DUBAÏ: Une rencontre cruciale des ministres de l’Énergie de l’Opep+ a été annulée sur fond de désaccord entre les Émirats arabes unis et les 22 autres membres de l’alliance des pays producteurs de pétrole, dirigée par l’Arabie saoudite et la Russie.
L’annulation de la réunion a semé l’incertitude sur les marchés mondiaux du pétrole quant à la capacité des producteurs à répondre à la demande croissante alors que la reprise post-pandémie s’accélère.
Le Brent, la référence mondiale du pétrole brut, est à son plus haut niveau depuis trois ans, à près de 77 dollars américains (1 dollar = 0,84 euro) le baril après l’annulation.
Mohammed Barkindo, secrétaire général de l’Opep, a déclaré aux ministres: «À la suite de consultations avec le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Énergie, et Alexander Novak, vice-Premier ministre de la fédération de Russie – président et coprésident de l’Opep+ – la 18e réunion a été annulée.»
«La date de la prochaine réunion sera décidée en temps voulu et nous vous en ferons part. Au nom du président et du coprésident, nous vous prions de nous excuser pour ce désagrément», a-t-il ajouté.
«La réunion n’a même pas commencé. Elle a été annulée plutôt que reportée», confie un responsable de l’énergie à Arab News.
Le plan consistant à augmenter progressivement la production à 400 000 barils par jour entre août et décembre a été rejeté par les Émirats arabes unis(EAU) parce que le ministre de l’Énergie du pays s’est opposé à une proposition parallèle d’étendre les mécanismes de surveillance de la production au-delà de la date butoir en avril prochain.
Cette proposition avait été validée par les membres de l’Opep+ – y compris par les deux plus grands pays producteurs, à savoir l’Arabie saoudite et la Russie – afin de garantir la stabilité et la flexibilité des marchés mondiaux du pétrole jusqu’en 2022, sachant que la demande croissante, les fluctuations possibles du secteur et une éventuelle recrudescence de la pandémie pourraient augmenter la volatilité.
Le prince Abdelaziz a clairement indiqué que les augmentations prévues au niveau de la production, ainsi que le prolongement, étaient indispensables pour garantir cette stabilité. «Le prolongement fait partie intégrante de l’accord», a-t-il déclaré à la télévision saoudienne dimanche.
Les EAU se sont opposés à cette prolongation au motif que leur production avait été fixée «injustement» à partir d'une base basse dans l'accord de 2020 qui a ramené un certain calme sur des marchés ébranlés par la récession ayant accompagné la pandémie et la chute de la demande.
Malgré la position intransigeante des EAU, certains experts pensent qu’un compromis est envisageable.
«Nous attendons de voir si un compromis peut être trouvé dans les prochains jours – peut-être un retard dans l’extension de l’accord pendant que les données de base sont réévaluées, ou alors un compromis d'augmentation de la base de référence des EAU», explique Robin Mills, directeur général du cabinet de conseil en énergie Qamar Energy, dans un entretien à Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com