The Sea Ahead d'Ely Dagher sera présenté en avant-première à Cannes

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Publié le Vendredi 02 juillet 2021

The Sea Ahead d'Ely Dagher sera présenté en avant-première à Cannes

  • Le tournage de The Sea Ahead a commencé fin 2019 et s'est terminé une semaine avant le premier confinement du Liban
  • Ely Dagher a commencé à écrire le scénario du film pendant la crise des déchets de 2015, mais n'a obtenu la dernière tranche de financement qu'en septembre 2019

LONDRES: Il convenait peut-être que le réalisateur et artiste libanais Ely Dagher, qui a consacré une grande partie de sa carrière aux thèmes de la désillusion et de la migration, finisse par tourner son premier long-métrage en pleine révolution. Quoi de plus approprié pour un homme qui a cherché à explorer sa relation avec une ville aussi troublée et énigmatique que Beyrouth.

ely dagher
Une vue du tournage du film "The Sea Ahead". (Photo fournie).

Le tournage de The Sea Ahead, qui met en vedette l'actrice franco-libanaise Manal Issa, a commencé fin 2019 et s'est terminé une semaine avant le premier confinement du Liban, ce qui a obligé l'équipe à surmonter les barrages routiers, l'instabilité politique et la crise financière du pays. «Je peux vous dire que nous avons dû apporter de l'argent dans des valises pour payer l'équipage», déclare Ely Dagher, riant de l'absurdité de la situation. «Le principal producteur était Français, donc nous avions l'argent, mais vous ne pouviez pas transférer d'argent au Liban.»

L'équipage a également dû lutter avec son propre désir de protester. À un certain moment du tournage, Ely Dagher et l'assistante réalisatrice du film, Amanda Kik, ont quitté une réunion pour se joindre à une manifestation dans la rue. À une autre occasion, Ely Dagher s'est dirigé vers le centre-ville pour protester au lieu de se rendre sur le lieu du tournage. «Je me souviens que je conduisais et j'ai vu le fourgon d'éclairage aller dans la direction opposée», dit-il en riant à nouveau. «Ils allaient s'installer et j'allais à la manifestation. J'y ai également trouvé Manal avec la personne du casting qui était chargé de la mettre en scène, puis quelques autres sont également arrivés. Nous avons dû nous installer un peu tard mais nous voulions vivre ce moment. Nous ne pouvions pas simplement nous dire: “O.K., ne pas nous soucier de ce qui se passe, juste faire un film.” Il était important de rester en contact avec la réalité.»

Ely Dagher a également travaillé avec la monteuse française Léa Masson, qui, comme tout le monde, n'a pas pu se déplacer en raison de la pandémie de Covid-19, ce qui les a obligés à travailler à distance. Leur record fut un appel WhatsApp d’une durée de sept heures, avec échange de montages et d’extraits à l’appui. Ils ont fonctionné ainsi jusqu'à l'explosion du port de Beyrouth, qui a provoqué un arrêt de près de deux mois.

Désormais, le film sera présenté en avant-première mondiale à Cannes lors de la Quinzaine des réalisateurs du festival, avec quatre projections prévues en juillet. Ely Dagher connaît bien Cannes. En 2015, son court-métrage d'animation Waves '98 a remporté la Palme d'or du court-métrage et fut le premier film libanais à concourir en compétition officielle du festival depuis Hors la vie de Maroun Baghdadi, en 1991. Traitant de sa relation avec Beyrouth, le film d’Ely Dagher est le résultat final de deux années de dur labeur et d'un mélange surréaliste de plusieurs styles d'animation.

The Sea Ahead traite de thèmes similaires, notamment l'immigration et l'identité, et s'articule autour du retour d'une jeune femme à Beyrouth après plusieurs années passées à l'étranger. Manal Issa – qui a déjà joué dans des films comme Ulysse & Mona et Parisienne – incarne une jeune femme dont le retour soudain à la maison, la curiosité de ses parents et son éventuelle reconnexion à sa vie d’avant à Beyrouth sont au centre du film. Il s'agit donc de l’étude d'un aspect particulier de la migration qui est rarement exploré – celui du rapatrié.

