec bijoux, défilés et invités triés sur le volet seront particulièrement surveillées.
Et bien sûr au mitan du festival, le 14 juillet et ses feux d'artifice. Mais, il y aura également ce jour-là une cérémonie spéciale pour commémorer l'attentat survenu il y a cinq ans sur la promenade des Anglais de Nice.
Au PC de sécurité du commissariat de Cannes, un point quotidien est prévu avec les différents intervenants ainsi qu'un autre au Palais des festivals.
La gendarmerie maritime est chargée de sécuriser le littoral et les plages et un de ses hélicoptères survolera la zone en permanence.
Les agents de la police de l'air et des frontières surveilleront la gare et le port de Cannes.