ALGER: La nomination d'un technocrate financier à la tête du gouvernement marque une nouvelle étape de la « normalisation » en cours en Algérie, centrée sur le redressement économique, après la crise politique née du soulèvement populaire du Hirak en 2019, selon les éditorialistes jeudi.
« Crise politique, remède économique », résume le quotidien El Watan, au lendemain de la nomination du ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, au poste de Premier ministre.
« Après la disparition du Hirak du paysage national dans sa forme de révolution de masse, et la tenue des élections législatives (...), le pays est-il entré dans une phase de normalisation politique et institutionnelle? », s'interroge le journal francophone.
Le Hirak est aujourd'hui affaibli, cible d'une répression systématique du pouvoir qui a interdit ses manifestations et pourchasse ses activistes.
La nomination de M. Benabderrahmane « traduit un choix et un recentrage des priorités du programme présidentiel qui s'inscrit dans une nouvelle étape post-crise institutionnelle, axée sur les priorités socio-économiques », estime El Watan.
Le nouveau Premier ministre est relativement peu connu, sans grande expérience politique. A 54 ans, il a fait toute sa carrière aux finances, aux impôts et à la banque centrale.
« Le choix du Premier ministre s'est finalement porté sur un homme au profil exclusivement financier (...) qui dirigera un gouvernement dont la mission prioritaire est de faire face aux multiples urgences économiques », constate le quotidien Liberté.
Le président Abdelmadjid Tebboune a jugé M. Benabderrahmane « qualifié » pour « mettre en œuvre le programme (...) qui permettra de réaliser le démarrage économique souhaité ».
Le nouveau promu occupait le fauteuil de grand argentier depuis juin 2020, après avoir été gouverneur de la Banque d'Algérie. Aux Finances, il a eu à faire face à une grave crise des liquidités et à la dépréciation du dinar.
Pour le quotidien arabophone Echourouk, en nommant « une personnalité technocrate, issue du monde des finances », le président Tebboune a « fixé ses priorités » après la révision de la Constitution, en 2020, et les législatives en 2021.
« Les urgences et les priorités sont claires et précises: remettre sur pied l'économie et le corps social, affectés par une pandémie qui a laissé le pays affaibli, clivé et divisé », souligne L'Expression, journal proche du pouvoir.
Dépendante de la rente pétrolière, l'économie algérienne est lourdement impactée par la baisse des prix des hydrocarbures et la pandémie de Covid-19.
Les autorités doivent aussi faire face à une multiplication des conflits sociaux, alimentés par un taux de chômage élevé (15%) et une paupérisation de larges franges de la société.
Le nouveau gouvernement sera « appelé à poursuivre la lutte contre les disparités sociales », prévient le quotidien gouvernemental El Moudjahid.