«De nombreux membres de ma famille ont dû revenir et, en cours de route, ont tout perdu», explique Ely Dagher, dont le jeune frère, Joh, a composé la musique originale du film. «Quand je voyais des gens repartir parce qu'ils en avaient marre du pays et cherchaient une vie meilleure ailleurs, j'ai voulu me pencher sur la question. Ce n’est pas toujours positif et on n’en parle pas vraiment. Qu'est-ce que cela représente pour quelqu'un qui est parti quelques années et qui a dû revenir?»

À certains égards, le film est autobiographique. Ely Dagher a passé de nombreuses années à l'étranger, il a vécu en Belgique ainsi qu’à Berlin et obtenu son master en théorie de l'art contemporain et nouveaux médias à l’université Goldsmiths de Londres. Renouer avec Beyrouth et tenter de la comprendre est donc quelque chose qu’Ely Dagher a vécu tout au long de sa vie.

Ely Dagher a commencé à écrire le scénario du film pendant la crise des déchets de 2015, mais n'a obtenu la dernière tranche de financement – 30 000 dollars (1 dollar = 0,84 euro) de subventions du festival du film d'El Gouna – qu'en septembre 2019. Même avec trois producteurs à bord (dont le principal, Arnaud Dommerc, d'Andolfi Production), donner vie au film fut un défi considérable, ne serait-ce qu’à cause d’Ely Dagher lui-même.

«Au début, j'étais étiqueté “réalisateur d'animation”, même si cela n'a jamais vraiment été ma passion ou mon objectif», souligne-t-il. «Ça m'a un peu retardé. Et je pense aussi, en termes de financement, notamment avec les financements européens, que le film a toujours été trop subtil pour eux. On m’a toujours poussé à opter pour une approche beaucoup plus didactique, avec beaucoup plus de contexte social et des éléments de drame social, ce que j'ai refusé de faire. J'ai refusé de m'écarter de ma vision du film, et si vous vous en tenez à ce que vous voulez, surtout quand tout est si limité, c'est un long processus. Cela a donc été un aboutissement très gratifiant de cinq années de travail.»

The Sea Ahead a représenté, en substance, un amalgame de tous les intérêts professionnels d’Ely Dagher – écriture, montage et réalisation. «Ces trois éléments constituent une énorme force motrice pour moi et le tournage a été une expérience absolument fantastique. Travailler avec des acteurs est l'une des expériences les plus enrichissantes. Lorsque nous avons terminé le tournage, le simple plaisir que nous avons ressenti à travailler ensemble sur le plateau m'a suffi pour savoir que, avant même de commencer le montage, nous avions fait quelque chose de bien. Nous avions une relation très étroite et travailler avec Manal, que j'avais rencontrée trois ans avant le tournage, a été une expérience formidable. Nous avons appris à nous connaître, à connaître nos intérêts, d'où elle vient, d'où je viens, d'où vient le film – et je pense qu'il était évident que notre méthode de travail était très fluide. Parfois, nous disions “Coupez” et tout le monde disait “O.K., c'était bien.” Mais si je remarquais un détail qui ne convenait pas tout à fait, elle le remarquait aussi. Il suffisait d'un regard entre nous pour que nous nous disions: “O.K., faisons une autre prise.” Nous savions ce qui devait être amélioré.»

Compte tenu de tout ce qui s'est passé au Liban au cours des deux dernières années, et avec tant de personnes qui quittent le pays, Ely Dagher est-il tenté de repartir?

«C'est une question inhérente à mon travail depuis longtemps, et qui m’interpelle toujours», répond-il. «Alors, je ne sais pas. Je suis là pour l'instant. J'avais l'habitude de dire que je resterai ici aussi longtemps qu'il sera possible de rester ici, mais où se trouve la limite?»


Mois de l’Europe : Wojciech Waleczek est parvenu à partager avec son public la diversité et la splendeur de la musique européenne

Concert de musique classique dirigé par Wojciech Waleczek au Centre saoudien de la musique
Concert de musique classique dirigé par Wojciech Waleczek au Centre saoudien de la musique
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  • Cet évènement musical, dirigé par Wojciech Waleczek, pianiste polonais de renommée internationale.
  • « C’est la première fois que je viens en Arabie saoudite. Je n'y suis jamais allé ni en tant que musicien ni en tant que touriste(Fournie)

RIYAD : La Délégation de l'Union européenne en Arabie saoudite, en étroite collaboration avec les ambassades des pays de l'Union européenne et les instituts culturels a organisé dans le cadre des cérémonies du Mois de l’Europe, un concert de musique classique au Centre saoudien de la musique (Saudi Music Hub) le 14 mai à Riyad.

