BEITA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La colonie d'Eviatar, construite sans autorisation en Cisjordanie occupée, a été évacuée vendredi, à la suite d'un accord avec le nouveau gouvernement israélien, selon un journaliste de l'AFP sur place.
L'accord avait fixé 16H00 locales (13H00 GMT) comme heure limite du départ des colons.
Installés depuis début mai sur une colline près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, les colons d'Eviatar sont allés à l'encontre du droit international mais aussi du droit de l'Etat hébreu qui n'avait pas donné son autorisation pour une nouvelle colonie.
"J'espère que nous pourrons bientôt revenir ici", a déclaré à l'AFP Sarah Lisson, mère de six enfants. "Nous pourrons construire une grande maison."
Tzvi Succot, à la tête de la cinquantaine de familles installées à Eviatar, a évoqué sur Twitter un "moment triste mais plein d'espoir".
Selon les termes de l'accord, les colons doivent quitter Eviatar mais leurs mobile-homes, au nombre d'une dizaine, ne seront pas détruits le temps que le ministère de la Défense passe en revue les droits de propriété des terres afin de déterminer si elles peuvent être considérées comme israéliennes.
Si le ministère statue en faveur des colons, ces derniers seront alors autorisés à s'implanter de manière plus pérenne.
En attendant, l'armée israélienne maintiendra sa présence sur les lieux.
La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël et toutes les colonies israéliennes qui s'y trouvent sont considérées illégales au regard du droit international.
Depuis l'installation des colons à Eviatar, des Palestiniens des environs ont marqué leur opposition à leur présence en brûlant des pneus, faisant du bruit et tirant des feux d'artifice pour déranger les colons et les pousser à partir. Quatre Palestiniens ont été tués en un mois lors d'affrontements avec l'armée israélienne en marge de ces rassemblements.
La question d'Eviatar a divisé pendant plusieurs semaines le nouveau gouvernement israélien mené par le chef de file de la droite radicale Naftali Bennett, proche des colons.
L'accord conclu avec les colons a été rejeté par des groupes à la gauche de l'échiquier politique, mais aussi par le maire de Beita, un village palestinien proche d'Eviatar.
"Les affrontements et les manifestations se poursuivront" tant que des Israéliens "demeurent sur nos terres", a-t-il déclaré jeudi à l'AFP.
Les colons d'Eviatar sont, eux, convaincus qu'ils pourront revenir d'ici peu sur cette colline de Cisjordanie: les livres de prières sont ainsi restés sur les étagères de la synagogue de fortune qu'ils ont construite.
Cette "terre nous a attendus pendant 2000 ans, donc (si elle attend) un peu plus longtemps ça n'est pas grave", a déclaré à l'AFP Chaïm Weltzer, 49 ans, qui a vécu pendant neuf semaines à Eviatar avec sa famille.
A ses yeux, la Cisjordanie mais aussi des pans de la Jordanie et de la Syrie sont des territoires promis aux juifs dans l'Ancien Testament --et feront un jour partie de l'Etat hébreu. "Nous connaissons la fin de l'histoire", a-t-il affirmé.