Cet évènement musical, dirigé par Wojciech Waleczek, pianiste polonais de renommée internationale. Wojciech Waleczek est professeur d'arts musicaux, c’est un artiste connu pour son approche sans compromis des arts du spectacle.

Né en 1980, il mène de nombreuses activités de concert depuis plus de vingt-cinq ans, donnant des récitals de piano, des concerts symphoniques et de chambre dans 27 pays européens, ainsi qu'au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Ouzbékistan. Il s’est également produit dans bien d’autres pays (Jordanie, Palestine, Algérie, Tunisie, Iran et Irak, Japon, Brésil, Argentine, Uruguay, Guyane, Suriname, Canada, États-Unis).

Le public a durant le concert effectué un voyage musical à travers des siècles de musique classique grâce à vingt-cinq chefs-d'œuvre de compositeurs européens emblématiques tels que Mozart, Dvořák, Bach, Liszt, Chopin et bien d'autres encore interprétés par Waleczek

Wojciech Waleczek a déclaré à Arab News en français : « J'ai essayé aujourd'hui de montrer la culture européenne, la variété et le mélange des cultures des nombreux pays de l'Union européenne. J'ai également essayé de montrer de nombreux styles de musique, du baroque au contemporain, en passant par l'afro-classique et le romantique. Comme je ne pouvais donc pas jouer morceaux longs, j’ai choisi de jouer des extraits de tous les pays européens. C'est pourquoi j'ai sélectionné quelques-unes des plus grandes œuvres. » 

En évoquant son court séjour à Riyad Waleczek a confié à Arab News : « C’est la première fois que je viens en Arabie saoudite. Je n'y suis jamais allé ni en tant que musicien ni en tant que touriste.  J'ai été aujourd’hui au musée national, j'ai pu découvrir l'histoire et la culture de l'Arabie saoudite. C'était très intéressant pour moi. Et c'est formidable qu'aujourd'hui, il soit possible de découvrir le pays et sa culture.    C’était très intéressant pour moi. Je pense qu'il est très important de rencontrer de nouvelles cultures et d'être ouvert à de nombreuses cultures. »

Des trésors classiques aux mélodies enchanteresses, Wojciech Waleczek, grâce à son talent est parvenu à partager avec son public la diversité et la splendeur de la musique européenne.


Jeux paralympiques de Paris: pour une athlète d'Irak, de l'or plein les yeux

L'athlète paralympique irakienne de tennis de table Najlah Imad s'entraîne dans les locaux du club Al-Mawaheb à Baqubah, le 26 février 2024 (Photo, AFP).
L'athlète paralympique irakienne de tennis de table Najlah Imad s'entraîne dans les locaux du club Al-Mawaheb à Baqubah, le 26 février 2024 (Photo, AFP).
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  • Elle avait trois ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans l'explosion d'un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire
  • Cette histoire familiale, elle la raconte d'un ton presque détaché, tant des expériences semblables ont accompagné les générations ayant grandi dans un Irak déchiré

BAQOUBA: Quand Najlah Imad s'initiait au tennis de table, son entourage en Irak pensait qu'avec son handicap elle s'épuiserait pour rien. Une décennie plus tard, la championne n'a rien perdu en ténacité: qualifiée pour les Jeux paralympiques de Paris, elle vise une médaille d'or.

"Ce sport a changé ma vie. J'y consacre tout mon temps", confie-t-elle à l'AFP, dans la cour d'un centre sportif délabré de sa bourgade de Baqouba, au nord-est de Bagdad, où l'athlète multimédaillée s'entraîne toujours,

Elle avait trois ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans l'explosion d'un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire. Cette histoire familiale, elle la raconte d'un ton presque détaché, tant des expériences semblables ont accompagné les générations ayant grandi dans un Irak déchiré par des décennies de guerre.

Petite brune de 19 ans, le visage encadré par des cheveux noirs sagement coupés au carré, Najlah Imad exhibe un sourire à toute épreuve, qui ne la quitte que quand elle empoigne sa raquette de ping-pong. Elle se concentre alors sur ses coups, ses sourcils se froncent et l'éclat de ses yeux rieurs durcit.

"En me lançant dans le sport, j'ai rencontré d'autres joueurs avec des handicaps, qui pratiquaient même s'il leur manquait un membre", poursuit-elle. "Ils avaient tellement d'énergie positive, ça m'a encouragée."

«Surprise»

Quand elle a dix ans, un entraîneur cherchant à monter une équipe paralympique se rend visite dans sa maison. Six mois d'entraînement, et Najlah Imad participe à son premier championnat, rassemblant toutes les provinces irakiennes. Elle gagne.

"J'étais la surprise de la compétition", se souvient-elle, d'une fierté candide.

A l'étage de la maison familiale, une étagère croule sous les trophées et médailles, glanés au fil de la trentaine de compétitions internationales auxquelles elle a participé.

Elle était à Tokyo en 2021 pour les JO paralympiques, avant de remporter en 2023 une médaille d'or en Chine au championnat paralympique d'Asie.

Généralement, elle s'entraîne quatre jours par semaine, dont deux à Bagdad, où elle se rend accompagnée de son père. Pour mieux préparer les rencontres internationales, elle s'envole vers l'étranger afin de profiter d'infrastructures sportives de pointe --au Qatar par exemple, où elle était en mars, en vue des Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre.

Etoile montante du sport, elle bénéficie de subventions mensuelles --modestes-- du comité paralympique irakien, outre la prise en charge de certains voyages pour les compétitions.

Malgré les succès, son quotidien reste lié à Baqouba et à son centre sportif. Dans une salle poussiéreuse aux vitres cassées, quatre tables de ping-pong mangent tout l'espace. Le cliquetis incessant des balles résonne tandis que s'affrontent huit joueurs, femmes et hommes, l'un d'eux en fauteuil roulant.

"Les tables sur lesquelles on s'entraîne, c'est de la seconde main. On a dû les réparer pour les utiliser", confie à l'AFP l'entraîneur Hossam al-Bayati.

Même cette salle sommaire menace de leur être retirée, assure celui qui a rejoint en 2016 les entraîneurs de l'équipe nationale de tennis de table paralympique.

Un discours qui ne surprend pas, dans un pays pourtant riche en pétrole, mais miné par la corruption et des politiques publiques défaillantes: les professionnels du sport déplorent régulièrement infrastructures et équipements déficients ainsi que des subventions insuffisantes.

«Défier le monde»

Sur son moignon droit, la sportive enfile un tissu noir avant de fixer sa prothèse, qui l'aide à s'appuyer sur sa béquille. De sa main gauche tenant sa raquette, elle lance la balle dans les airs, l'expédie par dessus le filet.

A ses débuts, la famille était réticente.

"C'est un sport impliquant du mouvement, moi il me manque trois membres, j'étais jeune", se souvient-elle. "Mes proches, la société, disaient +C'est pas possible, tu vas te fatiguer pour rien+".

Après sa première victoire son père Emad Lafta réalise qu'il faut la soutenir, tant elle était "passionnée".

"Elle a persévéré. Elle a surmonté un défi personnel, et elle a défié le monde", reconnaît M. Lafta, qui a sept enfants en tout.

Avec le ping-pong, "elle se sent mieux psychologiquement, le regard de la société a changé", se réjouit-il. "Les gens nous félicitent, dans la rue il y a des filles qui veulent se photographier avec elle".

Lycéenne, Najlah Imad rêve d'être présentatrice. "Même quand elle voyage elle prend ses livres pour réviser pendant son temps libre. Durant le trajet pour Bagdad, elle étudie".

A Paris, l'objectif c'est la médaille d'or, espère le sexagénaire. "Quand elle nous promet quelque chose, elle s'y tient".


Dernières arabesques à l'Opéra de Paris pour l'étoile Myriam Ould-Braham

La danseuse française Étoile du Ballet de l'Opéra de Paris Myriam Ould-Braham pose lors d'une séance photo à Paris le 6 mai 2024 (Photo, AFP).
La danseuse française Étoile du Ballet de l'Opéra de Paris Myriam Ould-Braham pose lors d'une séance photo à Paris le 6 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il faut voir comme elle paraît flotter, dans une diagonale de piétinés ou encore dans les portés avec son partenaire
  • Cette fille d'un couple franco-algérien, née à Alger, qui a les deux nationalités, a découvert la danse en Algérie

PARIS: Prendre sa retraite, c'est le bon moment pour la danseuse étoile Myriam Ould-Braham, qui, à 42 ans, fait samedi ses adieux à la scène de l'Opéra de Paris et dit avoir besoin de moins exposer son corps à la "souffrance".

Elle tire sa révérence lors d'une dernière représentation au Palais Garnier de "Giselle", ballet emblématique du répertoire classique romantique, qui la "faisait rêver petite" et dont "la magie et la beauté l'éblouissent" encore autant aujourd'hui, comme elle le raconte à l'AFP dans sa loge, la numéro "55".

Il faut voir comme elle paraît flotter, dans une diagonale de piétinés ou encore dans les portés avec son partenaire, l'étoile Paul Marque mercredi soir: bras et port de tête graciles, la ballerine, cheveux blonds ondulés et yeux clairs, est, dans son long tutu blanc, tout en délicatesse.

"Je suis très heureuse, très sereine. J'ai eu une merveilleuse carrière. J'ai dansé tous les grands rôles que j'avais envie de danser. J'ai pu partager beaucoup d'émotions avec beaucoup de partenaires", y compris des étoiles "du monde entier", résume-t-elle.

"Malgré la difficulté de notre art" - un "sacerdoce", un "don de soi permanent" -, "j'ai réussi à trouver énormément de bonheur", affirme la danseuse, analysant: "on rentre à 17 ans (dans la compagnie, NDLR), on repart à 42, il s'en passe des choses".

Nommée étoile à 30 ans, pour le rôle de Lise dans "La fille mal gardée", elle se remémore les ballets qu'elle a le plus aimés: la découverte du travail en duo dans "La Belle au bois dormant", le "Lac des cygnes", dont la partition "ne (lui) a jamais autant donné d'émotions", ou encore "Roméo et Juliette", à la chorégraphie "tellement dure" et pour lequel elle est allée "chercher loin dans ses tripes".

Elle évoque aussi le public, qui "nous porte", venant parfois de très loin - "Japon, Australie, Brésil, etc" - et cette première fois où elle a reçu cette "montagne de fleurs" après un rôle de soliste.

«Doute» et «célébration»

Cette fille d'un couple franco-algérien, née à Alger, qui a les deux nationalités, a découvert la danse en Algérie fortuitement avec un cours de sa sœur. Arrivée en France en 1986, elle suit brièvement le Conservatoire supérieur de Paris, puis intègre, à 14 ans, l'Ecole de danse de l'Opéra. "A ce moment-là, je ne savais absolument pas qu'on pouvait en faire un métier".

Myriam Ould-Braham ne raccroche cependant pas tout à fait ses pointes, puisque qu'elle a accepté pour l'année prochaine plusieurs propositions de galas - en Chine, à Hong Kong et au Japon - lors desquels elle dansera des "pas de deux".

Elle qui donne des cours dans un centre de sport pour enfants et des coachings privés auprès de danseurs depuis quatre ans confie aussi ressentir "plus de plaisir à enseigner, aujourd'hui, qu'à danser".

"Ma carrière, il ne fallait pas qu'elle se prolonge plus", confie-t-elle. Pendant 25 ans, elle a appris à "gérer" et "connaître" son corps mais elle a envie désormais "de moins être en souffrance".

Depuis des années, elle doit régulièrement faire "remettre en place" sa cheville par un kinésithérapeute, à la suite d'une rupture des ligaments.

"Mentalement aussi", la pause est bienvenue. "J'ai ma vie de famille, besoin de penser à moi" et de découvrir ce que la vie me réserve", ajoute l'artiste, mère de deux garçons âgés de 4 et 9 ans qu'elle a eus avec Mickaël Lafon, danseur dans la compagnie.

Dans la loge qu'elle occupe au Palais Garnier depuis sa nomination d'étoile, Myriam Ould-Braham a commencé à mettre de l'ordre, pour laisser place à la nouvelle génération. Un lieu qui a vu "des choses incroyables: des moments de doute, de peur, de bonheur et de célébration".